L’informatisation de la musique a modifié les modalités d’écoute. Les platines se raréfient, les lecteurs et les ordis débarquent. Comme tous les autres modes de consommation, le digging connaît ses révolutions avec l’avènement du CD puis du MP3. Petit retour en arrière, tout en anecdotes.
Internet à changer notre manière d’appréhender le monde, ainsi que notre manière de « consommer » la Musique. Avec l’arrivée du CD et du MP3, le digging change du tout au tout, fait sa révolution. Pour les diggeurs, il fallait fouiller inlassablement les bacs de vinyles pour ceux qui en avaient les moyens ou encore faire ses tapes homemade pour les moins riches d’entre nous. La toile et certaines technologies ont donc définitivement rebattu les cartes.
1ère révolution informatique
La 1ère révolution informatique que le digging connaît : le graveur ! Mais encore fallait-il avoir un ordinateur moderne pour en avoir un. La culture Hip-Hop nous a, cependant, appris à hustle. Même si certains d’entre nous n’en possédions pas, il y avait au moins un pote qui en avait un. Néanmoins, pour graver un CD il fallait du matériel : un CD original et des vierges. Sans moyen comment faire ? Parce ce qu’en vrai pourquoi se casser la tête à copier un CD si on avait les moyens de l’acheter !? Toujours la même histoire le manque d’oseille pousse à être créatif bon gré malgré.
Comment se procurer la musique
Certains, avaient des techniques bien rodées, trop bien rodées même. Emprunter les disques à la bibliothèque et les graver ensuite, par exemple. Merci le service public et les agents municipaux pour les pépites insoupçonnées ! Acheter un CD chez les disquaires mainstream, de les graver et les ramener en prétextant une histoire bidon type « en fait on me l’offert donc j’aimerai le changer s’il vous plait ? 🙂 ». Easy ensuite de copier plusieurs disques avec un investissement de base minimum.
Copie ou pas ces disques avaient la même valeur que des vrais au point qu’on pouvait se les offrir. Je me souviens encore des premiers disques gravés que j’ai reçus et que nous nous partagions entre frères et sœurs (113 Les Princes De La Ville et KLR du Saian Supa Crew). Je marchais sur l’eau. D’ailleurs, certains se donnaient beaucoup de mal pour constituer leur trésor. Entre le gravage et les achats à la sauvette aux entrées de bouches de métro, quelle époque !
2nd révolution informatique
Le téléchargement allié à la démocratisation du format MP3 ont opéré un véritable changement. Quelle révolution ! Durant les années 2000s le téléchargement illégal est venu mettre un sacré coup de boule à l’industrie culturelle dans son ensemble. Emule ou encore Limewire ont bouleversé le rapport que certains d’entre nous avions à la musique. Avoir accès à une base de données musicales quasi infinie avec comme seul frein : la puissance de la connexion ! Ceux qui se souviennent de l’ADSL savent qu’un téléchargement pouvait durer 8h. Le tout sans aucune garantie de qualité au bout du compte, voir se faire carrément avoir. En effet, ce n’était pas le morceau de ton artiste, la rage (mais big up au hustling effectué) !
Les supports d’écoute
Pour écouter nos morceaux chinés, posé(e)s tranquilles, le format CD était tout à fait approprié. Pour les balades en revanche, il fallait avoir quelques disques sur soi. Quid aussi de la compile maison avec ses sons soigneusement sélectionnés, téléchargés puis gravés (où Mobb Deep pouvait cohabiter aisément avec Sisqo pas quoi de honte à avoir). Le lecteur MP3 est venu bouleverser nos habitudes, car ce petit appareil disposait d’une capacité de stockage inversement proportionnelle à sa taille puisqu’il tenait dans la poche.Quel bonheur pour quelqu’un comme moi d’avoir ses 100 ou 200 morceaux en poche. Merci à la dématérialisation d’avoir ouvert de nouveaux champs des possibles !
Si l’enregistrement de la musique sur un support physique tel que le disque (d’abord vinyle, puis CD) fut la 1ère révolution musicale, la dématérialisation en est la 2nd. Elle a permis d’avoir un accès quasi illimité à la musique gratuitement d’abord. L’industrie musicale s’est adaptée tant bien que mal pour ne pas en mourir. Cependant le streaming viendra lui aussi imposer ses règles du jeu et chambouler le digging. Stay tuned !
Remerciement à JB pour le partage de certaines anecdotes qui ont permis d’étoffer cet article.