Ça s’appelle comme ça parce que c’est un billet d’humeur et a priori quand t’es mort, t’en as plus rien à foutre.
C’est bientôt Halloween, c’est donc l’occasion parfaite de parler un peu de l’extrême droite.
Ça fonctionne quand même pas mal sur les mêmes ressorts : la peur, les visuels gerbants, les persos si stupides et caricaturaux que ça en devient drôle, les tarés et les monstres en tout genre. Et la répétition des mêmes codes. Aussi loin que je m’en souvienne, et je suis un vieillard, on a toujours eu un débat assez nul qui consiste à se demander « faut-il dialoguer avec l’extrême droite ». En général la réponse est toujours oui, que ce soit sur les plateaux télé, les médias en général et bien sûr côté politiciens. Pour une raison inconnue, des petits génies sont persuadés de pouvoir convaincre un public qui les déteste par principe grâce à la puissance magique du débat d’idées. Ensuite vient le grand classique « ils dénoncent de vrais problèmes même s’ils ont des mauvaises solutions ». Ça reviendrait à prendre en compte la réflexion d’un type qui décide de porter des couches toute sa vie plutôt que d’apprendre à se torcher mais pourquoi pas. Enfin, au-delà de l’idéologie et des partis, quand vient la question des électeurs et sympathisants, des demeurés bénévoles sortent systématiquement d’un buisson pour expliquer qu’il ne faut pas juger ces pauvres gens mais essayer de les comprendre. Le contraire serait un risque des s’aliéner une partie de la population. Étrangement ce sont aussi les mêmes qui ignorent royalement les abstentionnistes depuis toujours mais on va pas chipoter, chacun son kink.
Ceux qui ne sont pas d’accord évoquent un manque de culture politique ou de mémoire historique. Dans le sens où à chaque fois qu’un pays a dit « écoutons-les » ou pire « parlons-leur », ça s’est toujours fini de la même façon. Le temps de se retourner, tout le monde a été tiré vers la droite, ce sont leur thématiques qui infestent le débat public, bref les cafards ont envahi à peu près toutes les sphères de la société qui étaient à leur portée. La plupart du temps avec la bienveillance et la complicité des voisins du dessus. D’autant que tout le monde n’a pas le luxe de pouvoir « dialoguer » avec des gens qui ont pour principal objectif de leur retirer des droits ou carrément les foutre dehors.
Cependant, si des cons s’obstinent à vouloir leur donner la parole jour après jour, ce n’est pas juste par déficience idéologique tendance maso. En réalité c’est simplement un manque de culture ciné. Plus précisément, ils n’ont pas assez regardé de films d’horreur. Pas n’importe lesquels : les films d’horreur de merde.
L’horreur est un des genres les plus codifiés et plus le film est mauvais, plus ses codes sont visibles. En plus les méchants de slasher et autres s’en prenaient le plus souvent à des jeunes qui font la fête, des consommateurs de diverses drogues, des jeunes femmes un peu trop dévêtues et bien sûr des basanés, cf la glorieuse époque où les noirs mouraient toujours en 1er à l’écran. A priori si tu troques griffes, machette et couteau contre une carte d’électeur, tu sais que les mecs seront plus tentés par Christine Boutin (même si c’est un amour à sens unique) que par un ex-trotskiste. Mais le cliché le plus inamovible reste la fin ouverte.
Dans 90% des cas, le tueur n’est pas éliminé définitivement. Il y a parfois un attardé qui se pointe pendant le dernier acte et qui empêche la final girl de l’achever. Souvent avec des arguments pourris « c’est bon il a son compte » « non on peut pas faire ça » « faut partir on a pas le temps » et l’imparable « on doit l’étudier, il peut nous apprendre tant de choses ». Pour ne rien arranger, le gugusse qui tient ce genre de discours n’a en général même pas participé à l’action. Il s’est barré dès le début voire n’apparaît qu’au dénouement sans avoir aidé personne, en bon inspecteur des travaux finis. A chaque fois ça foire, à peine le dos tourné il se fait massacrer et c’est parti pour une pelletée de suites à chier. En ce moment Halloween Ends est en salles et c’est quand même le 13e film d’une franchise démarrée en 1978, devant Vendredi 13 (12 films) et Les Griffes de la nuit (9 films). Au point que ça devient comique. Dans Halloween 20 ans après, l’héroïne est vraiment sur le point d’achever Michael Myers mais un flic (non, rien) l’empêche de lui porter le coup de grâce. Décidément il y a des parallèles qui s’écrivent tous seuls les amis.
