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Un triplé en Bronze à la valeur de l’Or

Un triplé en Bronze à la valeur de l’Or

Les trois médaillées de bronze entourée du staff de l'équipe de France

Les Françaises ont brillé lors des championnats du Monde féminin de boxe amateur élite organisés du 15 au 26 Mars à New Delhi ( Inde ). Une performance encourageante à trois mois des Jeux Européens, l’ultime épreuve pour arracher son billet pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Wassila El Khadiri, Amina Zidani et Fatia Benmessahel terminent cette compétition sur la troisième marche du podium mondial. Un triplé en bronze à la valeur de l’Or…

Les boxeuses tricolores entourées du staff national Stéphane Cottalorda, Humberto Horta Dominguez ( entraîneurs nationaux ) et Jason Pénin ( kinésithérapeute ).

Trois belles médailles de bronze, c’est le bilan français au terme de ces championnats du monde 2023. Au total, 26 combats effectués pour nos 9 Bleues avec 18 matchs gagnés soit une moyenne de 3 combats par boxeuse. « On était venus chercher de l’opposition, pouvoir enchaîner les matchs pour pouvoir engranger de l’expérience. Donc c’est très satisfaisant de ce côté là. » commente Stéphane Cottalorda, entraîneur national de la filière féminine

Au total, plus de 300 boxeuses réparties dans 12 catégories de poids. Onze pays ont boycotté cette compétition en protestation de la présence des Russes et Biélorusses dont des nations comme l’Angleterre, l’Irlande ou encore les États-Unis. Cette absence n’enlève rien à la valeur des médailles puisque la boxe féminine mondiale se développe d’années en années avec pour résultat un niveau relevé notamment en Asie et en Amérique du Sud : « Ce ne sont pas des médailles gagnées facilement. Les filles sont allées les chercher, elles ont enchaîné les matchs. Amina a battu une championne du Monde au 1er tour, une médaillée avec l’Indienne et en plus à domicile. Wassila a, quand à elle, gagné une fille médaillée aux JO. Ce ne sont pas des médailles au rabais parce que toute l’opposition asiatique était là. La domination dans les petites catégories est asiatique. Les meilleures boxeuses étaient là. » explique Stéphane. 

En effet, les boxeuses tricolores ont enchaîné les combats sur 10 jours de compétition. Arrivées 13 jours avant le début de l’épreuve, une bonne ambiance régnait au sein de l’équipe, ce qui a permis aux filles d’optimiser au maximum leur préparation. Notamment aussi grâce aux infrastructures indiennes mises à disposition et le cadre plus qu’appréciable. Toutes les conditions étaient alors réunies pour performer. 

Des oppositions face aux meilleures boxeuses mondiales

Wassila El Khadiri ( -50kg ), 27 ans, a ouvert le bal en s’imposant face à la Chinoise Chang Yuan en 1/32 de finale. Après avoir mis au monde une petite fille en Novembre 2021, la numéro 1 française des -50kg a réussi son retour à la compétition plus déterminée que jamais. « Je sens que j’ai franchi un cap. Avant chaque combat, je me pose ces deux questions : Pourquoi je suis là ? Pourquoi je fais ça ? » Une volonté sans faille qui lui a permis de venir à bout de la Japonaise, Namiki Tsunimi en 1/16 de finale. Puis de l’Arménienne, Grigoryan Anush en 1/8 avant de réduire à néant le rêve de médaille de la Marocaine Cheddar Rabbab en 1/4 de finale. « Chaque combat était tactique. Je n’ai pris aucune adversaire à la légère. D’ailleurs, elles étaient toutes bien classées au niveau mondial. J’ai su m’adapter à l’instant T. »

Rentrée en 1/32 de finale, Wassila a offert des combats engagés et a accumulé des victoires face à des boxeuses du top 5 mondial.

Une première participation pour Wassila

Il s’agissait là de la première participation de la sociétaire du BAM L’Héritage à un championnat du Monde si on ne compte pas les Juniors et son titre au championnat du Monde universitaire en 2018. « Cette compétition m’a permis de me rendre compte de mon potentiel. Il me reste encore du travail mais je m’approche de mon but petit à petit. Je suis déterminée et je compte bien me qualifier en Juin aux Jeux Européens si Dieu veut. » Un objectif tout à fait réalisable pour l’entraîneur national : « Wassila fait partie des chances de qualification pour la France. Depuis son retour en boxe amateur en style olympique, elle a enchaîné les matchs et les prestations solides. Elle a une détermination de tous les instants. Elle a une certaine matûrité dans sa boxe et dans sa vie. » 

Highlights des 5 combats de Wassila El Khadiri.

