Pseudo de Jérémy Rubenstein, historien, chroniqueur et écrivain (pas forcément…
Le slogan « tous pourris » n’a jamais bénéficié qu’à l’extrême-droite la plus fasciste, alors même qu’elle est la première à baigner dans les magouilles et corruptions. Qu’ils ne soient pas tous pourris n’empêche pas de se poser quelques questions sur une Vème République singulièrement faisandée.
Dussopt les mains dans la confiture, déjà vu
Olivier Dussopt, le mister Retraites du gouvernement, se fait épingler par Médiapart pour une affaire de favoritisme. Alors on s’assoit, ouvre le paquet de pop-corn, fin prêt pour voir le ping-pong qui va suivre.
– Non, pas du tout, j’ai rien à voir avec tout ça, d’ailleurs je déteste le homard…
– Voici une nouvelle preuve qui dément ce que vous venez dire…
– Le gouvernement maintient toute sa confiance, blah-blah-blah
– Ce nouveau document établit, sous doute possible, votre mensonge
– Bon, c’est bon, ça va, on va pas chipoter pour un petit mensonge, mentir est un élément essentiel de mon métier
Le disque rayé de la corruption à la française
Hé, les gars, on a déjà vu cinquante fois le même film. Vous pourriez pas changer un peu le scénario? Genre, Médiapart t’a choppé, Dussopt, maintenant tu demande pardon et tu te casse. Ce serait tellement improbable comme réaction, cette banale honnêteté, que si ça se trouve tu commencerais une vraie carrière politique.
Enfin, avec ta tronche… Heu, non, on avait dit pas de délit de faciès. Mais, avec toi, on peut quand même faire une exception. Tu reste le type qui confond ministre du travail avec contremaître dans un champ de coton. T’as pas de face, donc ça devrait pas te déranger qu’on se foute de ta tronche congestionnée. Allez, prends un laxatif et lâche l’affaire.
Oui, oui, tous ces braves gens sont présumés innocents. D’ailleurs, il serait bon que cette présomption d’innocence bénéfice aussi au reste de la population. Parce que quand on se fait arrêter avec des lunettes de natation à l’orée d’une manifestation de Gilets Jaunes, c’est pas exactement cette présomption qu’affichent les gentils agents de police et leurs mignons tonfas.
A l’Élysée aussi, ça faisande lentement
Il n’y a pas que le congestionné du Travail qui est enquêté pour favoritisme. L’Élysée aussi est sous l’œil du juge Serge Tournaire, celui là même dont l’enquête avait mené à la condamnation de Sarkozy (affaire Bygmalion). C’est Marc Endeweld sur le site de Off Investigation qui le dit, pas exactement un bonimenteur du 20heure, un vrai journaliste pour un vrai site d’enquête (donc très précaire côté finance).
Donc à l’Élysée, ils sont présumés innocents. Même Alexis Kholer, main droite du président (secrétaire général de l’Élysée) et cousin de la famille Aponte, milliardaires à la tête de l’armateur MSC. Laquelle MSC a reçu la bagatelle de trois milliards de prêt garanti par l’État, entre autres dossiers suivis par Kholer. Le présumé innocent Kholer a le droit d’avoir des cousins dans le besoin.
Faut dire, à l’Élysée ne pas avoir de casseroles ce serait un peu comme ne pas avoir de mobilier. Elles font partie du décors. Avant le délinquant Sarkozy, il y avait le délinquant Chirac. Quant à Mitterrand et Giscard, sans l’impunité de la charge, entre diamants, ventes d’armes et écoutes illégales… C’est bien parce que la Constitution de la Vème République protège ces types qu’ils n’ont pas fait de l’Élysée une annexe de Fleury.
Europe, pas tous pourris mais…
Les députés européens présumés innocents d’avoir été achetés par le Qatar nous ont fait bien rire. Défendre l’esclavagisme au Parlement européen, pour quelques sacs de billets c’est jouable.

Marine Le Pen qui finance son parti avec l’argent du Parlement européen qu’elle dit détester… Voilà pour les députés.
Côté Commission européenne (Exécutif), c’est gratiné. Rien d’illégal, c’est pire. José Manuel Barroso a été président de la commission pendant dix ans jusqu’en novembre 2014. Un an et demi après, il entrait chez la banque d’investissement Goldman Sachs. C’est un peu comme si Macron refilait tous les secrets stratégiques du pays à une banque, ce serait une sorte de délit d’initiés. Mais, à la Commission, pas de problème.
Le successeur de Barroso à la tête de la Commission, Jean-Claude Juncker cumulait auparavant les postes de Premier ministre et ministre des Finance du Luxembourg, pendant près de 20 ans. Pendant ce temps, le Luxembourg est devenu un véritable trou noir par lequel s’échappent les évadés fiscaux de tout acabit. La « lutte » contre la fraude fiscale en Europe fait même rire Cahuzac. C’est simple, la justice condamne Christine Largarde pour une « négligence » (de 400 millions d’euros payés par les contribuables), elle peut donc être élue la tête de la Banque Centrale Européenne. Voilà. Faisandée.