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A Marseille, poésie et solidarité au Coco Velten

A Marseille, poésie et solidarité au Coco Velten

Transformer un bâtiment vacant en un lieu dynamique, inventif et généreux, c’est le pari que s’est lancé le Coco Velten, dans le 1er arrondissement de Marseille. Concerts, repas à prix libres et art émergent : visite dans ces 4000 mètres carrés de foisonnement culturel.

C’est par un bâtiment discret, derrière la gare Saint-Charles dans le quartier Belsunce qu’on rentre au Coco Velten, discrètement signalé par une guirlande multicolore. Ouvert en 2018, le lieu se veut un espace de rencontres et d’échanges pour lutter contre la précarité en cœur de ville. L’espace est partagé entre hébergements, locaux d’activité et espaces collectifs recevant du public. 

Le jardin partagé sur le toit © Coco Velten

A l’origine du projet, on retrouve Yes We Camp, (notamment connu pour piloter les Grands Voisins à Paris, dont le Coco Velten est, dit-on, directement inspiré) en partenariat avec la préfecture des Bouches-du-Rhône. En juin dernier, la coopérative Plateau Urbain et l’association SOS solidarités rejoignent l’entité pour une expérimentation de 3 ans. 

Le manque de mixité sociale est souvent reproché aux tiers-lieux, surtout en Ile-de-France. Pourtant ici, la question ne se pose pas et le Coco Velten, par sa structure, y échappe sans difficulté  : on y croise des travailleur.ses, des résident.e.s, des gamins à vélo, des jeunes venus boire un coup. On se perd dans le dédale des couloirs, on bavarde avec les voisins comme si on avait toujours été là. 

Chaque semaine au Coco Velten, des concerts, des portes ouvertes d’ateliers, des expositions sont organisées par des artistes marseillais.e.s et d’ailleurs, aux côtés de journées d’études (à venir : « bidonvilles, campements et habitats non ordinaires » le 23 septembre avec les musées de la Ville de Marseille), de conférences et de soirées solidaires.

Un concert de kora de Yancouba Diebate en février dernier © Coco Velten

Alors qu’on est perchés sur le toit avec une bière en fin de journée, un bénévole qui s’occupe des plantes vient à notre rencontre, un magazine à la main. Cette revue, c’est Un autre Monde, « journal social, culturel et solidaire marseillais”, tenu par des bénévoles et vendu par des personnes en situation de grande précarité, devenus colporteurs de rue. Le numéro que je tiens entre les mains est le tout premier, date de janvier dernier et a pour thème l’engagement. Trilingue, il mêle philosophie, mode, littérature et recueille les mots d’associations marseillaise et institutions culturelles locales. La publication est un guide pointu pour celui qui cherche à appréhender la ville loin des Parisiens en goguette au cours Julien. Loin des clichés sur Jul, le pastaga et l’accent chantant qui rythment les conversations de la rentrée. 

Venir à Coco Velten, c’est aussi voir l’un des plus beaux couchers de soleil sur la Cité Phocéenne et observer la ville d’un autre œil, qu’on y vive ou non. Et comme l’écrivait Blaise Cendrars, cité par Valérie Manteau dans la revue dont on parlait plus haut, « Marseille appartient à qui vient du large ». Marseille réputée ville indomptable voire sale et dangereuse, devenue depuis quelques années l’eldorado des travailleurs culturels précaires, laisse la place aux imaginaires, à celleux qui veulent construire un futur solidaire, bienveillant et accueillant. Et le Coco Velten semble en être l’un des premiers foyers. 

Coco Velten, 16 rue Bernard du Bois, 75001 Marseille
Du mardi au samedi de 9h à 21h
Repas à prix libre le mercredi

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