Devinette : à quoi reconnaît-on une manif fasciste en France ?
— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) October 23, 2022
Réponse dans cette vidéo. pic.twitter.com/U7ibxLMxZZ
Il est temps de forcer ceux qui veulent dialoguer avec l’extrême droite à voir en boucle tous les films d’horreur les plus nuls pour qu’ils saisissent le problème. Enfin, pour ceux qui sont sincères dans leur imbécillité. Il en existe d’autres plus vicelards.
Par exemple Macron a été le 1er à serrer la paluche de la néo-faf italienne fan de manga* avec son plus beau sourire de Michael Scott. Il agit exactement comme le connard d’Alien 4 qui élève tranquillou une reine alien pour la contrôler et s’en servir comme arme alors que celle qui a déjà eu affaire aux xénomorphes lui a expliqué que c’était pas l’idée du siècle. Le même s’étonnera à mi-film de se faire croquer le cerveau par un des rejetons hybrides de la créature, bref on connaît l’histoire avec un petit et un grand H. Macron qui passe un appel coquin à Eric Zemmour pendant 1h pour le consoler après qu’il se soit fait insulter dans la rue, pareil, ça n’a pas vraiment empêché la réincarnation de monsieur Burns de le trasher pendant l’intégralité de sa campagne. C’est à peu de choses près l’équivalent du crétin dans la vidéo ci-dessous.
Ce serait tentant de croire que c’est juste de la stupidité, mais il y a des enjeux plus profonds. Outre le QI négatif de protagonistes écrits par des feignasses, la saga Halloween n’éliminait pas son serial killer pour une raison simple. Le producteur avait stipulé noir sur blanc dans le contrat qu’aucun film n’avait le droit de tuer Michael Myers. C’était la garantie de pouvoir continuer la saga autant qu’il voulait. De la même façon, un président qui fait ça, c’est par calcul et intérêt, pareil côté médias, bref rien que du très classique.
En revanche s’il faut trouver un bon point au tout dernier Halloween Ends, on peut citer la tirade d’un perso secondaire, sans doute la seule bien écrite, ou écrite tout court d’ailleurs. Pour le contexte, le bonhomme a perdu son gosse au début du film et le responsable de sa mort a été libéré.
« Je comprends pas comment sa mort a pu arriver, j’ai retourné toute l’histoire dans ma tête pour finalement me dire »laisse tomber, tu pourras jamais tourner la page ». […] Des années plus tard, je revois [le tueur] de loin de temps en temps, je vois comment les gens lui font la misère, ils ont fait de lui un paria, ils font des grimaces dans son dos, l’insultent et se moquent de lui. Et sincèrement, ça me dégoûte. Parce que c’est comme s’ils prenaient ma douleur, mon désespoir, pour en faire quelque chose qui leur appartient, à eux. Pour en faire de la merde. »
Faut pas trop attendre du respect de leur part pic.twitter.com/lUb4Ur5NBr
— Lord75 (@Lord754) October 21, 2022
Mettons de côté les « grimaces dans le dos » qui correspondent uniquement aux champions de TPMP et Face à l’info. Ah, il y a aussi un dropshippeur qui a voulu vendre du merchandising à l’effigie de la défunte comme si c’était XXXTentacion. Là ce n’était pas forcément des droitards à l’initiative, juste des sous-merdes**, et ça a été supprimé depuis. L’esprit d’entreprise de la nouvelle génération n’en finit plus d’impressionner.
