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De La Rolex Au Bracelet électronique? Le Bling-bling De Seroussi

De La Rolex Au Bracelet électronique? Le Bling-bling De Seroussi

A l’instar de la plupart des crimes et délits en col blanc, les petites entourloupes de Marc Seroussi (dont juger de la légalité n’est pas de notre ressort) bénéficient d’une parfaite impunité. Rien d’étonnant dans un monde où, pour paraphraser Bertolt Brecht, braquer une banque est certes un crime mais jamais autant que celui d’en fonder une. Mais où le premier crime vaut prison tandis que le second vaut fortune et reconnaissance sociale. Cette impunité explique un bling-bling tapageur censé attirer plus d’argent.

C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes, dit l’adage populaire. Certains renversent cet adage pour faire de vieilles soupes dans les nouvelles marmites de la tech. Ces technologies n’enlèvent cependant pas le goût faisandé de la camelote vendue.

Belle illustration de ces nouveaux habits de l’arnaque à l’ancienne, la société Homeety qui fait miroiter une économie du futur avec un imaginaire ringard au possible. Au menu grosse Rolex clinquante et voiture rutilante tout droit sortie d’un James Bond des années 60. La grosse cylindrée et la montre, des aspirations de vieillards, pour un business model qui se présente comme futuriste.


Tellement vieux tout cela que l’on est obligé de faire ressurgir un terme daté et dépassé: bling-bling.


Un luxe qui n’attire plus grand-monde, à l’heure où la conscience de la limite les ressources s’est enfin imposée. Si une technologie veut avoir une utilité future, elle doit nécessairement s’allier à une préoccupation des ressources naturelles. Elle ne peut donc porter un imaginaire de bagnole roulant à 250km à l’heure juste pour la frime. Cette voiture là est une promesse de fin du monde, et non d’un avenir désirable.

L’avenir de la Rolex est le bracelet électronique

« Qui n’a pas sa Rolex à 50 ans a raté sa vie » disait Jacques Séguéla en plein ferveur Sarko-Bling-Bling. Séguéla est né en 1934. Il avait donc moins de 50 ans lors de la victoire de Mitterrand en 1981, pour laquelle on lui attribua un rôle important. Représentant par excellence de la « gauche caviar », il passa donc sans accroc à la « droite bling-bling ». « Gauche caviar » et « droite bling-bling » sont les deux faces d’une même pièce, celle de l’argent pour l’argent au détriment de la terre et du vivant.

Du rien dans un écrin clinquant

Mais, au fait, que vend donc Homeety? Bien malin qui saura s’y retrouver au milieu de « Digital Goodies », « Blockchain » et autre « intelligence artificielle » qui surgissent sur le site, entre deux vidéos de Rolex modèle Daytona. On voit cependant apparaitre aussi une sorte de monnaie interne, baptisée « $HOM » (comme la marque de slip).

Là, les antennes se mettent à chauffer. Une monnaie virtuelle? Pourquoi pas mais pour cela il faudrait comprendre ce qu’achète cette monnaie. Surtout, une monnaie a besoin de confiance. Or, le pédigrée de Marc Seroussi et ses nombreuses entreprises inspirent beaucoup de choses mais certainement pas de la confiance.

La confiance et son abus

En août 2020, la journaliste spécialisée en Finance pour UFC-Que Choisir, Elisa Oudin, rapportait les soupçons d’escroquerie et de blanchiment entourant la société OrClass.com. La journaliste avait alors tâché de joindre l’un des co-directeurs de l’entreprise, David Madar, qui n’avait pas souhaité lui répondre. Elle aurait probablement eut la même fin de non recevoir de son principal associé, un certain Nani Seroussi. Or, le site du gouvernement de sa Majesté (UK) nous apprend que ce Nani n’est autre que Marc.

La bouilloire Orclass

Pour comprendre l’arnaque, il faut remonter au début des années 2010, à l’époque d’un marché financier encore fortement instable du fait de la crise financière de 2008 (qui s’est répercutée sur l’ensemble de l’économie, puisque ce sont essentiellement les États qui en ont fait les frais, c’est-à-dire l’argent des contribuables pour sauver les banques).

Dans ce contexte, le marché de l’or, « valeur refuge », avait le vent en poupe. Les petits malins Seroussi-Madar ont surfé sur cette demande de « refuge » en fondant une start-up dédiée au négoce de l’or. Pour la crédibiliser, ils ont bénéficié du peu regardant journal de Bernard Arnault, Les Échos, dont les pages « Entrepreneurs » en faisait la promo en 2014.


David Madar assurait alors à un autre site spécialisé, boursier.com, que son business modèle reposait sur la construction de la confiance, « rassurer les clients » selon ses mots.
Et pour cause, le vrai business de Seroussi-Madar ne consistait pas en l’achat-vente d’or mais dans la valorisation de la start-up elle-même sur le Marché Libre de Paris. Dès lors, ils ont entrepris une opération agressive de démarchage par téléphone pour vendre des titres de Orclass.

Or, selon l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), cette opération était effectuée par des commerciaux non habilités en courtage. Surtout, certains malins (Seroussi et Madar? L’enquête du Parquet Financier devrait le dire) possédaient en propre ou pour un client un gros matelas d’action. Suite au démarchage agressif, l’action a rapidement grimpé et nos petits malins ont vendu en masse ce matelas. Ils réalisent ainsi un énorme gain mais, dans le même temps, ils font chuter l’action (par la vente massive). Puis, ils cessent toute activité, laissant les petits actionnaires gros-jean comme devant. C’est ce qui s’appelle une bouilloire ou la « pratique de la bouilloire ».

Marc Seroussi en apesanteur dans un monde cynique et vulgaire

On pourrait croire qu’avec un tel CV, Marc Nani Seroussi se fasse très discret. Et bien, pas du tout. Tout au contraire, Seroussi s’expose volontiers sur YouTube, par des « slams » (c’est lui-même qui ose appeler cela ainsi) qui exposent son cynisme et sa vulgarité avec gourmandise. Images de fesses rebondies et de voitures de luxe semblent lui tailler un petit succès (pas mirobolant non plus, 1,8k vues) dont il doit être fier.

Bref, entre son site Homeety (qui sent bien le faisandé) et ses vidéos, un même goût pour le clinquant, qui rappelle irrésistiblement – à petite échelle- un ancien président qui a troqué sa Rolex pour un bracelet électronique.

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