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La culture afro-française, une culture pour conquérir le monde

La culture afro-française, une culture pour conquérir le monde

Les cultures sont en perpétuelle collision produisant ainsi des constructions originales et inattendues qui contribuent à rajeunir et à redynamiser les cultures traditionnelles. Malgré le manque de reconnaissance qu’on leur oppose, les populations issues de l’immigration ont fait émerger une nouvelle culture en France. La culture afro-française qui par sa jeunesse et son dynamisme nous ouvre de nouveaux passages pour influencer le reste du monde.

De même qu’il existe une culture afro-américaine, il existe une culture afro-française. Il aura fallu de longues années pour qu’elle émerge et s’impose à ce jour comme la culture la plus influente et la plus dynamique dans le paysage hexagonal. Modes de vie, musique, art, vision du monde, l’influence de l’immigration a façonné les comportements et les rapports sociaux.

Nos concitoyens d’origines africaine et maghrébine  – malgré la violente hostilité qu’ils suscitent encore – sont en train d’offrir à la France un nouveau visage, une nouvelle énergie qui remet en cause des pratiques traditionnelles devenues bien souvent des freins à notre projection dans le monde moderne. Les seuls bastions qui résistent encore à ces transformations, sont les lieux du pouvoir, les institutions, les médias et les centres de décisions. Un refus extrêmement violent qui bloque irrémédiablement les nouveaux talents qui nous le savons depuis la nuit des temps s’avèrent nécessaire à la bonne santé d’un pays ou d’une civilisation.

Si nous voulons comprendre la révolution culturelle qui bouscule, voire enflamme notre pays, il faut se tourner vers l’Histoire. Tout comme la culture afro-américaine puise dans l’esclavage et l’importation massive d’Africains sur le sol américain au XVIIIe siècle, la culture afro-française s’origine dans la colonisation qui a suivi l’interdiction de l’esclavage et l’importation massive dans les années soixante de travailleurs africains pour faire tourner les outils de production pendant les Trente Glorieuses. Même si les dates et les mouvements de population diffèrent, nous pointons aujourd’hui en France une situation assez similaire à celle des États-Unis : des populations principalement d’origine africaine réclament leur place dans les nations qu’elles ont contribué à construire, mieux encore, qu’elles contribuent à rajeunir et à redynamiser et auxquelles on oppose un refus de reconnaissance. La case « indigène » dans laquelle nous les avions enfermés par la loi les populations colonisées est encore vivace et les ressentiments qui s’ensuivent ne le sont pas moins.

L’entrée en scène de la troisième religion du livre, l’Islam, restée jusqu’alors discrète dans le paysage hexagonal, provoque un mélange détonant où les civilisations s’entrecroisent, où des pans entiers de culture basculent et s’absorbent, où ceux qu’effraie ce métissage deviennent de dangereux  extrémistes. Nous vivons actuellement la construction anthropologique originale d’une société complexe à partir d’un cadre historique, à savoir la colonisation. Un « frottement » qui participe à l’invention de nouvelles langues que l’on retrouve par exemple dans la musique. C’est l’invention d’un quotidien qui doit composer avec l’absence, la perte d’un pays, d’une culture, d’un patrimoine. Un mouvement qui produit de l’inattendu, des « identités-rhizomes », comme les définissait Gilles Deleuze qui a contribué à la création d’Internet dans les années soixante-dix. Une « créolisation » de la société, pour reprendre les termes d’Édouard Glissant.

Les discours sur la décadence ou l’achèvement d’une société idéalisée sont inopérants face à ce monde en perpétuelle collision qui se/nous refaçonne en permanence. Il n’y a pas de fin pensable, déterminable, seulement des recombinaisons possibles qui agiteront constamment l’ordre du monde. La période actuelle est parcourue de ces lamentations tel le grand remplacement ou l’effondrement – un repli sur soi mortifère. La culture afro-française, bigarrée, faite d’emprunts et de rapiéçages, de bricolages, disait Claude Levi Strauss, est d’une grande puissance et devrait balayer toutes nos réticences. Nous nous devons de l’accueillir et la soutenir avec ferveur pour retrouver cette boussole et cet entrain pour passer à une autre étape de nos existences.

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