Tout le reste rappelle beaucoup cette grande tradition de récupération ici appliquée au meurtre atroce d’une petite fille par toute la fachosphère depuis une dizaine de jours. Ils font effectivement preuve d’une animosité envers la meurtrière, mais se moquent éperdument de la victime. Tout comme de la volonté de la famille pourtant très claire qui a demandé que cette mort ne soit pas instrumentalisée.

Reconquête, le parti de Zorglub, a finalement daigné supprimer les sites manifestationpourlola.fr, manifpourlola.fr, justicepourlola.fr qu’ils s’étaient empressés de créer à la seconde où la nationalité algérienne de la coupable a été divulguée. Magnanime, ils ont aussi effacé une pétition sur le site de Samuel Lafont, responsable numérique du parti (ça doit être un mec qui met des mauvaises notes aux restaus halal sur google), page qui servait essentiellement à récupérer les adresses mails des signataires pour les spammer avec leur super programme.
Niveau bots, sur les réseaux sociaux leur but était de faire remonter des mots clés sympatoches tels « francocides », « migrants », en passant par « Karim Benzema », parce que pourquoi pas.
Au moins, ça nous a offert un grand moment de télé où Jean-Marc Morandini a fait la morale à Damien Rieu sur l’exploitation de l’image d’une enfant sans l’accord de ses parents. Relisez cette phrase plusieurs fois, vous admettrez que c’est ce qui se rapproche le plus d’un Freddy contre Jason version camembert. On ne mettra pas d’extrait de l’émission ici pour des questions évidentes d’hygiène mais on peut vous proposer ce court résumé.
Dans la vraie vie, ça a donné des marches de fafs dans plusieurs villes de France où les slogans sont « migrants assassins », « l’immigration tue » « remigration », « à mort immigrés » et autres joyeusetés. Et encore, ça c’est quand des passants ne sont pas directement agressés en marge des rassemblements pour le simple fait d’être d’origine couscous. Un weekend plutôt chargé pour le lobby cochonou. Autre point commun avec le ciné d’horreur : les fafs aussi utilisent du faux sang. Malheureusement le public moderne est de plus en plus exigeant en terme de réalisme. Peu importe dans la mesure où on parle de l’extrême droite : si c’est du faux sang, c’est drôle, et si c’est du vrai, ça l’est encore plus. Le divertissement avant tout.
Dans l’énième suite qu’était le Halloween de 2018, le retour du tueur s’expliquait par un accident du bus conduisant des internés de l’asile. Forcément, plein de malades se mettaient à errer dans les rues complètement paumés. Vu la déposition sans queue ni tête de la meurtrière et son statut de sdf, on est dans le thème. Quand tu coupes le budget de la santé et du social, le maxi bonus c’est que ça inclut les hôpitaux psy et pas mal de structures d’accompagnements des marginaux. Vous voyez le maire détendu du slip qui décide de laisser un pan entier de la ville aux patients dans Arkham City ? Pareil. Ça n’est qu’une hypothèse dans ce cas précis jusqu’à l’expertise officielle mais de toute façon c’est uniquement le statut d’étrangère-sous-obligation-de-quitter-le-territoire que nos amis porcins ont retenu.
Ils sont même allés jusqu’à tenter un comparatif sur la quantité de meurtres gratuits commis par des cinglés d’origine étrangère vs des européens de souche. Histoire de prouver que seule une fermeture des frontières pouvaient sauver la civilisation. Audacieux, sauf que s’il y a bien une discipline où les minorités se font mettre à l’amende par les blancs dans nos contrées, c’est les meurtres en série. Certes, une fois tous les 10 ans un Guy Georges ou un Mamadou Traoré tente une percée mais c’est comme Tiger Woods, ça reste une exception qui confirme la règle. Pour le reste, c’est majoritairement des valeurs sûres bien de chez nous (Michel Fourniret, Émile Louis, Francis Heaulme, Patrice Alegre, François Vérove, Nordahl Lelandais, Claude Lastennet, Marc Dutroux et globalement 90% des sujets de Faites Entrer l’accusé).
