Xpome aime imaginer des lettres surprenantes et originales. Et on aime regarder ses créations, vous trouverez une surprise à la fin de l’interview…

Salut Xpome, tu as 37 ans, tu écris depuis 2001, tu es de Sofia en Bulgarie. Pourquoi choisir ce nom ?
Le nom m’est venu quand je m’ennuyais en cours de Biologie, à l’époque en 2000. D’abord c’était chromozon xy, rapidement réduit à chromo ou chrome comme la couleur et après j’ai souvent écrit en lettre cyrillique.
Peux-tu nous dire comment tu as commencé l’écriture ?
J’ai découvert le graffiti au hasard en lisant le livre Graffiti Art #8 en librairie fin de l’année 2000. Ça m’a frappé aux yeux si fort que je savais que j’allais en faire très vite.

Dessinais-tu avant de commencer le writing ?
Je dessinais beaucoup quand j’étais enfant, des voitures, des bateaux et des chevaux 🙂
As-tu étudié la peinture ?
Pas vraiment, j’ai étudié l’architecture.

Tu as des lettres très spéciales, que recherches-tu lorsque tu les dessines ?
J’essaie toujours de trouver la même base pour chacune de mes lettres de manière à ce qu’elles soient toutes bien.
Quelles sont tes inspirations quand tu dessines ?
Je trouve mon inspiration de différentes façons, il y a ce qui m’entoure, la typographie, le design graphique, l’architecture, le pichação, la géométrie, l’art etc…

Comment définirais-ton style ?
C’est de manière évidente géométrique principalement graphique et droit.
Quelles est la définition d’une bonne lettre pour toi ?
Pour moi une bonne lettre doit avoir du mouvement, du style, de la finesse et de la saveur.

Voyages-tu beaucoup pour aller peindre ? Quels endroits as-tu visité ?
Oui, j’essaie de peindre autant que possible. Je suis allé en Grèce, en Turquie, en Roumanie, en Macédoine, en Serbie, en Bosnie, au Monténégro, en Albanie, en Croatie, en Slovénie, en Slovaquie, en République Tchèque, en Allemagne, en Pologne, en Ukraine, en Italie, en France, au Portugal, en Espagne, au Danemark, en Hongrie, en Moldavie, en Autriche, en Belgique, au Pays-Bas, en Angleterre, aux Etats-Unis, au Maroc, en Jordanie.
Quels endroits as-tu préférés et pourquoi ?
J’aime les villes comme Paris, Naples, Barcelone pour l’atmosphère sympa dans la rue et les tunnels 🙂

Pourquoi voyager pour aller peindre ?
Voyager c’est faire des nouvelles rencontres, découvrir de nouveaux endroits, s’enrichir soi-même, se développer et développer son style. Une des choses les plus importantes dans la vie.
Comment les autorités et les gens considèrent l’écriture dans ta ville, et dans ton pays de façon plus générale ?
Je pense que de plus en plus les gens acceptent le writing et le graffiti comme de l’art. Heureusement nous n’avons toujours pas de lois particulières contre le graffiti ni de police dédiée à ça.

Peux-tu nous dire comment et quand le writing a commencé en Bulgarie ?
Le graffiti est arrivé en Bulgarie au milieu des années 90, mais il n’y avait pas de peinture à la bombe. Je dirais que la deuxième vague vers 2000-2001 a été plus importante à Sofia, quelques personnes de cette génération dont moi, nous peignons encore.
Quels étaient les précurseurs ?
Les writers de Sofia et de Bulgarie sont SGB (Mad), Sirgo, Naste & Scum (LBC), X energy crew. J’ai débuté le writing avec ERIC 273 (RIP).

Penses-tu que les lettres ont des spécificités à ton ville et pays ou que tout a été dilué dans un grand style international ?
Je pense que notre alphabet cyrillique est assez unique. Malheureusement c’est moi et un autre peintre APC qui l’utilisons régulièrement avec nos bombes. En général c’est assez difficile d’avoir un style spécifique pour une ville maintenant. Tout est sur les réseaux très vite et les gens ont accès à ce qui se passe partout tous les jours.
Si l’œuvre d’art crée un monde et que la vie imite l’art plus que l’art n’imite la vie, quel genre de monde voudrais-tu que ta peinture impulse ?
Je souhaite que mon travail fasse que les gens se sentent mieux et plus créatifs chaque jour. Et j’espère que ça les inspire aussi !

Penses-tu que le writing modifie l’espace ainsi que la mentalité des gens, et si oui comment le modifie-t-il ?
C’est sûr que ça ne modifie pas seulement l’espace et le paysage, ça affecte l’esprit des gens aussi. Je pense que ça rassure les gens. Les murs blancs c’est pas humain, ça fait peur.
Que penses-tu que l’écriture puisse apporter à la ville pour les gens qui vivent avec ?
Ça apporte de la couleur, de la créativité, un sens de liberté, une touche humaine.

As-tu des anecdotes ?
Il y a une dizaines d’années, des writers de Berlin sont venus dans ma ville, l’un d’eux me demande « est-ce que tu sais qui est Xpome ? ».
As-tu un mot pour la fin ?
Paix, Amour, Unité et Joie partout dans le monde.
Plus de photos : https://www.instagram.com/x_p_o_m_e/?hl=de
Traduction par Sarah Gozzi.
Crédit photos Xpome.



