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Une déradicalisation nécessaire

Une déradicalisation nécessaire

La Macronie ressemble de plus en plus à une secte religieuse, dont le dogme est d’autant plus rigide que son gourou et ses fidèles sont isolés du reste de la société.

Dans sa “gestion de la crise sanitaire”, le gouvernement français fait bien plus penser à une église ordonnant un dogme et ses multiples prescriptions qu’à une quelconque gestion rationnelle d’une crise. En définissant chaque jour ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas, il rejoint ces courants internes aux grandes religions monothéistes bien plus attachés à la forme qu’au fond. Chez les chrétiens, il se rangerait parmi les “ritualistes”, que l’on retrouve beaucoup chez les anglicans. Préoccupés de se distinguer du rite romain, ceux-ci portent une attention soutenue à la forme de leur dévotion plus qu’à la croyance au Dieu chrétien. Chez les musulmans, il ferait partie de ces sectes obnubilées par la distinction entre le harâm et le halal, plutôt qu’en l’amour d’Allah.

Asséner des certitudes plutôt qu’accepter un savoir en construction

Au lieu d’accepter que le savoir est par nature assez relatif et, dans le cas d’une pandémie inédite, matière à controverse, le gouvernement a souhaité asséner des certitudes. Dès lors, il est sorti du champ de la rationalité pour entrer dans celui du dogme. Depuis le début de la pandémie, il passe d’une certitude à une autre, d’un dogme à un autre, sans s’arrêter à des considérations de cohérence, de rationalité pratique ou de doutes scientifiques.

Et son dogme est d’autant plus rigide que sa légitimité est faible. À force de dire tout et son contraire, le gouvernement a défait son pouvoir de la parole. Il a démonétisé l’outil le plus nécessaire à la cohésion sociale face à la menace. Aujourd’hui, la parole de n’importe quel membre du gouvernement, Macron en tête, ne vaut pas le prix d’un masque chirurgical sur la bouche de Sibeth Ndiaye. Dans ce sens, la macronie est prise dans le type de spirale infernale que connaissent les groupes sectaires qui compensent leur baisse d’audience par la surenchère dogmatique. À défaut d’être beaucoup, ils sont “purs”, et la “pureté” les aliène encore plus du monde, et les poussent vers plus de “pureté”. Le gouvernement subit un phénomène classique de dérive sectaire.

Avoir ou non raison, peu importe

Mais a t-il raison ? Après tout, on pourrait penser que, puisque le vaccin serait efficace pour stopper la pandémie à le seule condition que la presque totalité de la population soit vaccinée, il convient d’obliger la population. Le problème c’est qu’il n’en sait rien. Il s’agit là d’une pure conjoncture qui, si elle s’avère exacte, est pour le moment tout à fait impossible à réaliser, pour la bonne et simple raison qu’il faudrait une campagne extrêmement rapide, efficace et, surtout, mondiale (au niveau national, la campagne vaccinale n’a pratiquement aucune chance de préserver des prochains variants, tout au plus peut elle mitiger les effets mortifères de ceux actuellement en circulation –ce qui constitue un argument en faveur du vaccin, confirmé par plusieurs études, à prendre en compte-).

Plus fondamentalement, poser la question en terme d’avoir ou pas raison, c’est passer à côté de la question politique qui devrait être centrale. Ce n’est pas avoir ou pas raison mais comment on construit cette raison qui intéresse la démocratie. Une vérité, fut-elle consensuelle, voire incontestable, parmi les scientifiques, qui serait imposé par une autorité politique n’aurait aucune valeur démocratique. En l’imposant autoritairement, le politique aurait délégitimé cette vérité. C’est exactement ce qu’a fait Macron. Sa décision autoritaire a délégitimé le principe même de l’obligation vaccinale, quand bien même celle-ci serait justifiable ou nécessaire.

Incarner le monarque : le fil rouge de la présidence de Macron

Le problème n’est pas le vaccin ou pas le vaccin, ni même son obligation. Le problème est la recherche de consensus populaire. Ce gouvernement croit que celui-ci s’obtient par des mesures autoritaires. Parce que Macron est persuadé que le peuple français désire un roi. Il s’ensuit, logiquement, que vouloir l’incarner est le fil rouge de sa présidence.

La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le Roi n’est plus la !

Emmanuel Macron, Hebdo le 1, 8 juillet 2015

S’il avait été musulman, Emmanuel Macron se voudrait “commandeur des croyants” ; comme il est catholique, il se prend pour un “roi très chrétien”. Et, quelque soit le titre, la fonction est celle d’un prescripteur autoritaire, qui dirige selon sa seule foi, en un Dieu Très Chrétien ou une Très Haute Finance. Sa profession de foi envers la royauté date de 2015, six ans plus tard, dont plus de quatre passés à l’Élysée, il n’a pas changé d’un iota. Ni l’aspiration démocratique des Gilets Jaunes, ni les roustes électorales à répétition, ont eu la moindre incidence sur sa conviction monarchiste. Voilà un signe manifeste de dogmatisme. Espérons que sa secte soit rapidement évincée, et que ses membres soient déradicalisés.

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