Un nouveau souffle pour Amina Zidani

Puis, Amina Zidani, ( -57kg ), 29 ans, était résolue à finir ces championnats sur une des marches du podium. « À la fin de ce championnat du Monde, ils vont connaître Amina Zidani » tel a été son mindset tout au long de la compétition. Dès son entrée en 1/16 de finale, la Française élimine son adversaire Russe, vice championne du Monde 2019, Liudmila Vorontsova ( 5-0 ). « Du point de vue  tactique, technique et vitesse, j’étais meilleure. C’était vraiment moi contre moi. Je boxais contre moi-même. Il fallait me libérer et prendre du plaisir. Je n’avais aucun doute sur le fait de gagner ce combat. »

Une fois cette victoire en poche, la sociétaire de la Don’t Panik Team a abordé le reste de la compétition en pleine confiance. Elle s’est alors imposée face à la Portoricaine Ashleyann Lozada, classée numéro 5 mondiale avec la manière : « C’était une contreuse comme moi mais j’y suis allée sereine et très confiante. » La sixtuple championne de France dominera ensuite l’Indienne à domicile, numéro 4 mondiale avant de s’incliner face à une des meilleures boxeuses du monde, Irma Testa. D’ailleurs sacrée championne du Monde au terme de la compétition.

Une belle place sur le podium pour Amina Zidani, déterminée à gravir les deux marches restantes lors des prochaines échéances.

La Française peut se vanter d’être la seule boxeuse à avoir gagné un round face à l’Italienne. « C’est le genre de boxeuse tu fais une erreur tu la paies tout de suite. Il fallait que je sois très concentrée et je l’étais. Au troisième round, j’ai voulu la déborder physiquement en mettant du rythme mais je me suis jetée. Et elle m’a mis beaucoup de pivots. J’ai mal géré mes émotions. J’ai perdu mon sang froid. »  Malgré la déception de s’arrêter aux portes de la finale, la satisfaction est quand même présente pour Amina qui a réussi à passer un cap à l’international. La championne n’a pas hésité à recourir à la préparation mentale avec l’excellent Aurélien Duarte

Highlights d’Amina Zidani de ses 4 combats.

« Aujourd’hui, j’ai davantage confiance en moi. J’ai trouvé mon style et au final c’est celui que j’avais quand j’ai débuté la boxe. Mais malheureusement quand je suis arrivée en équipe, on a voulu me rendre plus académique, changer ma boxe et ça m’a troublé. J’ai mis du temps à retrouver mon style mais j’y suis arrivée, le travail à payer. Que ce soit le travail technique avec les coachs et le travail de confiance sur moi même. Maintenant je reste focus sur les Jeux Européens en Juin ! » 

Stéphane Cottalorda confirme, lui aussi, ces propos : « Amina s’est libérée. Elle était marquée par ce qui s’était passé auparavant donc elle est arrivée sur la pointe des pieds. Mais déjà l’année dernière au tournoi des Balkans elle fait un bon match face à Irma Testa. On l’a moins enfermée dans un schéma d’avoir les mains hautes et d’être offensive. Elle avait déjà pris confiance en elle même si au championnat d’Europe elle perd. Elle perd quand même face à Walsh 3-2 qui est médaillée, c’est vraiment pas passé loin. Selon moi, le blocage était déjà dépassé. Et là il y a eu ce petit truc en plus, cette ambiance, cette confiance avec lesquelles elle a vraiment pu exploiter tout son potentiel. Toutes les conditions étaient réunies pour qu’elle puisse franchir ce palier. Je suis très content pour elle. Je pense qu’elle va pouvoir davantage exprimer tout son potentiel et tout son talent. »

