Des dizaines d’articles se sont succédé aujourd’hui, à la suite de notre révélation de la transformation de la Marianne de Shepard « OBEY » Fairey dans le 13e arrondissement de Paris par un crew de graffeurs anonymes. Une question était sur toutes les lèvres : mais qu’allait bien pouvoir répondre Shepard Fairey à un tel coup d’éclat ?
La réponse vient d’être donnée dans une déclaration transmise par l’équipe presse de l’artiste à la rédaction d’HIYA! : il soutient la démarche de ses cadets venus actualiser sa création ! « Je suis aux côtés de tou.te.s celles et ceux qui protestent contre l’injustice, si c’est ce que cette action voulait être, je la comprends », écrit-il en ouverture de son message.
Dans le court texte en anglais qui nous a été transmis, il souligne son admiration pour «la beauté» de notre devise, mais précise que ces mots ne sont beaux que lorsqu’ils «existent réellement, comme il aimerait que ce soit le cas». Et il n’hésite pas à aller plus loin : « la liberté, l’égalité et la fraternité sont des principes pour lesquels je me suis toujours battu par mon art et mon activisme (…) et que j’aimerais voir davantage en action en France, aux Etats-Unis et partout dans le monde ». Avant de conclure qu’il «n’est pas prêt» à laisser son œuvre entre les mains de ceux qui refusent d’accepter le détournement au motif qu’ils « ne sont pas d’accord avec ses auteurs ». Et il invite chacun·e d’entre nous à en faire de même !
La complexité et les ambiguïtés de cette déclaration soulignent le malaise d’un artiste qui ne se renie pas, mais qui reste conscient de sa position et de ses responsabilités. Il pointe avec soin que son œuvre est avant tout « une ode à la vie et à la dignité humaine, un témoignage de sa solidarité avec des Français endeuillés par les attentats » du 13 novembre 2015. Ce serait donc une erreur de chercher dans son intention initiale une quelconque volonté contestataire. Mais il ne cache pas sa conviction que les symboles sont mouvants et que leur sens peut, voire doit, changer au fil de l’urgence ressentie. Obey réaffirme son statut de street artist et il accepte que dans la rue, une œuvre n’est jamais fixée pour toujours. La Marianne aux yeux rougis en soit témoin.
Bien qu’il prenne ses précautions, Shepard Fairey soutient clairement l’intervention sur son œuvre Liberté Egalité Fraternité. D’autant plus qu’elle vient interpeller sur la déliquescence des valeurs que cette fresque incarnait à ses origines. Une véritable consécration de la part d’un artiste majeur qui, à son tour, appelle les artistes du monde entier à créer pour résister !
Le nombre et la diversité de personnes qui se sont reconnus dans le message communiqué par le détournement de la Marianne a été une belle surprise. D’autant plus grande, que les habituels fauteurs de troubles, et même l’intégralité de la classe politique, sont restés totalement silencieux… Suivez-nous sur @hiya.fr pour la suite et toutes les créations du projet #MariannePleure.