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Paye ta déf ! #2 : La race

Paye ta déf ! #2 : La race

Pour ce volet 2, c’est à la race que Paye ta déf ! s’attaque. Terme polémique s’il en est qu’il nous fallait aborder dans cette chronique où les mots et leur sens sont passés au crible.

Cet épisode 2 de Paye ta déf, est consacré à la race. Utilisé à tous va, il nous fallait donner une définition sérieuse à ce terme. La voici pour votre plus grand plaisir.

La race n’existe pas et pourtant elle tue. Aux États-Unis, les hommes noirs ont 2,5 plus de probabilités que les Blancs d’être tués par la police. Au Brésil, ce chiffre est de 2,8.

En France le déni racial rend impossible ce type d’information alors que les données produites par les collectifs de lutte contre les violences policières conduisent aux mêmes conclusions. Le racisme détruit des vies et c’est pour cela qu’il faut s’y intéresser.

Pessoas negras e pardas morreram 4,7 vezes mais do que brancas em ações da  polícia no RJ nos últimos 15 anos | Rio de Janeiro | G1
Source: Globo.com

La race est une construction sociale

La race n’est pas une couleur de peau. Elle est une construction sociale, c’est-à-dire que les sociétés fabriquent des races selon des différents critères dont la pigmentation de la peau. Mais celle-ci n’est pas la seule.

D’autres caractères phénotypiques (relatifs à l’apparence physique de quelqu’un·e) et culturels entrent en ligne de compte également dans la fabrication de la race. Ainsi, une femme blonde et claire de peau est racialisée à partir du moment où elle décide de porter le hijab.

Le nom, l’accent, la manière de s’habiller sont également des éléments de racialisation des personnes (c’est-à-dire de leur attribution d’une race).

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Source: Warner Bros.

Une variation selon le contexte

La race varie selon le contexte dans lequel est elle forgée. C’est ce qui explique qu’une même personne soit considérée comme blanche en Afrique ou en Amérique latine et qu’elle devienne racisée en Europe ou aux États-Unis.

A l’inverse, des personnes racisées d’Europe (des musulman·es par exemple), deviennent des Blanc·hes dans d’autres contextes géographiques. Car tout dépend de l’histoire coloniale du pays où l’on se trouve. En Bolivie, où la communauté musulmane est inexistante, la question raciale n’est pas. Les musulman·es seront donc souvent intégré·es au groupe des Blanc·hes.

La race implique tous les individus d’un groupe social, y compris les Blanc·hes dont la spécificité est qu’iels constituent le groupe dominant, dans toutes les sociétés racistes du monde, même si les caractères de la blanchité varient selon les lieux.

Et la blanchité dans tout ça ?

La blanchité est plus qu’une couleur de peau, elle est un espace de pouvoir qui procure aux personnes blanches des droits et des privilèges que les autres groupes racialisés n’ont pas. C’est là la caractéristique principale du racisme, faire en sorte que tout converge vers ce lieu du pouvoir : le travail, le logement, les salaires, les bénéfices sociaux et culturels, etc.

Privilèges : des sénateurs sous pression - Le Parisien
Source: Le Parisien.

La race est enfin de l’inégalité à l’état pur. Les races ne sont jamais égales entre elles. Globalement, ceci est l’héritage du classement racial établi par des biologistes au 19e siècle (« Blancs », « Asiatiques », « Indiens » et « Noirs » par ordre d’importance).

Pour autant, les contextes historiques jouent un rôle important dans la création de nouvelles races comme dans le cas des Juif·ves dans les années 1930-1940 ou les Musulman·es aujourd’hui.

Parler de racisme, c’est induire une hiérarchie

Les races sont donc toujours hiérarchisées et mises en concurrence entre elles, au bénéfice de la blanchité. Il en va de même pour les individus qui intègrent chaque groupe racial, même chez les Blanc·hes.

Tous les Blanc·hes ne sont pas superpuissant·es et il y en a des démuni·es. Toustes les Noir·es ne sont pas les mêmes en fonction de la noirceur de leur peau ou de leur capital économique ou culturel. Cependant, au même niveau économique et culturel, la race joue un rôle central de distinction social.

La race est par conséquent un phénomène qui échappe aux personnes. On ne choisit pas sa race, on la subit (et on peut se l’approprier et la performer aussi). Et elle doit toujours se comprendre dans l’imbrication avec d’autres systèmes de domination comme la classe et le genre. Voilà pourquoi nier son existence, relève du privilège.

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