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Quelque chose s’est passé en 2020

Quelque chose s’est passé en 2020

Nous sommes à la veille de grandes remises en cause, ne nous laissons pas enfermer dans la colère et le ressentiment, dans des idéologies à dix balles ou des coups de gueule sans lendemain. Il est temps de poser les choses sur la table dans un climat de concorde et d’apaisement.

Il est difficile de nier que la situation politique, économique, sociale n’est pas hors contrôle et qu’elle ne suscite pas sur tous les fronts de lourdes interrogations. Injustice, pauvreté, intolérance, violence. Pourtant, nous aurions tort de rester enfermés dans la colère et le ressentiment ! Quelque chose d’important s’est passé en 2020. Les prémisses d’un retournement qui s’est inscrit durablement dans l’inconscient collectif. Un déclic, une prise de conscience qui se répand à la vitesse de l’éclair, des couches sociales les plus privilégiées aux plus modestes. Si l’on est attentif aux contre-cultures, aux cultures populaires dans le monde du rap, du jeu vidéo, chez les moins de 25 ans, on entre-aperçoit de nouvelles dynamiques infiltrer l’ensemble de la société. Nous sommes à la veille de grandes remises en cause.

Il existe une multitude de raisons à ce bouleversement mais la Covid-19 y tient certainement un rôle majeur. Au-delà du taux morbidité qui n’a rien de catastrophique, au-delà du confinement qui a pu fragiliser certains d’entre nous, nous avons éprouvé notre finitude. Une confrontation avec la mort que la fuite en avant imposée par le néolibéralisme avait rendue presque obscène. Courir, s’agiter, travailler sans but, réagir sans distance, répondre aux sollicitations permanentes, sous l’emprise d’une surveillance incessante, nous devenons des individus sans racines, sans histoire. Nous en avions oublié ce que vivre veut dire et donc ce que mourir veut dire. La mort n’est-elle pas devenue une erreur de programmation que la science pourrait facilement réparer si nous poussions encore l’allure ?

Chimère ! Nous pouvons mourir en masse et notre civilisation disparaître ! Une hypothèse qui résonne comme un coup de semonce. Le choc est dur et souterrain, un travail de sape en profondeur qui ébranle des certitudes solidement ancrées et stoppe brutalement notre fuite en avant. Nous avons besoin de dépassionner notre rapport aux choses et retrouver des vérités essentielles. Reconnaître ce que les moins de vingt-cinq ans ont compris avant nous en refusant les plans de carrière dans des grands groupes sans âme et en réclamant plus de justice, plus du sens.  Pourquoi et pour qui je travaille ?  Pourquoi ces écarts de richesse ? S’il existe un « monde d’après », c’est là qu’il faut le chercher. Dans cette petite musique qui fait son chemin et remet de l’ordre dans nos priorités. Des gens que l’on croyait enfermés pour toujours dans un monde sans horizon commencent à relever la tête. C’est quoi ma vie ? Quel monde je vais laisser à mes enfants ? La prise de conscience est massive.

La porte est ouverte et il n’y a qu’à la pousser. Que se passe-t-il de l’autre côté ? Bien sûr on a peur, on peut tenter la diversion, la marche arrière, mais le « mal » est déjà fait. Si la tâche est colossale, c’est que nous ne nous y étions pas préparés. Nous n’avions aucun programme, aucune alternative crédible, trop occupés ces dernières décennies à gérer l’urgence, sans idées, sans recul. Comment faire aujourd’hui ? Il est temps de sortir de la colère, des idéologies à dix balles, des coups de gueule sans lendemain, des postures insignifiantes, de mettre sur la table toutes nos richesses, de questionner avec rigueur notre histoire, de relever les manches dans un esprit de « concorde » et d’apaisement. Tenter ensemble d’en faire quelque chose « d’acceptable » quels que soient sa couleur de peau, son genre ou sa classe sociale. La réussite sera collective ou ne sera pas. Le grand soir, la dictature populaire sont heureusement loin, très loin derrière nous. Nous avons besoin d’inventer sur le fil du rasoir une nouvelle démocratie construite sur l’attention portée à l’autre et la négociation. C’est apparemment hors de portée, mais nous n’avons pas d’autre choix que de réussir. « Bon courage à tou.tes.s ! »

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