Originaire de Montreuil, ce binôme composé d’un rappeur Sanguee et d’un beatmaker MoMo Spazz, nous livre son 6ème projet. Le 2ème de l’année après Twareg sorti le 3 juillet dernier.
« Dans mon téléphone j’ai un tas d’histoires », voilà qui annonce que Sanguee va sans doute raconter à ses auditrices/auditeurs quelques histoires, principalement sur les prods hybrides composées en majorité par MoMo Spazz.
Le binôme montreuillois démontre une fois de plus à travers ce projet qu’il a une esthétique musicale unique, qui lui est propre. Une fois de plus MoMo Spazz a composé un écrin musicale hybride entre rap et électro le tout saupoudré de notes orientales. Il n’y qu’une prod qui vient contraster avec cet univers vaporeux, celle de Maladresse composée par Amine Farsi & Flem (ils ont notamment travaillé avec Freeze Corleone sur LMF). Avec sa couleur sombre, inquiétante et sa texture plus grasse, elle vient donner une autre dimension au propos de Sanguee, même si ça peut donner l’impression qu’elle arrive un peu comme un cheveux dans la soupe sur le projet, la couleur TripleGo se fait moins sentir. Sur une prod comme celle de P€Sos, l’hybridation des sonorités rap, électro et orientales, est vraiment présente, ce morceau a donc cette couleur unique qui correspond à l’univers TripleGo. Les sonorités électro et house s’entendent également sur des titres comme Ghetto House et 2020 l’outro de 3. Ghetto house, elle, a des sonorités plus lounge et planante, alors que 2020, elle, est plus sur des sonorités électro plus clubbing sans toutefois oublié ce côté planant également. MoMo Spazz intègre à l’univers du duo, les sonorités actuelles de la Uk drill sur le morceau Pop! sans oublier d’y inclure pour autant ce qui fait la touche TripleGo. Tonight et Secreto sont plus sombres en collant aux thèmes des morceaux, la prod de Tonignt laisse planer l’idée d’une nuit inquiétante, quant à l’instru de Secreto elle évoque une notion de mystère.
En plus de ces prods qui font le style TripleGo, difficile de passer à côté du travail sur la voix de Sanguee. Avec cette réverbe sur sa voix qui donne l’impression qu’il se trouve dans un endroit loin de nous où il est seul. En plus de cette réverbe, il rajoute un effet qui rend sa voix plus grave comme sur Maladresse, ce qui rajoute une sensation de profondeur. Tous ces effets qui font parti de l’univers des Montreuillois sont ultra maîtrisés. Sanguee en plus de ces effets, rappote et rap, il ne tombe pas dans la monotonie, il gère ses différentes nuances de flows.
L’esthétique est aussi présente dans l’écriture de Sanguee. C’est vrai qu’il est difficile de dégager des thème précis dans les morceaux, mais les ils peuvent être perçus comme une suite de Haïkus. Les bars sont assez courtes, les rimes y sont simples et efficaces, « Fais ‘ner-‘ner, je pète le score. Fuck les porcs, tout est gore ? Je me casse là-bas quand tout l’monde dort. Toi t’es Karaba, tu jettes des sorts. Vas-y fais ‘ner-‘ner, je pète le score. Fuck les porcs, tout est gore ». Sanguee joue aussi beaucoup sur les répétitions de bars comme pour qu’elles s’impriment dans les oreilles des auditrices/auditeurs, « Viens chez moi c’est sordide. Viens chez moi c’est sordide » ou « Tu cherches un truc à sniffer. Tiens ton para va kiffer. Mon équipe est qualifiée. On va les Mia Khalifer. Tu veux un truc à sniffer. Tiens ton para va kiffer. Mon équipe est qualifiée. On va les Mia Khalifer ». Sur certains morceaux Sanguee joue sur une asymétrie des couplets comme sur Machakil ou le 1er couplet est plus long que le 2ème. Une des spécificités de TripleGo c’est aussi le fait que Sanguee rap ou rappote en Darija, comme sur 2020 où le morceau est complètement en Darija avec quelques inserts de mots anglais et français. Sur Machakil qui signifie « les problèmes » en Darija, Sanguee rappote un pré-refrain en Darija lui aussi. Sur ces passage en Darija, il privilégie une diction plus chantée.
TripleGo, c’est une esthétique, une vision, une musique à plusieurs influences, tout à fait unique dans le paysage du rap français. Avec 3 ils font une fois de plus preuve de cette singularité qui les caractérise. Le duo montreuillois fait montre une fois de plus d’une maîtrise d’un univers complexe aux multiples influences, qu’ils arrivent à rentre audible pour celles et ceux qui n’auront pas peur d’y tendre l’oreille.