Pseudo de Jérémy Rubenstein, historien, chroniqueur et écrivain (pas forcément…
Suite au dernier Conseil des ministres, Olivier Véran a fait une déclaration qui relève, de toute évidence, du délire. Et pour cause, cette réunion ministérielle était, en réalité, une séance de tests de produits pharmaceutiques, plus précisément de psychotropes en phase d’évaluation. HIYA! a eu accès à une partie des échanges entre scientifiques testant la nouvelle molécule aux effets psychédéliques. La docteur Hofmann y vient vérifier l’avancée des travaux de ses collègues. Dans ces documents imaginaires, les savants observent une réunion de leurs cobayes, c’est-à-dire le « Conseil des ministres ». Comme en témoigne ce dialogue, les scientifiques sont assez satisfaits de leur trouvaille qui pourrait bientôt être commercialisée s’il ne s’agissait pas d’une fiction.
Dans la salle des cobayes :
Président : Mesdames, messieurs, bonjour. Bienvenus à ce Conseil des ministres du 1er mars, je laisse le secrétaire vous lire l’ordre du jour.
Secrétaire : Les retraites…
Séparée par une vitre sans-teint, la salle des scientifiques :
Dr Leary : Les sujets semblent ne pas avoir conscience de l’expérience, ils réagissent en fonction du scénario dans lequel nous les avons introduit. Ils pensent agir en ministres devant régler un ordre du jour de gouvernement.
Dr Hofmann : On observe cependant chez le sujet E. Borne une certaine rigidité, qui pourrait indiquer un rejet du produit.
Dr Huxley : Non, nous lui avons déjà fait testé plusieurs autres produits, et elle agit toujours de la même façon. Il ne s’agit pas d’une réaction mais de sa manière d’être. Nos psychologues ont conclu à une personnalité psycho-rigide, il en va de même d’un autre sujet, le dénommé F. Riester. Nous avons, justement, décidé de les laisser au milieu des autres, afin de voir si genre de sujet est capable de réactions.
Hofmann : Ha, d’accord, intéressant. Et celui-là? Il semble avoir un problème de digestion, non? Il paraît très congestionné.
Huxley : Oui, O. Dussopt. Nous lui avons donné plusieurs laxatifs, de puissants traitements, mais rien n’y fait. Nous sommes assez inquiets, ça fait plusieurs semaines que nous l’observons, et pas le moindre changement, il garde tout.
Docteur Hofmann: Oh, le pauvre homme ! Et celui-là? Il a l’aire bien plus excité que les autres cobayes, pourquoi s’agite t-il ainsi?
Leary : C’est E. Macron, nous l’avons gardé par manque de cobayes mais il n’est pas très probant car trop bourré de divers autres produits. Mais, au moins, il nous permet d’observer certaines contre-indications. C’est un cocktail de drogues à lui tout seul. Là, il vient de recevoir un shoot d’un dérivé de cocaïne, ce qui explique l’exaltation et les divagations.
Hofmann : Mmmh, je vois.
Salle des cobayes :
E. Macron: Il y a une forme de pragmatisme économique et sociale à avoir. Il faut aller dans la cale chercher du fromage, du jambon. J’assume cet idéalisme.
O. Véran: Moi aussi, je suis à fond de cale avec toi, Manu. J’assume, j’assume.
Tous les autres: Oui, à fond avec toi, Manu. J’assume, j’assume.
Salle des scientifiques
Dr Hofmann : Mais qu’est ce qui leur arrive ?
Dr Leary : C’est rien, ne vous inquiétez pas. Ça fait partie du protocole de mise en condition. Ils ont appris à répéter des choses comme ça. Il s’agit d’une technique d’émulation qui permet au psychotrope d’agir un peu plus vite sur le sujet.
Salle des cobayes :
E. Borne : Bien, comme vous l’aurez tous remarqué, la presque totalité du pays est contre nous. Il faut donc lui expliquer qu’il a tort. J’attends des réponses créatives. Optimisez votre imagination. Il nous faut expliquer que la grève c’est mal, pourquoi les gens devraient travailler plus pour travailler plus, pour travailler plus, pour travailler plus…
Biiiiiip. Une alarme sonne. Un infirmier entre dans la salle des cobayes, fait une injection au sujet E. Borne. L’effet est presque immédiat et elle peut poursuivre:
E. Borne : Il convient de convaincre de travailler plus pour gagner moins, pour des salaires dévorés par l’inflation.

O. Véran : Moi, je suis certain que si tout ces gens font grèves, il va y avoir une invasion extraterrestre. Les extraterrestres n’attendent que ça pour nous envahir. Il faut absolument que les gens le sachent. Chaque train qui reste bloqué, c’est un vaisseau spatial qui atterrit.
