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Le Mozart de la Finance dans un Opéra à deux balles

Le Mozart de la Finance dans un Opéra à deux balles

La Macronie se targue de deux habiletés : la finance et la communication. Mais la détestation populaire qu’elle suscite finit par inquiéter la finance. Et sa com’ est aussi convaincante qu’un conseiller Mckinsey devant une commission sénatoriale.

A la fin du biopic de Mozart, Amadeus de Milos Forman (1984), le narrateur et rival du prodige, Antonio Salieri, génialement interprété par F. Murray Abraham se fait le porte-parole, le champion, des médiocres. Il a côtoyé le génie mais il ne fut lui-même qu’un compositeur de seconde zone. D’où sa haine.

Il y a une petite dizaine d’années, les commentateurs politiques ont érigé Emmanuel Macron en « Mozart de la Finance ». Déjà, à l’époque, s’ils n’étaient pas si conformistes et aveugles, ils auraient compris qu’ils étaient tombé sur Salieri. Le médiocre.

Un médiocre, à l’instar de Salieri, toujours bien vu par la cour. Un obséquieux, dont l’habileté principale est la courbette. Macron a été un bon courtisan et un excellent intrigant. Entrer dans la cour du roi-Hollande, lui baiser les pieds, puis lui voler son sceptre. On comprend que Macron se méfie autant de sa cour. La paranoïa est le destin naturel des fourbes.

Le 49.3, une décision financière qui affole la finance

Le jeudi 16 mars au matin, nombre de ministres et députés macronistes n’étaient pas convaincus par la pertinence d’utiliser l’incendiaire 49.3. Macron a alors brandi son argument de référence, le plus important à ses yeux : la Finance (avec une majuscule comme Jupiter). « Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands. » a dit le Mozart de la Finance.

Il faut donc bafouer, une fois de plus, le Parlement, ainsi que le peuple mobilisé, tous les syndicats et la majorité des sondages. Car tous ceux-là n’y comprennent rien à la Finance. Seul Mozart est capable de saisir la complexité de la Finance. Pauvre population qui n’y connait goutte à cette lumière qui mène le monde. Lui, oui. Mozart dirige l’orchestre.

Manque de bol, notre Salieri s’est encore planté. Ce n’est pas les quelques milliards soit-disant économisés sur les retraites des millions de travailleurs qui intéressaient la finance. Celle-ci, en revanche, s’inquiète franchement de voir le peuple dans toutes les rues du pays réclamer justice. La finance déteste la justice, surtout si elle n’émane pas d’un système judiciaire qu’elle peut corrompre. La finance déteste les peuples. Et Macron a réveillé un peuple qui déteste la finance. Macron est donc sinon abruti, au moins maladroit, du point de vue de la finance.

Réponse de la finance à son Mozart de pacotille

La grande journaliste du monde économique Martine Orange (de Médiapart) a recensé comment la presse financière anglo-saxonne considère le Macron cuvée 2023. Elle l’étrille. Le french petit banquier ne convainc plus du tout les vrais financiers. C’est triste, si ça se trouve Macron ne pourra pas postuler chez Blackrock. Le plus grand gestionnaire d’actifs au monde n’engage pas des incompétents. Espérons pour le président que la Société Générale recrute, elle est moins regardante.

Les millions du RSA plutôt que les milliards de la fraude fiscale

Nos petits génies des comptes publics (au nom desquels il faudrait toujours restreindre tous les services) accroissent la chasse aux bénéficiaires des minimas sociaux. Maintenant, ils annoncent vouloir fouiller les registres des compagnies aériennes, pour s’assurer que pas un RSA ne soit touché hors du territoire français. Voilà une belle mesure qui devrait rapporter, dans le meilleur des cas, quelques millions d’euros. Fliquer des millions de voyageurs, avec des mesures qui avaient été prise pour lutter contre le terrorisme, afin de trouver quelques fraudes de 500 euros, qui rapporteront peanuts à l’Etat.

Site « Mes allocations »

En revanche, sur la fraude fiscale, qui brasse des milliards de pertes sèches pour l’Etat, là nos petits génies sont aux abonnés absents. Pour se donner une idée, maintenant que le Parquet financier a daigné faire son boulot (les alertes documentées remontent tout de même à 2018), l’estimation est entre un milliard et cinq milliard perdus par an. Seulement pour la fraude dite « Cumcum » (voir vidéo de Blast) Avec cet argent, ce n’est plus des RSA mais un salaire universel pour tout le monde que l’Etat pourrait financer.