Fatia Benmessahel, un mental de Viet-Cong

Enfin, Fatia Benmessahel ( -63,5kg ), 23 ans, a une fois de plus prouvé qu’elle avait sa place parmi les Bleues voire même parmi la crème mondiale. « Évidemment, j’avais beaucoup de choses à prouver. Après ma seconde place au tournoi de pré-sélection olympique, ma sélection pour les Mondes était plus qu’incertaine. Jusqu’à la veille, je n’étais pas sûre de partir mais je me suis battue. Je suis venue pour avoir ma place. Je savais que je n’aurais pas le droit à l’erreur. Il fallait que je leur montre qu’ils avaient raison de m’avoir fait confiance et surtout qu’il fallait miser sur moi pour Paris 2024. » Forte d’un titre national remporté en Décembre 2022 chez les -66kg, Fatia s’est inclinée, néanmoins, face à sa rivale Emilie Sonvico au tournoi de pré-sélection olympique. Une épreuve qui a déterminé les numéros 1 français de chaque catégorie qui tenteront la qualification olympique aux Jeux Européens. C’est donc en -63,5kg, catégorie non olympique que l’ingénieur industriel chez Atos a performé. 

Forte d’un titre de championne d’Europe en Junior, Fatia est une habituée des podiums internationaux.

Réputée pour son mental hors pair, l’élève de Nasser Lalaoui et Halim Chalabi a une nouvelle fois terminé sur le podium en remportant trois combats face à de bonnes boxeuses plus fournies musculairement parlant. Fatia est venue à bout à force de détermination de la Philippine Riza Pasuit en 1/16 de finale. De la Mongole Shinetsetseg Uranbileg en 1/8 et de la Mexicaine Guadalupe Solis en 1/4. Malheureusement, elle s’est inclinée face à celle qui sera sacrée championne du Monde 2023, la Chinoise Chengyu Yang en 1/2 finale.

Highlights de Fatia Benmessahel de ses 4 combats.

« Cette médaille de bronze est le fruit du travail de plusieurs années. La saison 2022 a été très compliqué mais je me suis relancée avec le titre de championne de France Élite et celui de championne du monde universitaire. J’ai pris confiance en moi et surtout je me suis amusée. C’est ce qui je pense à donner ce résultat et j’en suis très heureuse. »

Un fort vivier tricolore

Fatia est une boxeuse solide qui à force de travail, réussit à progresser chaque jour un peu plus. « Elle fait partie des boxeuses sur qui on compte aussi. Du coup, on a pu lui faire participer au championnat du Monde en 63,5kg. Comme c’est le cas pour Rim Bennama en -48kg et Romane Moulai en -52kg qui évoluent normalement en -50kg. L’idée est d’avoir un groupe et de continuer de travailler. La boxe ne s’arrête pas en 2024. Les filles sont performantes et jeunes. Et on se prépare aux éventualités et ce qui va se passer après les Jeux Européens. » confie Stéphane avant d’ajouter « Donc on travaille avec un vivier de boxeuses dont Fatia fait partie et on est ravis qu’elle ait pu avoir cette belle médaille sur cette compétition. »

Une médaille de bronze pour la boxeuse qui avait tant à prouver.

La championne d’Europe Junior et médaillée de Bronze aux Europes U22 reste déterminée à atteindre son ultime objectif : « Mon état d’esprit n’a pas changé. Je suis toujours focus sur Paris 2024. Évidemment, je me sens mieux. J’ai davantage confiance en moi de part ce résultat et mes progrès techniques constatés sur les dernières compétitions. Çe me motive encore plus à me remettre au travail et aller décrocher encore plus de médailles pour atteindre l’objectif final la médaille d’Or à Paris en 2024. La course pour Paris 2024 ne fait que commencer. J’y crois et c’est le plus important. »

En route vers les Jeux Européens

En définitive, ce résultat donne un nouvel élan à cette jeune équipe féminine. Au revoir les désillusions comme celle connue en 2018 lors des championnats du Monde en Inde également où les 5 Françaises sélectionnées étaient sorties au 1er tour. Ou encore l’échec pour les qualifications des Jeux de Tokyo où seule Maiva Hamadouche avait réussi à obtenir le sésame.

Loin de se reposer sur ses lauriers, l’équipe de France féminine s’apprête déjà à enchaîner les stages et les tournois de préparation pour les Jeux Européens prévus à la fin du mois de Juin. À commencer par un stage à Nancy entre Françaises dès le 15 avril. Puis les Italiennes et les Coréennes seront de la partie avant de partir en tournoi en République tchèque. C’est potentiellement la dernière ligne droite pour nos tricolores avant d’espérer pouvoir briller lors des olympiades à domicile. Une vie de sacrifices, une vie de baroudeuses mais avec en ligne de mire un titre olympique qui peut définitivement changer une vie… 

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