Pseudo de Jérémy Rubenstein, historien, chroniqueur et écrivain (pas forcément…
En détruisant tous les corps intermédiaires et déligitimant tous ses interlocuteurs, Macron a mené son projet de renaissance monarchique. Le voilà donc seul avec son ego et la vacuité de sa pensée politique, en Foutriquet soliloque.
Si Versailles m’était conté
A chaque fois que Macron souhaite mettre les petits plats dans les grands, c’est Versailles qu’il choisit. Ainsi de cet énième bouffonnerie macronesque, « Choose France » (il y a quand même des crétins patentés payés – et bien payés- pour trouver des expressions aussi nazes qui feraient honte à n’importe quel algorithme d’intelligence artificielle).

Ce goût pour Versailles n’est pas anodin. Rappelons quand même que « Choose France » s’inscrit dans la rêve d’une « start-up Nation ». Rêve d’encéphalogramme plat certes, mais rêve de tech futuriste tout de même. Alors la pompe versaillaise, qui évoque irrémédiablement des aristos en collant d’un autre temps, provoque une dissonance cognitive. On ne peut pas être à la fois ancrés dans les coutumes du XVIIIème siècle et regarder le XXIIème. Bal à la cour et hight-tech ne font pas bon ménage. On voit immédiatement que la rave gigantesque, Teknival -interdite par la même Macronie-, est bien plus porteuse d’un futur tech que les engoncés versaillais.

Le roi dans son palais
Il y a néanmoins une certaine logique à voir notre petit marquis s’extasier à Versailles. Celle du roi bien sûr, et on ne se lassera jamais de citer la phrase qui révèle crument le régime auquel Macron aspire:
La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le Roi n’est plus la !
Emmanuel Macron, Hebdo le 1, 8 juillet 2015.
Foutriquet plutôt que roi de droit divin
Logique monarchique donc qui trouve à Versailles le lieu de son expression naturelle. Mais Versailles est aussi le lieu des… Versaillais. C’est-à-dire des assassins de la Commune. Or Macron est moins un roi de droit divin (ça c’est ce qu’il croit) qu’un Foutriquet à la tête de Versaillais.
Foutriquet est le nom que le gouaille populaire a donné à Adolphe Thiers (1797-1877)

La bourgeoisie et l’aristocratie rassemblées derrière Thiers, tous ensemble réfugiés à Versailles. Voilà qui parle de notre actualité. A la fois capitulard face aux dominants (Thiers avec les troupes prussiennes, Macron avec les capitaux d’où qu’ils viennent) et ultra-violents face au peuple.
La haine de la démocratie: de la Commune jusqu’aux Gilets Jaunes
Le peuple de la Commune a donné à voir ce qu’est une démocratie véritable. Les Versaillais ont noyé cette expérience dans un bain de sang. Le peuple des Gilets Jaunes a tâché de faire revivre l’idée démocratique, les Versaillais du « Grand Débat National » ont noyé cette expérience dans la propagande et la violence policière et judiciaire.
Le foutriquet soliloque dans la nasse de son ego
La seule constance de la politique de Macron est la destruction de tous les corps intermédiaires qui faisaient vivre, en bien et en mal, la Vème République. Destruction des grands corps d’État, retrait du pouvoir des collectivités locales, perte du prestige du Conseil constitutionnel… Pour lui, l’Assemblée doit être godillot ou passer outre (par des arguties constitutionnelles qui ont terminé avec le moindre crédit pour cette Constitution). Il n’est pas même son gouvernement qu’il discrédite régulièrement. Autrement dit, tout ce qui est considéré comme un frein au pouvoir présidentiel est systématiquement éliminé.
Macron est ainsi parvenu à concentrer tous les pouvoirs. Les décisions émanent de lui et ses quelques conseillers, c’est tout. Or, la vacuité de sa philosophie politique (qui commence et termine sur quelques chiffres financiers dont il est un piètre comptable) n’est compensé que par la boursouflure de son ego.
La mise en scène de son ego est ainsi devenu un spectacle navrant qu’il impose à chaque crise de régime. On se souvient de ses interminables monologues du « Grand Débat National », rebelote maintenant qu’il tâche de recouvrir de mots vides de substance notre opposition ferme à sa « réforme » des retraites.
Le Foutriquet soliloque s’est ainsi enfermé dans la nasse de son ego.