E. Borne : Pas mal. Je ne suis pas certaine que ça convainque beaucoup, mais c’est une piste intéressante.
O. Véran : Comment ça intéressant ? C’est la vérité vraie. Et c’est très grave : les extraterrestres sont de gros lézards qui veulent faire de l’humanité une réserve de barbarque. Mettre la France à l’arrêt c’est finir tous suspendus à des crochets à viande dans des vaisseaux frigorifiques. Les Français devraient le savoir.

O. Dussopt : Oui, c’est grave. Et la montée du niveau de la mer, aussi. Il faut que les gens comprennent que la grève permet la montée des eaux. La grève est un terrain plat qui favorise la submersion marine. La France disparaitra sous la mer, c’est terrible.
Salle des scientifiques :
Dr Hofmann : Extraordinaire ! D’habitude, il faut des heures pour obtenir de tels résultats. Là, la montée est immédiate. C’est incroyable.
Dr Huxley : Oui, en effet. Nous avons été surpris par la vitesse de la montée.
Dr Hofmann : Par contre, d’habitude, il y a une certaine logique chez les sujets. Là, ça semble totalement décousu. Vous êtes parvenu à expliquer ce phénomène?
Dr Huxley : Pas totalement. Nous en somme qu’au stade de suppositions sur ce point. Nous pensons que le produit à un effet sur l’égocentrisme. Les sujets ont tendance à se refermer sur leur propre logiques et imaginaires, si bien qu’ils n’interagissent qu’assez peu. Mais nous observons quelques liens entre certains cobayes qui semblent partager les mêmes délires.
Salle des cobayes :
E. Borne : Très bien, très bien. Heu… Où en sommes nous avec la pluie de météorites provoquée par la grève?
O. Véran : J’ai étudié la question. Nous pouvons affirmer que toute vie sur Terre se terminera en cas de grève. Chaque seconde compte. Le gouvernement a demandé aux préfets de prendre dès à présent des mesures exceptionnelles.
E. Borne: Très bien, très bien. Et, heu… la question morale?
O. Véran : J’ai étudié la question. Mettre la France à l’arrêt, ce serait négliger la santé de nos enfants. Ils vont tous crever du cancer si les gens font grève. Et tuer tous nos enfants, c’est immorale. Parce que, après, les enfants ne pourront plus aller à l’école.
E. Borne : Très bien, très bien. Et, heu… quoi d’autre?
O. Véran : J’ai pensé aux transports aussi.
E. Borne : Ha bon ? Mais on m’avait dit que le classique « les voyageurs pris en otage par les affreux grévistes » ne fonctionnait plus.
E. Véran : En effet, mais j’ai trouvé mieux. Mettre la France à l’arrêt, c’est rater le train du futur. S’ils font grève, il n’y aura pas d’investissement dans le train. Et donc, ils mourront tous, asphyxiés par les transports polluants.
E. Borne : Ha ! Très bien, elle est bien bonne celle-là. Bravo ! Et, heu… les zombis ? Il n’y a rien sur les zombis ?
E. Véran : Les zombis ! Je n’avais pas pensé aux zombis… C’est horrible ! Nous avions tué tous les syndicats. S’ils vivent encore, c’est donc que ce sont des morts-vivants. Des zombis ! Il faut absolument avertir les Français ! La grève est un piège zombi. Mettre la France à l’arrêt c’est transformer notre pays en un pays de zombis. Il faut que j’aille tout de suite les informer, je vous laisse, j’organise immédiatement une conférence de presse.
Salle des scientifique :
Docteur Huxley : Voilà ! O. Véran est mon préféré. Il est formidable. À chaque fois, ça lui provoque un concentré de tous les délires du psychotrope. Délire paranoïaque, délire cognitif et crise d’anxiété. C’est le mieux. Si nous parvenions à obtenir autant d’effets sur les autres éléments, je pense que nous serions en mesure de révolutionner les psychotropes.