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Danse & Débat #9: Appropriation par les institutions

Danse & Débat #9: Appropriation par les institutions

La culture hip-hop est arrivée en France au début des années 80. La danse hip-hop, étant une discipline très jeune, n’a pas encore atteint sa maturité lorsque les institutions ont commencé à s’y intéresser.

La Rencontre: danse hip-hop et danse contemporaine

À la fin des années 80, certaines structures ont commencé à s’intéresser à la danse hip-hop et à la présenter aux côtés de la danse contemporaine. Toutefois, certains chorégraphes contemporains, tels que Pierre Doussaint, ont considéré que la danse hip-hop n’était pas adaptée à la scène. Ils ont donc proposé de former des danseurs hip-hop pour mieux les préparer à ce contexte.

Certains estiment que la danse hip-hop a été influencée par la danse contemporaine et qu’elle a trouvé sa place sur les scènes de théâtre. Des danseurs hip-hop français ont même souhaité créer des spectacles pour exprimer leurs idées et réflexions, au même titre que les créations contemporaines.

Certains chorégraphes contemporains ont été critiqués pour avoir exploité les danseurs hip-hop à des fins opportunistes, les utilisant pour quelques spectacles avant de les abandonner.Cette consommation de la danse hip-hop a été perçue comme une tentative de retrouver une seconde jeunesse, au détriment de l’art et de l’intégrité des danseurs hip-hop.

La fin d’une précarité

Pour de nombreux danseurs hip-hop en France, le fait de travailler pour une compagnie de danse contemporaine leur a permis de sortir de la précarité. Cette amélioration est largement due à la reconnaissance institutionnelle et financière que ces compagnies apportent.

Les compagnies de danse contemporaine ont souvent accès à des financements publics importants. Ils peuvent proposer des contrats de travail stables avec des salaires réguliers. Ces contrats offrent une sécurité financière et une certaine stabilité aux danseurs hip-hop.

En travaillant avec des compagnies de danse contemporaine, les danseurs hip-hop ont également l’occasion d’explorer de nouvelles techniques et de travailler avec des chorégraphes de renom. Ils peuvent ainsi enrichir leur pratique de la danse et acquérir de nouvelles compétences qui peuvent les aider dans leur carrière future.

Hip-hop/contemporain… Un Oxymore !

En danse contemporaine, les danseurs ont pris la liberté de s’affranchir de la musique. Ils voulaient donner à la danse une autonomie propre, la reconnaissant en tant qu’art à part entière. En revanche, pour les danseurs hip-hop, la relation avec la musique est essentielle. Elle est la source de la danse et l’écriture chorégraphique en dépend grandement.

José Bertogal, chorégraphe, estime que les danseurs hip-hop ont été exposés trop tôt à la danse contemporaine. En tant que culture émergente, ils ont été sollicités trop précocement par les chorégraphes contemporains. Bien que le mélange soit intéressant, il a été effectué trop tôt.

Il existe donc chez les danseurs hip-hop une volonté de créée une écriture chorégraphique hip-hop. Comme celle présentée dans le spectacle « Jam On The Groove » avec GhettOriginal.

La danse hip-hop dénaturée ?

Bruno Marignan, danseur de hip-hop et de house, estime que la danse hip-hop possède une richesse autonome. De nombreux chorégraphes sous-estiment souvent cette richesse. Les danseurs de hip-hop sont souvent considérés comme faisant partie d’une sous-culture lorsqu’ils sont exposés à la danse contemporaine et aux institutions. Il est nécessaire d’encadrer ces danseurs dans tous les aspects de leur danse, tels que l’utilisation de l’espace. Bruno voit cela comme un processus de standardisation qui impose aux danseurs de hip-hop de se conformer à un modèle s’ils veulent accéder à la scène. Cela est tragique pour lui car il a vu de nombreux spectacles contemporains et classiques qui se ressemblent souvent. Il pense donc que les mêmes normes devraient s’appliquer à toutes les danses académiques.

Bien que Bruno ne soit pas fermé à la mise en scène et au théâtre, il est convaincu que cela peut parfois nuire à la danse elle-même. Parfois, cela devient trop « intellectuel » et il se demande où est la danse. Pour lui, l’essence du hip-hop est que le public doit en prendre plein les yeux !

En somme, selon Bruno, les danseurs de hip-hop doivent faire face à un choix crucial :

  • se plier à un modèle imposé pour gagner de l’argent, au risque de perdre l’essence de leur pratique,
  • ou refuser cette standardisation et créer leur propre voie.
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