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Nouvelle révolution à Cuba : les femmes remontent sur le ring !

Nouvelle révolution à Cuba : les femmes remontent sur le ring !

C’est officiel, les femmes remontent sur le ring ! Les boxeurs cubains jouissent d’une solide réputation à l’échelle mondiale. Mobilité, technicité et efficacité font de l’école cubaine, une école singulière. Depuis des décennies, les hommes illuminent la grande scène olympique. Mais en parallèle, les femmes ont été interdites de monter sur le ring jusqu’en 2022. Le 5 Décembre dernier, l’institut des sports cubain a fait une annonce historique : les Cubaines sont enfin autorisées à reboxer ! Une véritable révolution pour l’île des Caraïbes.

Cette réforme voit le jour après des décennies de combat des athlètes mais aussi des entraîneurs cubains qui voient enfin tomber le dernier rempart du machisme sportif. Ariel Saínz, vice-président de l’institut cubain des sports ( INDER ) a présenté cette décision historique comme «  une étape importante dans le développement » de la boxe cubaine. 

Les femmes remontent sur le ring : le premier championnat national féminin a été organisé à Cuba en Décembre 2022.

En effet, la boxe, un sport qui fait la fierté de l’île aux 11 millions d’habitants. Cuba c’est 80 titres mondiaux et 41 titres olympiques dans cette discipline. Un succès qui débute en 1959 lorsque l’île des Caraïbes bascule dans une révolution communiste. Fidel Castro prend la décision de mettre fin au sport professionnel. La boxe devient alors une discipline strictement amateur. 

Pour engranger des titres et des médailles, l’État met en place l’école de boxe cubaine sous la direction d’Alcides Sagarra ( entraîneur national de 1962 à 2001 ). « El Maestro » a notamment été l’entraîneur de Téofilo Stevenson mais c’est surtout l’homme qui a fait de la boxe cubaine amateur une force dominante mondialement. 

Alcides Sagarra aux côtés de son poulain Teofilo Stevenson en 1973.

En 1972, Cuba obtient 5 médailles d’or aux JO de Munich. Depuis, ils ont gagné au moins une médaille d’Or à chaque olympiade. Le staff cubain est dans un perfectionnement constant et les boxeurs ont leur propre style.
Depuis la Révolution castriste, la boxe devient le sport emblématique. Les boxeurs médaillés sont acclamés comme des héros à l’instar de Teofilo Stevenson, triple médaillé d’or olympique et 4 fois champion du Monde amateur ou encore Felix Savon, triple champion olympique également et 6 fois champion du Monde amateur. Des palmarès jamais égalés jusqu’ici. 

La boxe est à Cuba ce que le foot est au Brésil

Deux ans avant la disparition de Fidel Castro, le gouvernement choisi d’assouplir sa réglementation. Ainsi, en 2014, l’équipe nationale participe à un nouveau championnat semi-professionnel : le World Series of Boxing. Sans casque, sans maillot sur un format de 5 rounds de 3mn. Vous l’aurez compris, les athlètes cubains sont portés par la ferveur de tout un peuple qui depuis toujours a la boxe dans le sang. 

La World Series of Boxing, une compétition semi-professionnelle autorisée à Cuba depuis 2014.

Désormais, les femmes peuvent faire leurs armes dans l’école de boxe cubaine. Depuis l’annonce officielle de l’autorisation, la boxe féminine se développe à vitesse grand V sur l’île. « Ils ont déjà organisé les championnats nationaux féminins sur les catégories olympiques et ils ont déjà une soixantaine de féminines. C’était interdit en compétition mais elles pratiquaient un petit peu comme ça. A mon avis, on va trouver une équipe assez compétitive assez rapidement. » déclare Stéphane Cottalorda, entraîneur national à la FFBoxe, responsable de la filière féminine

Stéphane Cottalorda, à gauche sur la photo, en séance d’entraînement avec les féminines françaises.  ©Nadia Poorjabar

Le résultat d’un combat de longue haleine

Effectivement, les femmes s’entraînaient déjà de manière clandestine aidées parfois par certains entraîneurs nationaux à l’instar de Maikro Romero, champion olympique en poids mouche à Atlanta et désormais un des coach de l’équipe junior. Les hommes ont toujours approuvé la boxe féminine et aidaient même les femmes à progresser. Fortes de leur apprentissage caché, une soixantaine de cubaines ont donc participé au premier championnat national féminin, deux semaines après l’officialisation de la boxe pour les femmes. Pour l’entraîneur féminin français : « Les boxeurs avaient leurs qualités physiques, d’agilité, leurs qualités naturelles de part le mode de vie de l’île. Il n’y a pas de raisons que les filles n’aient pas ces qualités de base avec la qualité d’encadrement, les partenaires et l’opposition. Ils s’y mettent donc on devrait les voir assez rapidement sur les championnats continentaux panaméricains courant 2023 pour pouvoir évaluer vraiment leur niveau à l’international. »

