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Très gros malaise à La Place, Centre culturel Hip Hop

Très gros malaise à La Place, Centre culturel Hip Hop

Depuis 1 an, date de la nomination de sa direction bicéphale partagée entre Julien Cholewa et Rachel Kahn, force est de constater que « La Place, Centre Culturel Hip Hop » part en sucette.

Ce lieu dédié aux pratiques Hip Hop, censé réunir, fédérer autour d’une culture valorisant l’inclusivité, la diversité des parcours, le dialogue et l’émulation réciproque, semble marcher sur la tête. Le ver est pourtant dans le fruit dès le départ avec une Mairie de Paris qui se positionne en prescripteur quand elle n’est que membre de droit au conseil d’administration de l’association.

Nous y voilà, La Place n’est pas une structure qui relève des compétences de la Ville de Paris, mais en tant qu’association (loi 1901), elle dispose d’un conseil d’administration, composé de bénévoles, qui assure la cohérence entre les valeurs définies dans le projet associatif et les actions menées.

Au sein de ce conseil d’administration, la Mairie de Paris siège en tant que propriétaire des lieux et participe aux décisions, mais n’est en aucun cas dirigeante. Dès le départ, il y a un gros défaut de démocratie. Dans le genre, on marche sur la tête (si on avait tourné, ça aurait été plus simple, on aurait pu retomber sur nos pattes) La Place se pose là.

Aussi, dès l’ouverture la question de la fréquentation se pose. « La Place centre culturel Hip Hop », mais faudrait pas l’être trop quand même… Si Hip Hop signifie mélanger les publics, faire des ponts entre les catégories, permettre à chacun de s’exprimer par son corps, son art, sa création, alors pourquoi les affiches se ressemblent un peu toutes ? Pourquoi le public de banlieue est totalement absent et les activistes eux-mêmes peinent à se l’approprier ?

Loin de s’interroger vu les sommes (relevant de comptes publiques) impliquées, le changement de direction en octobre dernier n’a fait qu’enfoncer le clou. La nomination de Rachel Kahn interroge l’ensemble des acteurs jusqu’au conseil d’administration censé l’introniser.

Plus ou moins imposée comme co-directrice par la Ville, son rôle reste un mystère. Surtout quand elle se pavane sur les plateaux de Sud Radio, LCI et consorts, déversant son discours soi-disant universaliste (nouvelle formule dévoyée pour dire raciste) tout en fustigeant les causes chères au mouvement. Comment comprendre que la Mairie de Paris ait choisi une personne dont les propos sont empreints de misogynoir, de racisme, de justification des inégalités, entre autres réjouissances au cours de la promotion de son livre ?

Déjà là, gros malaise. Tollé même menant à la démission d’une partie du Conseil d’administration totalement dépité par l’écart entre leurs convictions et la réalité observée. Comment soutenir et participer à ce lieu, sans se poser la question de son aura, de ce qui se joue en sous-main ? Trop vite oubliée, la polémique autour de Rachel Kahn est mise sous le tapis.

Sauf qu’aujourd’hui, une nouvelle affaire surgit. Ce 16 octobre, La Place n’a rien trouvé de mieux que de fêter le 48ème anniversaire de la Zulu Nation en invitant son fondateur Afrika Bambaataa. A première vue, se racheter une image Hip Hop suite aux frasques de sa représentante, n’a rien d’étonnant. L’affiche reprend l’esthétique et les valeurs de la Zulu Nation : Peace, Love and Having Fun et le partenariat « historique » entre les deux structures trône en haut de l’affiche. Sauf que celui-ci, même s’il peut piquer le petit cœur du bobo parisien qui n’a pas grande chose de Hip Hop, fait la part belle à un artiste sous le joug de nombreuses plaintes.

Une enquête s’est ouverte cette année pour agressions sexuelles et trafic de mineurs. Dans ce contexte, le principe de précaution s’impose et l’inviter interroge. Surtout que la pédocriminalité est assez mal vue dans le mouvement Hip Hop contrairement à d’autres cercles artistiques et culturels.

Sans surprise, l’argument est bien sûr qu’il faut séparer l’homme de l’artiste, histoire de nous faire une Polanski II … Mais bien sûr… Le respect des victimes et de leur parole, non ? N’est-ce pas le faux pas de trop ? Comment continuer de donner du crédit à un espace qui joue contre son camp ? N’est-il pas temps d’investir dans nos propres structures vu la difficulté à se faire entendre et comprendre par les institutions publiques. Plus rien ne nous étonne. Allez, prochain invité : Darmanin !

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