Notre appel à la résistance artistique, lancé le 24 avril dernier a été entendu par la communauté des grafftiti artists. On a vu de nombreuses et très belles fresques qui imprimaient le mot Liberté partout en France et ailleurs, et là..
Une dinguerie. Une info anonyme. Dans la nuit du 10 au 11 Mai :
La Statue de la Liberté, dans le XVe arrondissement de Paris, réalisée en même temps que l’originale et offerte à la France à l’occasion du centenaire de la Révolution, serait le sujet d’une performance artistique imminente, l’objet d’un détournement artistique audacieux.
De la puissance à l’état pur. Une oeuvre d’art spectaculaire, dont le génie et les inspirations, rappellent avec force l’équipe d’artistes anonymes derrière le détournement #MariannePleure réalisé le 13/12 dernier (et affublé par la presse du nom de LREM-NRV).
« VIVRE LIBRE est un ART
LA Liberté, un artifice »
Avec cette punchline, tout est dit. Le collectif condamne les dogmes et revendiquent de briser les idoles. Dans cette oeuvre #Liberté, s’entendent un cri de rage et un immense éclat de rire, la vie tout simplement.
« Il est des critiques qui désarçonnent, scandalisent, donnent le vertige. Il faut dire que brûler un totem constitue toujours un exercice périlleux.
Cette œuvre est une invitation à destituer LA Liberté ; à lui retirer ses majuscules afin d’en créer d’autres, les nôtres ; des libertés vivantes, plus fluides, plus fortes, plus intimes. Refuser quoi qu’il en soit de s’agenouiller devant LA Liberté qu’on nous impose : une liberté statufiée qui fatalement sclérose et se renverse en son contraire…
Ainsi compris, notre geste se présente comme une juste réparation. »
Extrait de l’email reçu
Pour eux donc, point de Liberté avec un grand L.
C’est ainsi que, trois jours après le 8 mai, commémoration de notre « victoire contre la barbarie », et pour l’anniversaire des premiers soulèvements de Mai 68, des billes de peinture jaunes sont venues rappeler à la France à quel point l’on devient aisément ce que l’on combat.
Une vidéo manifeste viendra-t-elle raconter cette histoire ? On l’espère, et qu’elle sera aussi puissante que la précédente.

En attendant, voici un extrait du texte annonciateur :
“
Liberté de la statue ?
C’est l’idéologie de la pure liberté qui égalise tout
et qui écarte toute idée du mal historique.
Guy Debord
Sans licence on l’a rafalée. On lui a peinturé la gueule et ça rigole sec. Franchement le diadème… Ça fait tâche ! Eh quoi « la Liberté pas touche » ? Y’avait qu’à pas la changer en statue ! Déjà ça c’est louche : « pétrifier pour mieux régner » — devise de roitelet.
La liberté, en la figeant, on l’afflige.
Et elle se venge !
En plus le symbole est pas raccord : la Liberté fièrement drapée hissant haut sa lanterne pour éclairer un monde…d’esclaves. Heureusement rien n’y fait :
la liberté demeure sauvage !
Sur les couronnes toujours elle crachera
— ses couleurs !
Et sinon la statue, elle se sent libre? La blague !
Sérieusement, tu en as pas marre de trôner là ? Vas-y vas-y range ta torche, pose ton derche et écoute. Tu comprends pas que ta flamme étouffe ? Elle prétend guider le monde et gèle dans une main de cuivre… Ton Feu a froid et souhaite retourner à sa source, sa nourrice : la Terre.
Ton Feu c’est nous !
”

« Liberté, écris son nom »
Tel était le message de notre appel. En exprimant leur subjectivité, armés d’un peu de peinture et sans aucune violence, ces artistes sont parvenu.e.s à fracturer le réel. Ils ouvrent un nouvel espace de débat et interrogent nos évidences avec poésie.
Ils n’ont pas été les seuls, on a vu plein de très beaux murs. Si le graffiti est une discipline artistique fondamentalement contestataire, le projet participatif #Liberté a vu pour la première fois de l’histoire, des graffiti artists travailler de concert, autour du même message.
Y compris dans cette oeuvre, dont l’anonymat des auteur.trice.s ne fait que renforcer sa pertinence et sa puissance.
On a aussi vu des concerts, des performances de rues, des manifestations festives… Avec HIYA!, nous avons aussi donné la parole à des créateur.trice.s de tous horizons, qui s’interrogent tous sur le sens à donner à cette noble aspiration. De la créativité tous azimuts et des personnes qui se bougent, voilà ce que nous appelons de nos voeux et le sens profond de ce projet #Liberté.
Le projet artistique collaboratif #Liberté continue (la barre est haute maintenant)
La convergence des luttes sera artistique et ça a déjà commencé.
Le thème c’est « Liberté », la méthode c’est la résistance artistique.
Les formes sont libres : peinture, danse, musique, performances, carnavals et festivals, expositions… Une multitude de manières et une seule finalité : liberté.
Cet espace est le tien : explore-le. Crée. Propose un point de vue. Engage-toi. Fais du neuf, de l’ancien, du neuf avec de l’ancien. Rejoins le mouvement.
Liberté. Écris son nom.
On se retrouve sur hiya.fr, sur les réseaux et surtout : dans la rue.
