Dix ans à chercher sur la planète quel est le…
Accenture, IBM, McKinsey, le BCG. Les cabinets de conseil internationaux envahissent la République malgré les questions d’éthique, de compétences, de droit que cette pratique soulève. Pourquoi ce recours massif aux services de McKinsey sous le présidence de M. Macron sinon a des fins idéologiques ?
L’entrée en scène des cabinets de conseil comme McKinsey au sein de l’Etat n’a rien d’anecdotique. Elle ne relève pas d’une énième affaire d’abus de confiance ni de favoritisme. Elle EST l’un des fondements du système néolibéral. Privatiser le seul et unique capital dont disposent ceux qui n’ont rien : l’Etat, la République et son système de répartition des richesses. Toutes les avancées démocratiques acquises de haute lutte depuis la révolution française et après la deuxième guerre mondiale continuent d’être détricotées sous la présidence Macron. Les richesses, ça ne se partage pas ! Un phénomène enclenché dans les années quatre-vingt qui ne vise rien de moins qu’une mise sous tutelle de l’Etat pour s’emparer de ses ressources. Le fondement même des principes démocratiques est remis en cause en instrumentalisant ces cabinets privés à des fins idéologiques.
Derrière cette façade lisse et pseudo humaniste, c’est la soumission de la population qui s’organise.
Monsieur Emmanuel Macron est un acteur majeur de ce hold-up perpétré sur les richesses de la France. Une « colonisation » qui ne dit pas son nom. Les méthodes de cette nouvelle classe de dirigeants relèvent d’une subtile manipulation. Sous la forme d’une modernisation « cool » de la société dans un esprit start-up et branché où l’on porte un sweat à capuche et une barbe de trois jours. Derrière cette façade lisse et pseudo humaniste, c’est la soumission de la population, la construction d’une prison à la Matrix qui s’organise. McKinsey est l’un de ces leviers/armes dont le néolibéralisme dispose pour imposer son idéologie.
L’objectif final est de faire passer le mépris pour de la maîtrise
Quel est le rôle et la finalité d’un cabinet comme MacKinsey ? Roger Fauroux, ancien patron de Saint-Gobain Gobain déclarait : « Avec un rapport de McKinsey ou du Boston Consulting Group, on se retrouve un peu dans la position de Moïse redescendant de la montagne avec les Tables de la Loi » Malgré l’inconsistance de la majorité de leurs propositions et les phrases creuses qui composent leurs rapports, ces cabinets bénéficient pourtant d’un label de sérieux. Pourquoi ? Leur taille, leur capacité financière et la puissance de leurs réseaux est la principale raison du sérieux qu’on leur prête. Ces cabinets présents dans la plupart des pays industrialisés pratiquent un benchmarking à grande échelle. Des études comparatives internationales qui impressionnent leurs interlocuteurs. Ils s’appuient sur des réformes appliquées dans le monde entier pour justifier leurs recommandations. Aucune vérifications est possible car leurs propositions sont trop techniques.
Une stratégie pour passer en force en s’affranchissant des principes moraux
Une stratégie qui permet ainsi aux acteurs politiques de passer en force en s’affranchissant de certains principes démocratiques et moraux. Une idéologie qui s’articule avec les réseaux d’influence extrêmement puissants comme l’institut Montaigne. Sans oublier les grandes écoles telles Polytechnique, l’ENA ou HEC, Sciences Po qui fournissent le gros de leurs troupes. Des « bien nés » qui viennent des mêmes milieux aisés et éduqués. Un entre-soi qui conduit à une forme de clonage et une déconnexion totale de la réalité.
Inscrire l’état dans une logique managériale
Ces cabinets sont de fait dépendant de leurs clients qui leur laissent le soin d’annoncer les mauvaises nouvelles ou de dire ce qu’eux-mêmes pensent tout bas. Ce qui se résume la plupart du temps à vendre l’idéologie qu’ils partagent avec leurs commanditaires ; réduction des coûts ; baisse des recrutements de fonctionnaires ; recours croissant à des contractuels comme McKinsey par exemple. La boucle est bouclée et la mission remplie : inscrire l’état dans une logique managériale, le moderniser en fonction des modèles provenant du secteur privé.
Priver les citoyens français de millions de recettes
McKinsey n’a payé aucun impôt sur les sociétés depuis dix ans, alors qu’il répond à des appels d’offres publics et réalise des millions de bénéfices sur le territoire français. Une optimisation fiscale qui permet au groupe américain de récupérer tous les bénéfices de sa filiale française. Il prive ainsi l’Etat et ses citoyens de dizaines de millions de recettes. Bercy ne verrait-il rien ?
Est-il raisonnable de faire confiance à une telle entreprise pour conduire des missions régaliennes ?
En février 2021, McKinsey est contraint de verser 573 millions de dollars pour solder des poursuites judiciaires lancées par des États américains. L’entreprise était accusée d’avoir contribué à la crise des opiacés par ses conseils aux groupes pharmaceutiques dont Purdue Pharma, le fabricant de l’OxyContin. Est-il raisonnable de faire confiance à une telle entreprise pour conduire des missions régaliennes comme la réforme de l’école ou la politique de vaccination ?
Comment transformer sa colère en espoir ?
C’est une bataille entre pot de fer et pot de terre, entre idéologie et démocratie, entre un principe autoritaire et simplificateur d’une efficacité redoutable, et une politique plus juste mais plus fragile, plus hésitante, plus humaine. D’un côté le rouleau compresseur néolibéral animé par une minorité sûre de sa supériorité. De l’autre la majorité des citoyens qui ne parvient pas à transformer sa colère en espoir pour stopper les injustices et les abus de pouvoir.
Au-delà des luttes de pouvoir, travailler ensemble dans une logique d’inclusion et d’intersection
C’est le sens de ce combat que la « question » McKinsey révèle. Comment briser cette dynamique « folle » où tout est permis, jusqu’à l’absurde ? Faut-il relier entre elles les forces démocratiques pour opposer une résistance ? Construire au-delà des luttes de pouvoir un fil solide pour donner de la force et de la cohérence aux communautés souvent déchirées qui bâtissent seules et isolées le monde de demain ? Actuellement le terrain est en jachère comme nous avons pu le constater lors de ces dernières élections.
Un choix moins confortable mais gage de liberté et d’universalisme
La dynamique de contre-pouvoir est en panne, terrassée, alors que les idées foisonnent. Peut-être qu’au-delà de ces différences nécessaires qui nous animent, c’est d’un apprentissage de l’inclusion dont nous avons besoin. Nous réunir pour stopper la machine infernale du néolibéralisme. Créer des intelligences collectives locales, nationales, internationales. La clé pour sortir de notre désarroi n’est-il pas ailleurs, au-delà des idées, des propositions, des convictions qui souvent nous opposent sur des détails. Développer une intelligence plus haute, celle de travailler ensemble dans une logique d’inclusion et d’intersection ? Un choix moins confortable mais gage de liberté et d’universalisme. L’apprentissage est rude.
Dix ans à chercher sur la planète quel est le meilleur endroit pour vivre et comment. Quelques dommages collatéraux et à trente ans un changement de cap qui m’a fait comprendre le dessous des cartes en termes d’économie et de politique. Passionnant. Un retour aux sources depuis dix ans qui ne me laisse plus le choix sinon de renverser la table . Maxime : « Ne jamais lâcher l’affaire. »