Une équipe féminine en préparation pour les JO de Paris

Effectivement, la première équipe féminine cubaine se prépare d’ores et déjà pour les Jeux d’Amérique centrale de San Salvador en Mai 2023. Cette compétition est qualificative pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Une nation forte émergente en boxe féminine pourrait rapidement voir le jour selon Stéphane : « Avec moins d’expérience mais je pense que oui les filles peuvent faire les mêmes résultats que les garçons. Il y a toutes les chances. Ils ont la quantité, ils ont la qualité d’encadrement, ils ont le moyen de s’en sortir à travers le sport. Je pense que ça va permettre aux femmes, aux filles, de vivre des choses à l’étranger, sortir de leur pays. Donc elles auront toutes les bonnes raisons de s’investir pleinement et d’être performante assez rapidement. »

L’autorisation de la boxe féminine offre aux femmes cubaines de nouvelles perspectives d’avenir.

Depuis 2014, Cuba va dans le sens d’une ouverture sur le monde avec notamment la chute de l’embargo. De multiples perspectives s’offrent désormais aux femmes cubaines. Elles sont aujourd’hui représentées dans tous les sports avec l’haltérophilie et la lutte depuis 2006. « C’était surprenant parce que la boxe féminine non mais l’équipe de Judo participait aux compétitions internationales, l’Haltérophilie aussi ils sont forts, le Volley, la Lutte… donc je ne comprenais pas pourquoi la boxe était interdite. C’était vraiment le privilège masculin là-bas. Il n’y avait pas de raisons cohérentes pour que la boxe échappe à cette ouverture. Au final, ce n’est peut-être pas quelque chose de positif pour nous ( rires ) mais pour les femmes à Cuba c’est peut être la chance d’une vie pour certaines. » commente M. Cottalorda.

Un léger coup de pression pour les boxeuses internationales

L’arrivée des Cubaines en compétition internationale est un défi à relever pour de nombreux pays. Dans le cadre de préparation diverses, les équipes nationales s’accueillent mutuellement dans leurs pays respectifs afin de diversifier et optimiser au maximum les séances d’entraînements.

Stéphane Cottalorda, à droite de Romane Moulai, sacrée Championne d’Europe U22 en 2022.

« Point de vue compétitif, je vais dire que c’est une adversité de plus à l’échelle internationale. Donc des adversaires potentielles en plus. Sachant que leur boxe est quand même basée sur les déplacements en tous cas pour les garçons. Je ne connais pas encore la boxe féminine. Leur formation est dispensée de manière uniforme sur l’ensemble de l’île. Avec des entraîneurs de région qui donnent les informations aux entraîneurs de clubs de toute l’île. Ils font donc le même contenu et on voit les résultats que ça produit chez les garçons. Donc, ils vont se servir de cette organisation très descendante et très structurée qui fonctionnent chez les mecs. Il n’y a alors aucune raison malheureusement que ce ne soit pas opérationnel très rapidement chez les filles. Donc au final, ce sont des adversaires sans doute d’un bon niveau qui vont arriver sur la scène internationale à très court terme. »

L’Equipe de France Elite hommes rencontrait son homologue cubaine en 2019. L’occasion pour les Français de se jauger face à la meilleure nation mondiale de boxe.

Le savoir-faire cubain s’est exporté à travers le globe puisqu’une trentaine d’entraîneurs de l’île travaillent au sein d’équipes nationales étrangères ( Chine, Bulgarie, Azerbaïdjan, Russie…). La France, forte de ses bonnes relations entretenues par Dominique Nato, président de la FFBoxe avec Cuba, compte deux entraîneurs cubains dans son staff. A commencer par Luis Mariano Gonzalez, entraîneur des hommes au sein de la Team Solide des JO de Rio, entre autres. Mais aussi, depuis Septembre 2022, Humberto Horta, en charge avec Stéphane Cottalorda d’entraîner les féminines. « Si on a possibilité on va essayer de les faire venir pour travailler avec elles. Nos échanges seront facilités de part nos ressources humaines en interne qui sont cubaines. Je pense qu’on ne sera pas les seuls. Tout le monde va vouloir, entre guillemets, recevoir une délégation cubaine pour justement s’y frotter et s’y confronter. »

Nombreux sont ceux qui attendent avec impatience l’arrivée des boxeuses cubaines sur la scène internationale… avec très certainement pour elles, un seul mot d’ordre : Hasta Victoria Siempre !

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