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L’impunité est leur crédo. A quand une évaluation du néolibéralisme selon ses critères?

L’impunité est leur crédo. A quand une évaluation du néolibéralisme selon ses critères?


Parmi les nombreuses folies structurelles du néolibéralisme, la plus évidente est la manière dont il choisit ses élites. Par exemple, Guillaume Pepy est connu pour sa gestion catastrophique de la SNCF. Si vous ne savez plus comment acheter un billet de train tant la procédure est devenue confuse, c’est sa grâce à sa direction. Ou, autre exploit, après des dizaines d’années de pointilleuse ponctualité, plus personne ne s’étonne de voir les trains arriver avec deux-trois heures de retard. Or, cette semaine, monsieur Pepy devrait être nommé à la tête de Orpea, l’entreprise qui dégage des millions pour ses actionnaires en retirant des miettes de pain de la bouche des vieillards dont elle a la charge (des miettes de pain mais aussi des couches, du temps de soin minimal et j’en passe).

Quel rapport entre gérer des trains et des vieillards ? Aucun, sauf la finance. Le néolibéralisme conçoit les entreprises comme des pures abstractions : des chiffres et rien que des chiffres. De son point de vue, des vieux et des trains, ce sont toujours des colonnes de chiffre. Si bien qu’il ne voit tout simplement pas de différence. Il s’agit toujours d’appliquer un management sadique et économiser sur le moindre bout de papier-toilette. En clair, se comporter comme une crevure. Afin de dégager du rendement.

Des directeurs interchangeables

Une élite néolibérale peut parfaitement être directeur d’un fabricant de voiture puis d’une université. Tout est conçu de la même manière, en unités de production. Ce directeur sera bien sûr incapable de comprendre les spécificités de la production et diffusion scientifique. Pour lui, la longue construction d’une université n’a aucun sens. Ce nouveau directeur verra uniquement des « pesanteurs » dans l’organisation et détruira l’existant au nom d’un rendement, d’une rationalité dans le management, qui fonctionnait pour construire des voitures. Une porte de voiture ou un article scientifique, il s’agit toujours d’une unité dans une chaine de production dont il s’agit de tirer le meilleur profit. La qualité est indifférente au néolibéral. Un hôpital sera donc géré en terme –en chiffre- de lits à éliminer, et non de comment fonctionnent les soins.

Les objectifs et les méthodes du néolibéralisme affichent de toutes parts leurs résultats catastrophiques. Mais, curieusement, loin de générer une remise en cause radicale, ce système s’alimente de ses échecs. Une banque sort renforcée de la crise qu’elle aura créé. Un laboratoire s’enrichit de n’avoir aucune réponse à une crise sanitaire. Et les directeurs de la banque et du laboratoire ne sont pas mis hors d’état de nuire. Ils changent de boite, prêts pour de nouveaux échecs. De nouvelles catastrophes que nous paierons tous. Eux, ne rendent jamais de comptes.

La question des résultats n’est jamais posé au néolibéralisme. Tel directeur exige de tous les employés un rendement exceptionnel et virera quiconque ne parvenant pas à ses objectifs de chiffre. En revanche, son bilan, aussi calamiteux soit-il, ne lui vaudra qu’un poste semblable dans une autre boite.

Nés pour diriger

Les néolibéraux naturalisent le fait de diriger. Un dirigeant est un dirigeant. Peu importe ce qu’il dirige, il dirige une fois pour toute. Voilà ce qui explique ces parcours hallucinants de directeurs qui passent d’une entreprise à une autre, provocant des catastrophes à répétition. Le même pourra aussi passer par « la politique », les pays étant considéré comme une entreprise comme une autre.

Pour revenir à monsieur Pepy chez Orpea, il s’agit seulement de trouver un directeur qui « gère une crise ». La monstruosité absolue du « business model » de l’entreprise n’est pas son problème : après tout, l’entreprise a généré d’énormes bénéfices. Elle a donc remplie sa mission première.

Qu’un tel scandale ne débouche pas sur un démantèlement de Orpea dit tout du néolibéralisme. Il est parfaitement envisageable de confier la gestion de chaque établissement à des collectivités locales, avec un droit de regard des familles et des mises en relation des producteurs locaux avec les cantines de chaque établissement. Bref, de faire quelque chose de dignes pour nos anciens. Mais pour le néolibéralisme, une telle réforme est inenvisageable. Elle ne génèrerait aucun profit. Concevoir les vieux comme une source de profit, oui. Penser au bien-être des anciens, non. Il s’agit donc juste de trouver un nouveau directeur afin de rafraichir « l’image de l’entreprise ».

L’impunité structurelle

Plus largement, les néolibéraux sont les responsables de la désindustrialisation du pays (et de l’Europe, et des USA, et d’une bonne partie de l’Amérique du Sud). Concentrer toute la production dans une dictature, où les travailleurs n’ont aucun droit, régis par un Parti Communiste chinois. Voilà ce qu’a fait le néolibéralisme. Or, il ne s’agit pas d’un idée abstraite, ce sont des personnes: des idéologues, des politiciens et des chefs d’entreprise. Ces gens là n’ont pas disparus quand le pays s’est rendu compte que nous n’étions même plus en mesure de fabriquer de pauvres masques chirurgicaux. Ils sont restés à leur place, ils sont là, ils gouvernent et gagnent beaucoup d’argent. En toute impunité.

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