Pseudo de Jérémy Rubenstein, historien, chroniqueur et écrivain (pas forcément…
Avec sa décision du 24 mai permettant aux états de supprimer le droit à un avortement sécurisé, la Cour suprême des États-Unis se sépare de l’opinion de la grande majorité des Étasuniens. En cela, cette institution ne fait que ratifier le divorce entre les institutions « démocratiques » et les peuples.
L’infamie n’a pas de fonds
La Cour suprême des États-Unis favorise les petits jobs du Texas. En effet, cet État avait, outre interdit l’avortement après six semaines, offert des primes de 10 000 dollars aux dénonciateurs de femmes disposant de leurs corps, ainsi qu’à leurs possibles complices. C’est ainsi que, depuis septembre dernier, un simple taxi peut être dénoncé pour avoir transporté une femme allant à une clinique. Saluons donc la décision de la cour Suprême des USA pour sa décision favorisant le pouvoir d’achat des mouchards texans.
A ce niveau d’infamie, il ne reste en effet que la dérision du désespoir. La décisions ultra-réactionnaire de la cour Suprême aura, bien entendu des effets dans le reste du monde. Les pro-avortement illégale, dangereux et cher ont gagné une bataille qui dépasse de loin les seuls États-Unis. (Rappelons qu’il n’existe aucun endroit ni aucune époque où l’avortement ne se pratique pas. Son illégalité le rend seulement bien plus dangereux et/ou plus cher. Ce ne sont donc pas des « pro-vie » ou des « contre-avortement » mais des militants pour un avortement qui tue ou mutile à vie des femmes et/ou réservé aux plus riches qui auront toujours les moyens de se payer une opération sûre).
Parler au nom du peuple contre le peuple
Aux États-Unis, c’est ainsi une norme qui va à l’encontre du principe d’égalité, en l’occurrence du droit de disposer de son corps. De plus, la norme va contre le sens commun de la grande majorité des habitants du pays. C’est une « loi » qui va contre les droits et les sentiments de la plupart (certains diraient contre le « sens de l’histoire » mais l’histoire ne va pas dans un sens). Aussi, avec cette décision ultra-réactionnaire, les institutions étasuniennes font surtout la preuve de leur incapacité à représenter le peuple au nom duquel elles décident.
Rien à voir, tout à voir. Autre pays, autre contexte. La séquence électorale française (présidentielle puis législatives) qui vient de finir démontre aussi la grande distance entre la prétention des institutions à représenter le peuple et la parfaite inanité du vote pour y parvenir.
Les gens dégoûtants
Outre le fait que la moitié de la population boycottent (pour les raisons les plus variées) les urnes, seule une infime minorité de l’autre moitié se sent représenter par le président et les députés nouvellement élus. Ces derniers, pour l’essentiel, sont des gens qui ont fait des études (d’administration ou de commerce) qui dégoutent la presque totalité du reste de la population. L’ENA (ou le machin qui le remplace) ou HEC raisonnent avec des mots technocratiques qui ne veulent rien dire. Et ces mots sont choisis pour ne rien dire parce qu’ils déguisent des dessins qui feraient vomir même la mère à Macron.
Présidents, ministres, députés etc, sont, pour leur très grande majorité, des gens infects prêts à toutes les bassesses pour faire avancer leurs petites carrières de baltringues. Bref, sauf pour la curiosité que suscite ce genre de spécimens, jamais on inviterait un député à manger des spaghettis à la maison.
Toutes les institutions qui disent nous représenter, parler en notre nom, attirent des personnes qui pensent et agissent de la manière la plus éloignée qui soit du commun des mortels. Pour aller vite, il s’agit de crevures. Dans le fond, les carriéristes sans foi ni loi qui occupent ces lieux de pouvoir ne sont pas si éloignés des chasseurs de prime texans. Un peu plus éduqués certes, mais tout aussi répugnants. Il s’ensuit que les institutions ne disent pas grand-chose qui ressemble à ce que nous disons au quotidien. Elles parlent d’autre chose. Leur langage de leur monde.
Que faire?
Que faire face à ces institutions déphasées ? Pour les États-Unis, on ne voit guère d’autre solution qu’en appeler à l’ONU. Il faudrait créer une coalition qui envahirait le territoire yankee pour sauver les femmes étasuniennes, à l’instar de l’invasion de l’Afghanistan qui avait souvent été justifiée, vingt ans plus tôt, par le sort des femmes afghanes maltraitées par les institutions de leur pays.
Pour la France, son président et son parlement, il n’y a pas plus d’espoir à avoir dans les institutions internationales. Il s’agit donc de se renforcer la société (le monde associatif, la politique de la rue, etc.) contre ses institutions. Elles ne nous représentent pas, et plus grand monde souhaite être représenté. Elles n’ont donc plus de raison d’être.