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Les Quinquistes Au Service De L’extrême-droite

Les Quinquistes Au Service De L’extrême-droite

Les fondamentalistes sont des gens attachés plus à la lettre qu’à l’esprit des textes. Dans ce sens, le gouvernement, qui invoque sans cesse la Constitution pour aller contre l’esprit des lois, est fondamentaliste. Il offre ainsi tous les outils à l’extrême-droite pour instaurer une dictature.

En latin, cinq se dit quinque. Le substantif isme se réfère à un dogme, appliqué à la lettre par ses fondamentalistes. Ainsi, je propose d’appeler les fondamentalistes de la Cinquième République les Quinquistes. Ceux-ci se caractérisent par un attachement à la lettre de la Constitution, sans aucune considération pour son esprit. A l’instar d’autres fondamentalistes, par exemple musulmans, qui passent leurs vies à distinguer ce qui serait ḥarām (حَرَام) de ce qui serait ḥalāl (حلال), les quinquistes citent des articles -souvent obscurs et méconnus- de loi qui les autorisent à aller contre l’esprit des lois.

Les fondamentalistes de la Vème

Les quinquistes passent leur temps à jeter l’anathème sur les autres en invoquant leur dogme. Comme les fondamentalistes religieux, ils excommunient toute personne qui aurait une interprétation divergente du texte ou invoquerait l’esprit du texte.

Voici la Papesse du Quinquisme excommuniant les mauvais pèlerins.

Il est à noter qu’elle ne parle pas à des incroyants, des infidèles ou des hérétiques. Elle parle à des députés, soit des personnes élues dans le cadre du texte qu’elle invoque. Autrement dit, quand bien même ces élus en critiqueraient certains articles ou les interpréteraient différemment, ces personnes font vivre la Vème par leur élection et leur présence dans le Parlement. Un incroyant dirait, par exemple, qu’il n’y a aucun intérêt à légitimer cette farce par sa présence.

Si la France Insoumise dit vouloir changer de constitution, elle souhaite
le faire dans le cadre de la légalité constitutionnelle de la Vème. D’ailleurs, au vue de l’attachement à leur chef, on peut douter que ce parti soit un véritable ennemi de la Vème qui glorifie l’homme providentiel. Mais c’est une autre question.

Les Quinquistes balisent le terrain du Rassemblent National

Les héritiers de Pétain et des tortionnaires de la guerre d’Algérie sont redevables à Hollande et Macron. Le jour où Le Pen entrera dans l’Élysée, elle pourra exercer sa tyrannie dans une parfaite continuité de ses prédécesseurs. S’il lui vient à l’esprit d’imposer une loi dont elle n’aura jamais parlé dans son programme et sa campagne, que pourra t-on lui opposer? Il lui suffira d’invoquer Hollande et sa « loi Travail » pour clore le débat. La Vème République autorise d’imposer une loi qui change radicalement la vie de millions de personnes, sans le moindre consentement à la loi. Le tyran Hollande aura été suffisamment clair sur ce point, sur lequel son successeur n’aura eu de cesse d’insister.

Les Quinquistes sont des tyrans

Dire que Hollande et Macron sont des tyrans peut paraître excessif. Car la tyrannie suppose une usurpation du pouvoir or ils ont été élus. Néanmoins, si l’on considère que ces personnes gouvernent ou ont gouverné dans le sens inverse du mandat pour lequel elles furent élus, il y a bien une forme d’usurpation. La majorité des électeurs ont élu un président de gauche en 2012, celui-ci a appliqué un programme de droite. Il a même gouverné contre son parti (pas précisément bolchévique), puisque Manuel Valls était ultra-minoritaire au sein du PS (5,63% de la primaire de 2011) puis ultra-central dans son gouvernement.

Hollande est donc un tyran, son successeur sorti de son sein est de la même engeance. Les deux, pour exercer leur tyrannie, ont eu recours aux aspects les moins démocratiques de la constitution, dont la lettre offre les outils de l’exercice d’une dictature. On connaît désormais tous les 49,3 et autres arguties constitutionnels afin d’éviter la volonté populaire de s’exprimer.

Les Quinquistes invoqueront l’article 16 en chantant

Il reste cependant l’article 16 de la Constitution. Celui-ci n’a été utilisé qu’une seule fois, du 23 avril au 29 septembre 1961, suite « au putsch des généraux« . Cet article instaure la dictature présidentielle. Surtout, il peut être déclenché par le seul président.

Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacés (1) d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel.

Il en informe la Nation par un message.

Article 16 de la Constitution

Comme nous le voyons, les seuls freins au pouvoir absolu du chef de l’État serait les premiers ministre, les présidents d’Assemblées et le conseil constitutionnel. Autant de personnes qui ont prouvé être à la botte du président.

Si cet article n’a pas été dégainé ni par Hollande ni par Macron, on peut parfaitement le concevoir sous Le Pen. Et ce grâce à l’appauvrissement démocratique opéré par Hollande et Macron. En habituant la société à gouverner comme bon leur semble, en invoquant sans cesse la Constitution contre le peuple et les autres institutions, ils ont rendu acceptable -voire prévisible- une telle possibilité.

L’extrême-droite gouverne

Le cauchemar de l’extrême-droite n’est plus du tout un épouvantail. En Italie, ce sont des gens qui se revendiquent du fascisme qui sont à la tête de l’Etat. Berlusconi (qu’il brûle dans une télé-poubelle jusqu’à la fin des temps) leur a ouvert les portes il y a déjà plus de trente ans. En Espagne, la droite traditionnelle ne rougit plus de son alliance avec VOX, parti xénophobe héritier du franquisme. L’extrême-droite est là, et le RN en est son vaisseau-amiral, en France et en Europe.

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