Les baltringues de la com’, la Macronie en panique

L’autre constipé de la Retraite (pardon, on dit « ministre du Travail ») fait son coming out. Genre, comme si l’orientation sexuelle de ce type intéressait quiconque venant de se faire voler deux ans de vie libre. En plus, attendre d’atteindre le podium des deux trois personnes les plus détestées du pays pour faire son coming out, franchement c’est pas un cadeau à la communauté gay. D’ailleurs, c’est probablement ce que ce type voulait : provoquer des expressions homophobes, afin de dire que les opposants à leur braquage de la retraite sont de gros beaufs limite invasion du Capitole. On a déjà vu ce genre d’opération à trois bandes dégoutante durant les Gilets Jaunes.

Après, c’est au tour du Salieri de la Finance de faire son disruptif à deux balles. Interview dans Pif Gadget. Le magazine historique des enfants de communistes… Quand c’est nawak, c’est nawak.

Puis, comme décidément on ne sait plus quoi faire pour capter l’attention, voilà l’inénarrable Schiappa qui fait la Une de Playboy. On croyait la revue disparue depuis des dizaines d’années, peut-être quand l’épouse (ou l’ex-, je n’ai jamais bien compris) Le Pen y montrait ses fesses. Il faut dire que Schiappa avait une casserole au cul à faire oublier. (Entre les fesses de madame Le Pen et les casseroles au cul de madame Schiappa, il s’agit bien de pornographie politique). On rappelle, au passage, que c’est une ministre en fonction, c’est-à-dire un salaire plutôt bien payé, qui parvient à publier plus d’un livre par an. Si les vrais gens de lettres pouvaient toucher de telles bourses pour écrire de vrais livres. La vérité c’est que les auteurs sont de plus en plus pauvres, et plus encore les autrices. Ils/elles n’avaient qu’à être ministres pour écrire des livres.

Multiples diversions pour faire oublier l’illégitimité

Entendons nous bien, toutes ces diversions ont un seul but: déplacer le sujet de la « réforme » des retraites et son imposition autoritaire. Que ce soit par les violences policières, les unes dans Têtu, Playboy ou Pif Gadget, ou encore les déclarations maccarthistes hallucinés de Darmanin, il s’agit toujours de contre-feux.

Le feu central reste la parfaite illégitimité du gouvernement à prendre des décisions. Rappelons que Macron a été réélu il y a moins d’un an pour battre Le Pen, comme cinq ans auparavant. Autrement dit, le seul mandat clair que lui donne la majorité de l’électorat est celui de réduire l’extrême-droite. Pour le reste, il représente 27,85% des votes exprimés.

Est-ce que l’extrême-droite est moins puissante aujourd’hui qu’il y a un an? Quand le ministre de l’Intérieur se fait le porte-parole d’Alliance, la question est vite répondue.

Aussi effrayante soit la fuite en avant de la Com’ de la Macronie, elle n’exprime que sa panique. Elle dit n’importe quoi n’importe où.

Terrorisme et terrorisme intellectuel

Le ministre de l’Intérieur a invoqué le « terrorisme intellectuel » de la gauche. Il se réfère probablement aux arguments venus de différents courants de la gauche et des écologistes, ainsi que de nombreux scientifiques, expliquant qu’une police agissant en système démocratique n’est pas sensés interdire la liberté de s’exprimer à coups de matraque. Rappelons que le terrorisme, quant à lui, se réfère à une action violente à même de frapper les esprits afin d’influer des décisions politiques. Soit, exactement, ce qu’il a ordonné -et mis en scène- à Sainte-Soline.

Les piliers en carton-pâte de la macronie s’écroulent

Les deux piliers de la Macronie, la finance et la com’, sont HS. Et ce n’est pas demain la veille que le « Mozart » sera capable de nous faire un Opéra à quat’sous, seulement un brouhaha à deux balles. Entre le génie de Brecht et la platitude du président, la distance est incommensurable.

Et, face à toute cette infamie, un seul mot :

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