Dix ans à chercher sur la planète quel est le…
Cette élection n’aura pas été le grand soir attendu par certains avec une victoire incontestée de la Nupes qui aurait conduit Jean-Luc Mélenchon à l’hôtel Matignon. Mais il y a bien eu un basculement, un changement de fond indéniable qui s’inscrira dans un temps long laissant présager de sérieuses périodes de chaos.
Le fait le plus marquant aura d’abord été le silence d’Emmanuel Macron durant cette campagne. Pas de programme, refus de médiatisation, manque de présence auprès de ses troupes, comme si le président refusait le combat. Pire encore, comme s’il avait perdu foi en sa bonne étoile. L’homme hyperactif du « en même temps » de 2017 s’est évanoui dans une absence qui traduit un effet déceptif, la ruine d’un égo. Le président hyper narcissique qui s’était projeté dans une vision messianique comme le sauveur de la France, l’homme providentiel et omniprésent admiré par la majorité des Français semble s’être effondré. Le « gamin » qui avait émergé en 2017 aurait-il perdu son jouet ?
Que s’est-il passé dans le cerveau de cet homme transformé ? Vanité, orgueil, mépris, pour des adversaires qui ne sont pas à sa hauteur ? La blessure de son échec serait-elle trop profonde ? Aurait-il compris que le monde fictionnel qu’il tente de construire est un leurre et que la jeunesse, la dynamique de changement est du côté de ses adversaires de la Nupes, et que lui-même est du côté des vieux, des frileux, des réactionnaires ? Il paye un lourd tribut à sa gouvernance en solitaire, à son manque de compréhension des forces qui sous-tendent la nation. Il semble seul, abandonné. Macron ou la ruine d’un égo ?
Un retour du réel qui prend tout le monde de court
Et avec lui, c’est tout un système qui doute. Un monde qui peu à peu prend conscience de la victoire à la Pyrrhus imposée par le néolibéralisme. Une victoire qui laisse un monde exsangue, sans forces, en proie à toutes les faiblesses, guerres, pauvreté, inflation, corruption… Les dominants qui pensaient avoir conquis les commandes d’un monde en perpétuelle croissance déchantent. Un retour du réel qui prend tout le monde de court. Le quinquennat de M. Macron est mort, il est la parfaite illustration de cette crise de conscience qui traverse le monde. Entre la guerre au cœur de l’Europe sans issue entrevue, l’opposition entre la Chine et les Etats-Unis qui ne cesse de se renforcer, le retour de l’inflation, les crises alimentaires, celle de l’énergie et la question centrale du réchauffement climatique.
Quelque chose s’est passé lorsque Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu’il serait premier ministre
Le pendant de cette élection est le retour de la gauche sur la scène politique. Certes fragile, mais réel. Depuis le tournant de l’austérité en 1982, la gauche n’a cessé de se renier en suivant la facilité des courants dominants, en oubliant son rôle de régulateur, de stabilisateur, d’opposant face à un monde de la finance en pleine expansion/destruction. La gauche a perdu son âme malgré toutes les opportunités qui lui ont été offertes par les électeurs de redonner du souffle à une société épuisée. Le chant du cygne aura été le quinquennat de Hollande et Valls, un exemple fatal de reniement.
Quelque chose s’est passé lorsque Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu’il serait premier ministre, un défi lancé qui a réveillé les esprits. Le regroupement des différents partis de gauche a scellé cette ambition. Que se passe-t-il vraiment ? Cette alliance est-elle une énième mobilisation de façade ? Quelque chose de plus profond, de plus stable ? Contre toute attente, la gauche est redevenue après des années d’absence la deuxième force d’opposition politique avec la possibilité de redonner du sens à la vie politique française, aux notions de justice sociale et de bien commun.
La Nupes est une lueur dans ce fatras glaçant. Alors, ne la négligeons pas.
Tous ces symptômes apparus ces quelques mois sont les signes d’une puissante transformation dont on a du mal à saisir les conséquences à court et à long terme. Nous tournons enfin la tête et regardons derrière nous les dégâts causés par une trop longue absence. Le monde va mal et il faut en toute urgence en tirer les conséquences. De nombreux indices témoignent que Macron lui-même a compris qu’il ne savait pas faire. L’homme providentiel manque d’épaisseur.
Épuisé, le système va chercher ailleurs de quoi se nourrir, le trading à haute fréquence est un aliment bien peu calorique pour des corps sains. Les risques sont énormes de nous voir prendre le virage de la guerre comme ce pourrait être le cas à Taïwan. Par ailleurs, les Américains, après leur départ du Moyen Orient, ont besoin d’une guerre. Leur industrie de l’armement a besoin d’écouler ses stocks d’armes pour voter de nouveaux crédits qui génèrent les milliards nécessaires à leur croissance. L’Otan piaffe d’impatience face à la Russie qu’elle rêve de défaire. Alors, quoi ? Macron est mort. La guerre est à nos portes. L’inflation comme la pauvreté galope. On ne peut pas vraiment dire que le résultat de cette euphorie libérale dans laquelle la gauche a sombré aura été un franc succès pour l’humanité. La Nupes est une lueur dans ce fatras glaçant. Alors, ne la négligeons pas.
Dix ans à chercher sur la planète quel est le meilleur endroit pour vivre et comment. Quelques dommages collatéraux et à trente ans un changement de cap qui m’a fait comprendre le dessous des cartes en termes d’économie et de politique. Passionnant. Un retour aux sources depuis dix ans qui ne me laisse plus le choix sinon de renverser la table . Maxime : « Ne jamais lâcher l’affaire. »