Femme noire, quasiment autodidacte, Ava DuVernay, réalisatrice et productrice, est devenue, cette dernière décennie, une figure incontournable du cinéma indépendant à Hollywood.
Ava DuVernay fait ses débuts derrière la caméra, en 2008, avec son documentaire « This is the life », sur l’histoire du mouvement hip hop dans le Los Angeles des années 1990. Elle ne pouvait donc que faire partie de ma chronique Hip Hop cinéma.
Le palmarès
En 2012, avec « Middle of Nowhere », Ava DuVernay devient la première femme africaine américaine à recevoir le prix de la meilleure réalisatrice au Festival de Sundance.
Elle est également en 2014, la première réalisatrice africaine-américaine a être nommée au Golden Globe de la meilleure réalisatrice pour son film « Selma ».

En 2016, elle emporte un Peabody Awards avec son documentaire sur le milieu carcéral, « 13th ». Puis, avec le même film, elle est nommée en en 2017 pour l’Oscar du meilleur film documentaire.
Elle est la première réalisatrice noire à intégrer le Jury du Festival de Cannes en 2018.
De plus, à la télévision son talent se confirme, grâce à la mini-série sur Netflix, en 2019, saluée par les critiques, « When They See Us ».
Ava DuVernay est auréolée de prix et de reconnaissance au cinéma et à la télévision, mais sa trajectoire n’a pas été linéaire.
Sa trajectoire
Après le lycée, Ava DuVernay a poursuivi ses études à l’université de Californie. Elle en ressortit diplômée d’un double cursus : anglais et histoire afro-américaine.
Elle commença d’abord une carrière de journaliste au sein de la chaîne CBS News. Puis elle se ré-orienta dans les relations publiques.
Après avoir travaillé quatre ans pour de grandes firmes, elle fonda sa propre agence : The DuVernay Agency, connue plus tard sous le nom de DVA Media + Marketing. Une entreprise fructueuse à laquelle de grands réalisateurs firent appel, dont Steven Spielberg, Clint Eastwood, Michael Mann, Robert Rodriguez, Kevin Smith, Bill Condon, Raoul Peck et Gurinder Cha.
En 2006, elle passa, pour la première fois, derrière la caméra, en réalisant un court-métrage « Saturday Night Life ».
L’engagement
Les films d’Ava Duvernay ont en commun, des récits de vies des noires et noirs aux États Unis. Elle dénonce la misère sociale, le racisme, les violences et les injustices qui frappent ces communautés.
Naturellement, « Selma » est le premier film qui vient en tête. Il retrace la lutte historique du Dr Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens. Une dangereuse et terrifiante campagne qui s’est achevée par une longue marche, depuis la ville de Selma jusqu’à celle de Montgomery, en Alabama et qui a conduit le président Jonhson à signer la loi sur le droit de vote en 1965.
Avec son documentaire « 13th », Ava DuVernay explore les liens entre la race, la justice et l’incarcération de masse aux Etas-Unis. Le titre fait référence au 13e amendement de la Constitution des Etats-Unis qui a libéré les esclaves et interdit l’esclavage. Thématique carcérale qui était déjà présente dans son 1er long-métrage « Middle of Nowhere » qui est du point de vue de la femme d’un prisonnier, une africaine américaine qui se bat pour sauver son mariage et son identité.
Les convictions
Engagée dans la lutte contre les discriminations, Ava DuVernay est à l’origine de l’association AFFRM (African-American Film Festival releasing Movement), rebaptisé ARRAY. La vocation de l’association est de faciliter le financement de films afro-américains et à distribuer le travail de réalisatrices et de réalisateurs souvent délaissés par les studios américains. Leurs créations sont ainsi projetés dans des cinémas ou des musées pour leur permettre de se faire connaitre.
« La grande majorité de la population n’est pas autorisée à concourir, à exceller, à faire des films, à apprendre, à essayer, à échouer, à se lancer. Nous devons élever le niveau et arriver à l’égalité dès que possible »
Ava DuVernay
La consécration
Cette dernière décennie, Ava DuVernay, seule ou en équipe, a piloté, certaines des plus grosses productions d’Hollywood. Notamment « Spider-Man 2 » de Sam Raimi, « Collateral » de Michael Man, « I, Robot » d’Alex Proyas, « Hairspray » ou encore « Madagascar 2 » pour n’en citer qu’une poignée…
En fin d’année 2018, elle signe un contrat de 100 millions de dollars avec Warner Bros pour développer et réaliser et plusieurs projets télévisuels. Ainsi, en 2019, le public de Netflix, découvre « When They See Us ». Série dans laquelle Ava DuVernay s’attaque à l’une des affaires judiciaires les plus injustes des années 80 aux Etats-Unis. Suite au viol d’une joggueuse à Central Park, plusieurs jeunes hommes noirs sont arrêtés et incarcérés arbitrairement. Un vrai déni de justice !
Dans le même temps, elle produit la série « The Red Line » pour le réseau CBS qui aborde le sujet du racisme dans la police américaine.
Ava DuVernay, une femme engagée et très occupée. Pas de repos pour les braves!