Dix ans à chercher sur la planète quel est le…
Si l’élection de Jo Biden est un soulagement, l’une des plus grandes surprises de cette élection est l’ancrage de Donald Trump dans la société américaine. Le nouveau Président saura-t-il nous surprendre en réconciliant le pays pour passer le flambeau à la nouvelle gauche américaine.
Bonjour à vous tou.te.s, on peut pencher du côté de l’optimisme devant le programme XXL de Joe Biden qui porte une vraie politique sociale-écologique et un plan vert de relance économique. Deux mille quatre cents milliards de dollars sur quatre ans auxquels s’ajoutent trois mille milliards d’investissements privés, avec l’objectif d’une production d’électricité entièrement décarbonée à l’horizon 2035 ! Un plan de relance ambitieux qui n’oublie pas l’éducation, la santé et les plus démunis pour réduire la fracture raciale. Une réforme fiscale majeure qui permettrait de récolter quatre mille milliards de recettes supplémentaires sur dix ans qui fera baisser de 14 % le revenu disponible des 1 % de contribuables les plus fortunés. Un plan qui n’a rien à envier à celui de Franklin Delano Roosevelt. C’est comme si Bernie Sanders et Alexandria Ocasio avaient déjà poussé leurs pions.
L’influence de Donald Trump dans la société américaine est confirmée
Rien n’est pourtant acquis pour le couple Biden-Harris. L’une des plus grandes surprises de cette élection est sans aucun doute l’ancrage de Donald Trump dans la société amércaine. Les quatre ans passés à la maison blanche n’auront pas été qu’une funeste parenthèse. Complotisme, conspirationnisme, intégrisme religieux, parades dans les rues avec des armes à feu, toutes ces comportements que nous pensions appartenir à un autre âge sont profondément ancrés dans l’Amérique de 2020. Un pays qui a sombré dans la paralysie, la violence, jusqu’à remettre en cause la légitimité des institutions démocratiques. Joe Biden réussira-t-il à faire basculer la tendance, faire sortir le pays du récit libertarien qui a lentement déconstruit l’Amérique depuis les années quatre-vingt et dont Donald Trump aura été le point d’orgue. Bien malin qui saura établir un pronostic. L’Amérique est en effet entre deux « trains ». Elle ne se choisit pas seulement un président, mais une identité. Confirmera-t-elle sa disparition de la scène internationale ou redeviendra-t-elle une référence démocratique ?
Une autre Amérique se dessine
Face à ce climat délétère qui divise profondément le pays, ne sous-estimons pas sa capacité de rebond. Son dynamisme pourrait surprendre. Une autre Amérique se dessine, « un grand renouveau en faveur de la pensée et de l’engagement pour la démocratie », assure Renaud Lassus. Le plus souvent étrangère au monde politique, cette renaissance intellectuelle « est portée par des acteurs non traditionnels comme des investisseurs, des syndicalistes, des entrepreneurs de la Silicon Valley, des universitaires ». Les atouts pour rebondir, tracer de nouveaux chemins et changer sa relation au monde sont intacts. Sur le plan politique, une fois encore l’Amérique est sauvée par son immigration, et qui plus est par des femmes. Alors que la gauche française de Jean Luc Mélanchon au parti socialiste en passant par les verts, tous les leviers du pouvoir restent entre les mains d’idéologues qui perçoivent le monde avec cinquante ans de retard, la « Victory Squad crève l’écran » Alexandria Ocasio-Cortez (d’origine portoricaine), Ayanna Pressley (élue noire de Boston), Rashida Tlaib (d’origine palestinienne) et IlhanOmar (arrivée à 10 ans de Somalie) ont été toutes les quatre renouvelées lors de ces élections. Symbole de ce renouveau politique, elles cochent ensemble les deux principales cases : l’immigration et le genre. Des qualités indispensables pour percevoir le monde dans sa nouvelle réalité, dans sa complexité et sa diversité. Cette nouvelle gauche américaine qui se qualifie elle-même de socialiste au grand dam des conservateurs pourrait bien nous surprendre. Le nouveau Président saura-t-il ouvrir le chemin pour leur passer le flambeau ?
Refuser les frontières qui sclérosent l’inspiration
La construction de valeurs communes en partage « requiert une morale de la retenue, infiniment accueillante à toute vérité venue de l’extérieur », soulignait Claude Lévi-Strauss. Nous y sommes ! Tout projet politique d’avenir reposera sur cette ouverture et de cette retenue pour faire cohabiter des mondes, des cultures que tout oppose. Trouver des zones médianes, hors des étiquettes partisanes, n’est-ce pas là que réside le plus grand défi du XXIe siècle et qui touche au plus près de notre réalité quotidienne ? Ne pas céder à l’émotion, au désir de puissance, écouter, entendre, chercher l’apaisement sans rien lâcher de sa détermination. C’est un nouvel apprentissage du politique que nous devons faire, celui qui vante les vertus de la migration et refuse les frontières qui sclérosent l’inspiration. La « Victory Squad » sera-t-elle à la hauteur ?
Dix ans à chercher sur la planète quel est le meilleur endroit pour vivre et comment. Quelques dommages collatéraux et à trente ans un changement de cap qui m’a fait comprendre le dessous des cartes en termes d’économie et de politique. Passionnant. Un retour aux sources depuis dix ans qui ne me laisse plus le choix sinon de renverser la table . Maxime : « Ne jamais lâcher l’affaire. »