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Foutre le feu, c’est maintenant

Foutre le feu, c’est maintenant

Foutre le feu, c’est maintenant. Les catastrophes ne sont plus à venir, elles sont en cours. Il faut donc renforcer tous les services publics pour y faire face. Cet investissement massif passe par une redistribution inédite des richesses. Cette redistribution, le gouvernement n’en veut pas, les riches n’en veulent pas. Gouvernement et riches doivent donc céder. Il n’y a pas d’autre alternative.

Comme chaque année, Oxfam a sorti un petit schéma mnémotechnique pour essayer de visualiser le monde de tarés dans lequel nous vivons. Quelque soit ce visuel, on sait que quelques familles (au niveau du monde et du pays) détiennent presque tout. Et l’immense majorité de l’humanité, presque rien.

On a aussi appris que les entreprises du CAC40 n’ont jamais distribué autant de dividendes à leurs actionnaires. On a aussi appris que les banquiers d’affaire n’ont jamais été aussi nombreux a gagné des millions. Bref, que les plus nuisibles de la société ont encore plus de moyens cette année pour nuire encore plus l’année qui vient. Ces gens-là détruisent littéralement la planète, et le système financier leur offre toujours plus de carburant pour accélérer cette destruction. Plus vite, plus fort, contre tout et tous.

A comparer avec les personnes qui travaillent au bien-commun:

Demander gentiment

Le plus sage quand la maison brûle, c’est d’appeler les pompiers. Vous faites le « 18 » et des gens compétents viennent avec des lances d’incendie. Petit problème: dans ce cas, le « 18 » vous envoie des pyromanes. Si vous demandez au gouvernement de réduire les inégalités, il trouvera le moyen de les élargir encore. Il se montrera créatif et innovant pour aggraver le problème, plus de carburant sur l’incendie.

Ce ne sont pas forcément des gens « méchants ». Ils sont juste incapables de concevoir autre chose que la bêtise dans laquelle ils baignent depuis des générations maintenant. Les néolibéraux sont si persuadés du pouvoir de l’image qu’ils confondent images et réalité. On leur demande de reconstruire une maison et ils pensent à la repeindre, jamais à en changer les fondements.

Gouvernement photoshop

Cette cécité ou, plus fondamentalement, incapacité de concevoir autre chose qu’un changement superficiel, d’images donc, ne vient pas de nulle part. Elle est inscrite en eux. Cabinets de conseil, de marketing, en bref publicitaires de tous genres (sous des noms plus ou moins fantaisistes): c’est toute leur industrie qui n’est que de la fabrication d’images. Pour eux, l’image est existentielle. Elle est leur raison d’être.

Pour un « gouvernement Macron » (il pourrait s’appeler Hollande ou Sarkozy), le monde se partage entre qui construit l’image et qui la perçoit. L’image est donc leur unique boussole. Si un peuple enrage contre la dégradation constante des conditions de vie, il ne peut en aucun cas être question d’améliorer les services publics en vue de rendre ces conditions plus acceptables. Car eux ne conçoivent qu’un problème de perception. Ce peuple a mal perçu une image. Il convient donc de changer cette image pour changer la perception. Voilà tout. Et si c’est encore raté, il s’agira de photoshoper à nouveau.

Un étudiant peut littéralement s’immoler par le feu et il ne sera jamais question d’augmenter les bourses, les aides au logement ou, soyons fous, de construire des logements moins insalubres. Des logements sans rat ni cafard, ce genre de folie. Et, ô grand jamais, d’un salaire, un logement et de la nourriture pour former dans de bonnes conditions les générations appelées à sauver la planète du désastre dans laquelle nous l’avons mené. Non, un numéro vert et la photo (en 3D) du plan d’un futur campus y suffiront.
Immolé? Oublié.
Immolé, mauvaise image, heureusement oubliée.

Les comptes publics, un conte à dormir debout

A chaque fois qu’un gouvernement décide d’une insanité bien dégueulasse, il invoque « l’équilibre des comptes publics ». Aujourd’hui ce sont les retraites, hier c’était le chômage, avant-hier des coupes dans l’Éducation, etc. Toujours au nom d’une comptabilité saine.

Il y a peu, la Suisse, pas exactement un pays communiste dirigé par des gauchistes mangeurs de riches, a exigé le paiement d’impôt à un milliardaire. Le fisc de Genève menace Patrick Drahi (proprio de BFM-TV, entre bien d’autres) d’un redressement fiscal de 7, 4 milliards.

Le mot important c’est « milliard », 1 000 000 000, qui n’a strictement rien à voir avec million, encore moins avec mille ou cent euros qui est le bout du monde pour beaucoup d’entre nous. Un seul contrôle fiscal devrait rapporter 7,4 milliards à la collectivité, donc. Mais, curieusement, il y a une chute constante du nombre de contrôles de ce type en France.

En revanche, il y a toujours plus de contrôles pour lutter contre la « fraude sociale » qui, elle, représentait en tout un milliard (selon la cour des comptes). Autrement dit, l’Etat français préfère contrôler des dizaines de milliers de personnes pour obtenir un milliard plutôt que quelques personnes pour des dizaines de milliards. Voilà pour la fameuse rationalité, et équilibre, des comptes publics. Des idéologues au service de la rapacité des plus riches, voilà ce qu’ils sont. Ni plus, ni moins.

Fraudes (détectées et estimées) en milliards en 2019. Infographie de Alternatives Economiques

Foutre le feu, c’est maintenant

Il n’y a donc rien à demander au gouvernement, puisqu’il ne comprend que des images quand c’est la réalité qu’il faut changer. Rien à discuter, puisqu’il ne parle pas un langage rationnel (voir le conte à dormir debout, ci-dessus). Or, toutes les urgences nous rattrapent.

Pas besoin de s’éterniser sur notre monde qui brûle. Mais une planète de moins en moins vivable, c’est l’exigence de services qui soient prêts à faire fasse aux catastrophes qui se multiplient. La question est de savoir si ces services seront accessibles à tous, à une partie de la population ou à une toute petite minorité.

Les ultra-riches sont déjà prêts à affronter confortablement les catastrophes (dont ils portent une bonne part de responsabilité). Les riches améliorent chaque jour leurs services (de l’aire conditionné aux quartiers « sécurisés » contre les pauvres, en passant par la clinique privée). Les classes moyennes et les pauvres voient leurs services se dégrader constamment. On nous dépouillent alors que the winter is coming. Il n’y a d’autre solution que réchauffer tout ça. Et pas qu’un peu.

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