pixel
Now Reading
LA CULTURE DU XXIE SIÈCLE #2 : CRÉOLISATION VS APPROPRIATION CULTURELLE

LA CULTURE DU XXIE SIÈCLE #2 : CRÉOLISATION VS APPROPRIATION CULTURELLE

Où s’arrête, où commence la culture du XXIe siècle ? Quelles voix/es portons-nous à travers HIYA ? Quels récits ont été, sont et seront les nôtres ? 

Avec l’équipe, on a ré-investi les souterrains de Hiya pour poursuivre l’exercice collectif : se faire caisse de résonance de la culture in progress du XXIe siècle. 

Se heurter, ensemble, à tous les obstacles qu’on rencontre, comme artistes, comme acteur.ice.s de cette culture, pour se déployer hors des logiques de domination qui ont structuré la Culture jusqu’ici. 

Cette fois, c’était question d’appropriation, ré-appropriation culturelle, de l’idée de transformation dans la création, de créolisation, d’échanges égalitaires et de la posture à adopter face aux institutions  :

« Le truc, c’est qu’il y a des codes, des règles qui sont là que les personnes qui s’approprient notre culture ignorent ou refusent de suivre »

« Ça peut être intéressant, en soi, d’éclater les codes d’une culture

en se les réappropriant

Mais quand c’est fait par les institutions, ça ne rejaillit pas

sur ceux.celles qui font et ont fait cette culture dans un premier temps »

« Dans la danse, y’a une partie de la nouvelle génération qui s’en foutent de la culture, font ce qu’ils veulent sur de la musique hip-hop et appellent ça hip-hop

 Ils.elles vont avoir une gestuelle super impressionnante mais sans musique, ça se voit que c’est pas du hip-hop

C’est une transformation, une hybridation mais ce qui est super paradoxal, c’est qu’ils.elles viennent avec une méthode

Le hip-hop, ça reste une danse sociale de base, dès qu’on apporte une méthode, on n’est plus dans la fête »

Jennifer Johnson, grande prêtresse du bien-être outre-Atlantique et coach cardio, dévoile ses conseils pour suer avec style, grâce à quatre mouvements de hip hop.

Marie Claire, article publié initialement en août 2014, réédité par Manon Duran en avril 2019.

« Ça questionne l’origine de tout en fait, on n’est pas hors sol,

on ne vient pas de nulle part

Le hip-hop, ça se base sur l’idée de réinvention, 

c’est pas comme la danse classique qui est un art militaire à l’origine

La construction d’une culture, ça interroge ses sources 

Et on ne crée pas hors sol »

«Y’a une notion de transmission, en fait, dans la question d’appropriation»

« Personne n’enseigne de la même façon mais ce qui fait la danse hip-hop, c’est le bounce

Le break, c’est la première danse hip-hop

Son enseignement, ça dépend de la pédagogie du prof, certain.es parlent, d’autres, non, certain.e.s sont plus dans les concepts, pour d’autres, c’est plus organique

Dans la première génération de danseur.se.s hip-hop, y’a pas de compagnie de danse, soit y’a seulement la vision soirée, soit c’est entre les deux : à la fois festif et intellectuel 

Le truc qu’il faut avoir en tête, c’est que y’a pas de formation classique du hip-hop

Ça naît aux Etats-Unis, y’a pas de règles

Les danseur.se.s français.e.s voient les clips des américain.e.s et créent des variantes avec

Après ça, les américain.e.s commencent à structurer les choses, y’a tout un dictionnaire du hip-hop, « l’origine » des pas, que les gens ont commencé à apprendre

Après, ces gens-là, ceux.celles qui sont à l’origine du dictionnaire, sont invité.e.s pour donner des stages

 Leur parole, elle est sacrée en gros

Et le hip-hop s’est popularisé comme ça »

Le groupe Aktuel Force, place de la Sorbonne. © Marc Terranova

« Ouais et le hip-hop c’est pas fondamentalement nouveau

Avant ça, y’avait le jazz, le kung-fu, la capoeira…  »

« Donc on peut dire que ce qui se passe avec une partie de la nouvelle génération, 

ce serait une transformation, un renouvellement de la danse hip-hop ? »