L'ENQUÊTE- Suprémacistes blancs, nationalistes, néonazis, Génération Identitaire: le profil des personnes présentes à la manifestation pour Lola, organisée par une association proche du parti d'Éric Zemmour (@NelsonGetten) pic.twitter.com/5lqWzlxiTj
— BFMTV (@BFMTV) October 21, 2022
N’importe quel demi-cerveau serait capable d’anticiper un résultat pareil vu que par définition les crimes « gratuits » et autres meurtres en série ne nécessitent pas d’être plus intelligent que la moyenne ; dans la liste on a des idiots de compétition. Il faut surtout passer inaperçu. Ça implique de faire partie de la population majoritaire. Que ce soit ici ou aux USA, cf Jeffrey Dahmer qui était complètement con mais avait retenu 2-3 petites astuces pour faire son marché. Ou Albert Fish qui a tranquillement déclaré cibler des enfants de familles noires pauvres parce qu’il avait « remarqué que les autorités n’enquêtaient que très rarement quand ils disparaissaient » ; son nombre de victimes étant « estimé entre 16 et 400 », effectivement les recherches devaient pas être menées par Columbo. A priori tout est plus simple quand t’es du terroir, y compris devenir tueur en série, ce n’est un scoop pour personne. Pour que leur concours de zizis marche un minimum il aurait fallu que les fafs sortent les chiffres de toute la délinquance. Ce qui aurait été tout aussi foireux puisqu’à ce stade ça va surtout de pair avec la pauvreté, mais encore une fois on n’est pas chez des perfectionnistes niveau stats, plutôt des pros du déni.

C’est sans doute pourquoi ils ne parlent jamais de toute une frange de la criminalité qui a lieu en milieu familial (viol conjugal, inceste etc) et ne peut s’expliquer par une quelconque immigration vu que c’est commun à tous les pays.
Parce qu’on change pas une équipe qui gagne, ils n’évoquent pas trop les mecs de chez eux qui tournent maboules comme Jean-Michel Moulun, ex-FN qui a décapité une vieille dame en 2021, ni l’ancien du GUD qui a flingué un rugbyman en plein Paris. En parlant de vieille ils ne parlent pas non plus de celle qui a écrasé un enfant de 8 ans en le traînant sur 22 mètres il y a quelques mois. Accessoirement le fils de la conductrice est gendarme. En appliquant le même raisonnement que le camp saucisson, un hurluberlu se baserait sur ce seul exemple tiré du chapeau et établirait un lien direct entre impunité, gendarmerie et origine de la victime. Vraiment des conclusions extravagantes, et ce serait dommage participer à leur compet de lancers de cadavres.

Il y a aussi une autre réplique dans Halloween Ends, particulièrement mal écrite celle-là. L’héroïne lâche la phrase « il y a 2 sortes de Mal. Celui qui attaque frontalement depuis l’extérieur, et celui qui sommeille en chacun de nous ; c’est celui-ci le plus dangereux car on peut en être atteint sans le savoir ». Plus tard elle conclura avec un autre proverbe en solde « j’ai dit adieu à mon croquemitaine mais le Mal ne meurt jamais, il change juste de forme ». C’est pourquoi le mois prochain on explorera les liens entre les « gauchos qui sont pas au courant qu’ils sont eux-même des enculés » (© Casey) et les comédies musicales. Si on a le temps.
Joyeux Halloween.

*C’est même pas une vanne, cette saleté utilise l’image d’Albator pour promouvoir son programme de tâcheron et des tordus la dessinent régulièrement en version manga depuis des années. Mais bon là on était sur les films d’horreur, un calvaire à la fois.
**Toutes les sous-merdes ne sont pas des droitards mais tous les droitards sont des sous-merdes. C’est comme les losanges et les carrés.