Dans notre petite série de portraits des seconds couteaux de la Macronie élargie, aujourd’hui nous nous intéressons à un archétype. Il s’appelle Robin Rivaton et promeut la « smart-city », il pourrait s’appeler Tonriva et promouvoir la trottinette, ce serait du pareil au même. Portrait d’un clone remplaçable.
Membre du conseil scientifique de la Fondapol, consultant chez Boston Consulting Group (il a dû rater son pitch chez McKinsey), chroniqueur chez L’Opinion, Etc. Etc. On pourrait multiplier les casquettes à placer sur la tête de Robin Rivaton. Et on pourrait lui-même le changer par un autre. Personne ne s’en rendrait compte tant ils se ressemblent tous, disent tous la même chose, de la même manière. La même vacuité enrobée de termes pompeux anglicisés.
Science Po, évidement. École de Commerce (ESCP), évidemment. Voilà notre tête bien formée pour dire des âneries à longueur de journée. Une fois que vous avez ces prérequis, ces écoles qui apprennent à parler de tout et n’importe quoi, surtout de n’importe quoi, il vous faut un créneau. Un sujet qui vous permette de vous distinguer de vos petits camarades tous formés à dire tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi.
La ville intelligente est-elle une idée sotte ?
Robin Rivaton a choisi la « smart city ». Ses profs de Science Po et l’ESCP peuvent mettre une bonne note à Rivaton. En effet, « smart city » comme créneau porteur au milieu des années 2010 c’est assez innovant. Il s’agit d’un sujet encore peu déblatéré en France. Autrement dit, Rivaton lit la presse anglo-saxonne qui a déjà usé le sujet jusqu’à la corde. Ses profs peuvent être fiers de lui.

Rivaton va donc dire des choses « intelligentes » sur la ville « intelligente ». C’est-à-dire qu’il va débiter des phrases toutes faites quelques années avant que ChatGpt puisse le faire à sa place. De l’eau tiède sur le fond, avec quelques phrases chocs qui puissent attirer l’oreille de journalistes fatigués sur la forme. Et être ainsi invité à des émissions et à signer des tribunes sur la « smart city ». Puis, être invité par le Sénat en tant qu’expert en robotique.
En France, si vous voulez être reconnu comme expert, surtout ne soyez pas ingénieur. N’étudiez pas la technique mais le discours sur la technique. Apprenez à dire n’importe quoi, dans le langage de vos auditeurs (en l’occurrence les sénateurs). Si vous avez le malheur de parler réellement de technique, vos interlocuteurs ne comprendront pas. Vous ne serez donc pas reconnu comme « expert ». Bref, soyez crétin, surtout s’il vous faut parler d’un concept aussi fumeux que la ville « intelligente » qui recouvre tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi.
L’armée des clones du libéralisme
Si la désindustrialisation de la France est un fait, il n’en reste pas moins que ses usines à gommeux fonctionnent à plein régime. Tous sortis de fabriques à rhéteurs qui forment des hâbleurs. On se surprend souvent que ces hauts-fonctionnaires et conseillers en machin-chose (en rien) croient pouvoir appliquer un modèle partout pareil alors que le monde est si divers. Mais eux sont pareils et remplaçables, c’est pourquoi ils croient que les autres le sommes.
Le parler péremptoire et l’ineptie du propos permettent d’évoluer dans les hautes sphères de l’administration, de la finance et de la politique. Il y a fort à parier que nous entendions donc parler de Robin Riveton. Ou d’un autre, sans que nous puissions le distinguer.