« La transformation d’une culture, en soi, c’est pas dérangeant mais si c’est fait de manière volée, ça ne pourra pas donner de choses intéressantes

T’es libre de faire ce que tu veux et de mélanger ta culture à celle-là mais le respect des deux cultures, c’est ultra-important et le respect, ça se traduit par les connaissances »

« Y’a des salles qui s’approprient le mot hip-hop pour vendre des cours

Normalement, les personnes du hip-hop, on les connait

On se retrouve dans les battle, dans les soirées

Donc on sait aussi quand des institutions se ré-approprient des choses de la rue

Dans ces salles, on va avoir de la musique hip-hop

avec de la danse jazz par exemple »

« L’esprit hip-hop, c’est un esprit de partage, d’échange

De base, c’est de ça qu’il est fait, de cultures qui se mélangent, portoricaine, afro-américaine, mais dans le respect

Y’a une différence entre l’échange et la domination, l’appropriation mais c’est deux logiques qui coexistent aujourd’hui »

« De base le hip-hop, c’est pas non plus politique mais aujourd’hui il l’est

D’où l’importance de différencier l’échange, la créolisation de la domination, l’appropriation »

Teaser de l’exposition JAY RAMIER KEEP THE FIRE BURNING (GADÉ DIFÉ LIMÉ) tenue au Palais de Tokyo du 26/11/2021 au 13/03/2022 : À l’occasion des 10 ans du Lasco Project, le Palais de Tokyo invite Jay Ramier, artiste considéré comme étant l’un des pionniers du hip-hop hexagonal, un mouvement créolisé et postcolonial.​

« D’autant plus quand y’a un danger à ne pas le faire

Les institutions vont poser un dogme du hip-hop qui ne viendra pas de la rue

Ça va devenir la référence de base, la seule trace qu’il reste de cette culture »

«  Mais aujourd’hui, on ne peut pas se mentir, le hip-hop n’est plus dans la rue

C’est des cours dans les salles de danse, les gens viennent pour obtenir des informations du prof, plus pour le plaisir

Y’a déjà eu une institutionnalisation de la danse »

« Et cette institutionnalisation, ça va avec un blanchiment de la technique

Y’a peu de français.e.s dans les cours, plus des gens du Nord de l’Europe, des norvégien.ne.s…

C’est comme les championnats de danse africaine,

ce sont des personnes nord-européennes qui les gagnent

Dans les cultures africaines, la danse ne s’apprend pas dans des cours,

on fait ça avec la famille, les ami.e.s »

« Les danseur.se.s hip-hop, maintenant, ils.elles virent tous.tes vers autres chose, ils.elles intellectuellisent leur travail et vont plutôt se pencher vers l’exploration de la sensation, du geste »

« Y’a pas eu d’écriture hip-hop en France de base, plutôt une écriture jazz ou contemporaine donc forcément, les danseur.se.s vont aller vers une écriture contemporaine de la gestuelle hip-hop »

Affiche pour la projection des Indes Galantes, un opéra chorégraphié par Bintou Dembélé, chorégraphe et danseuse pionnière du hip-hop en France et mis en scène par Clément Cogitore, artiste contemporain et réalisateur français.

« C’est dommage parce qu’y aurait pu avoir un véritable échange entre les danseur.se.s contemporain.e.s et les danseur.se.s hip-hop mais y’a eu une appropriation et une instrumentalisation presque dès le début de la danse hip-hop par l’art contemporain quand les gars du hip-hop avaient pas encore le niveau pour faire une écriture hip-hop de la gestuelle hip-hop »

« L’idée de transformation et d’échange, elle est toujours présente dans la création mais ça doit pas être un paravent pour occulter des logiques de domination et d’appropriation

Si on veut écrire sur une culture ou en faire parti.e, faut parler avec tout le monde, apprendre, avoir beaucoup de respect et s’inscrire dans ce qui nous lie

Dans la danse hip-hop, le mouvement de base, c’est le bounce

Après ça, on est libres »

View Comments (0)

Leave a Reply

Your email address will not be published.

Scroll To Top