pixel
Now Reading
Bollorisation Du Ministère De La Culture

Bollorisation Du Ministère De La Culture

La ministre la Culture a réagi au discours de Justine Triet dans la même logique que celle qui avait dirigé le tombereau d’insultes déversé par Hanouna sur un député. Il s’agit d’un esprit « corporate » qui déteste la critique et considère bienséant de lécher les pieds de qui détient les cordons de la bourse.

Si l’inconnue de la rue de Valois voulait faire connaître son nom, c’est réussi. Certes, Rima Abdul-Malak disparaîtra avec la reste de la Macronie, on ne peut pas à la fois faire œuvre de lobby-management-marketing et inscrire son nom dans la durée. La pub ou l’histoire, il faut choisir.

Néanmoins, Rima Abdul-Malak aura eu son heure de gloire. Ou ce qui tient lieu de gloire en Macronie : de buzz. Pour cela, elle aura dû se fendre d’un Tweet qui reformule la pensée complexe de Cyril Hanouna.

« Tu ne devrais pas cracher dans la main qui t’a nourri  »

En effet, la raison qui « estomaque » madame Abdul-Malak est exactement la même qui fait piaffer le roquet de Bolloré (lui-même plus porté sur le porc que sur la gent canine, mais c’est une autre histoire). Rappelons le torrent d’injures déversé par le présentateur préféré de la Macronie (considéré par Marlène Schiappa comme le mieux à même d’animer le débat présidentiel).

Ainsi, Hanouna et Abdul-Malak partagent la même conviction : il serait malséant de mordre la main qui vous donne à manger.

De quelle main parle t-on?

Et l’une et l’autre se trompent sur la main en question. Hanouna croit travailler exclusivement pour Bolloré, oubliant ainsi que les fréquences de télévision appartiennent au domaine public. Aussi, en ne retirant pas l’autorisation à Bolloré d’émettre, l’État est complice de l’exposition inédite de la parole raciste et autres saloperies émanant de ses chaînes. De plus, à l’instar de tous les milliardaires, Bolloré bénéficie de multiples subventions (au titre d’aide à la presse, de l’industrie, etc.). Les milliardaires étant des assistés, leurs médias appartiennent en partie à l’État (toujours en capacité de couper les subventions, voire de reprendre la main sur les fréquences).

Hanouna n’est pas conscient (ou préfère ignorer) d’être gavé de subventions. Et, donc, dans sa logique, de devoir lécher outre les mocassins à gland de Bolloré, les semelles de l’État. De même, Abdul-Malak croit, ou fait mine de croire, que l’action de son gouvernement a permis la réalisation de films. Or, d’une part, l’argent destiné à la production cinématographique ne provient pas d’impôt mais de l’industrie du cinéma. D’autre part, tous les mécanismes de ce financement proviennent de gouvernements bien antérieurs à l’actuel. La Macronie ne renforce pas ce financement mais le met en péril. C’est précisément ce que disait Justine Triet lors de la remise de sa palme d’Or.

La réalisatrice ne pouvait guère se tromper sur ce diagnostic, puisque la Macronie est l’incarnation de la pensée plate du néolibéralisme en France. (J’entends par « pensée plate », une pensée qui se résume à quelques chiffres comptables. Ces chiffres sont ceux que nous assènent les néo-libéraux depuis cinquante et leur premier gouvernement: la dictature du général Pinochet instaurée au Chili en 1973).

A défaut de casserole, une palme fera l’affaire

Jamais à court d’imbécilité, la Macronie a abondamment réagi aux propos de Justine Triet, confirmant ainsi, s’il était besoin, la justesse des propos de Justine Triet. Celle-ci n’a d’ailleurs rien dit d’extraordinaire. Elle a fait ce que font des millions de personnes depuis des semaines et des mois: du bruit. Du bruit pour ensevelir la propagande macronienne qui tâche de faire diversion, voulant noyer l’opposition populaire à la réforme des retraites par des thèmes d’extrême-droite.

Ainsi, la réalisatrice a agi comme n’importe quelle personne décente a qui s’offre une tribune: en amplifiant le son de la casserolade.

View Comments (0)

Leave a Reply

Your email address will not be published.

Scroll To Top