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Valparaiso accueille sa première bibliothèque féministe itinérante

Valparaiso accueille sa première bibliothèque féministe itinérante

Le collectif féministe chilien Ruta Feminista a inauguré La Micra, une bibliothèque féministe itinérante, dans un ancien autobus. L’objectif : donner de la visibilité aux écrits des femmes, mais aussi de créer un espace politique accessible à toutes. 

Une semaine après la prise de fonction du nouveau président chilien, Gabriel Boric, le 11 mars dernier. L’espoir emplit les cœurs et les conversations de la jeunesse du pays. Pour autant, beaucoup n’ont pas attendu l’élection de ce jeune leader du mouvement étudiant pour prendre les rênes d’une société plus juste. À l’image de la Micra, une bibliothèque féministe itinérante dans le centre-ville.

Prise de parole du collectif Ruta Feminista, à l’occasion de l’inauguration de La Micra © Raiza Vera Ugas

Sur l’esplanade du Parque Cultural de Valparaiso, des chaises pliantes sont installées à bonne distance les unes des autres face à un autobus qui ne date pas d’hier, mais déjà fièrement estampillé “La Micra – biblioteca feminista itinerante”.

Ce vendredi 18 mars, le collectif Ruta Feminista inaugurait un projet sur roues mûri depuis plus d’un an. L’objectif ? Parcourir le territoire en rapprochant les discussions et les lectures des savoirs féministes au public. “Mais aussi fournir un espace pour l’imagination politique féministe, qui permet l’accès et la jouissance de l’espace public et ouvre les portes de la participation politique des femmes.” résume le collectif, devenu désormais association grâce au soutien de la commune voisine, Viña del Mar. 

La bibliothèque itinérante a été conçue en autogestion et avec la collaboration d’autres collectifs comme Pájarx entre púas, dédié la diffusion de l’art féministe aux côtés des femmes privées de liberté). La Red feminista del libro, traduisez “réseau littéraire féministe” a aussi apporté son aide.

Financement collectif pour projet autogéré

L’unique aide institutionnelle dont a bénéficié Ruta Feminista, c’est la possibilité de stationner le bus dans le Parque Cultural de Valparaiso. Cette ancienne prison est reconvertie depuis les années 2000 en un centre culturel. On y trouve des installations dédiées à la musique, à la danse et au théâtre. 

Pour pouvoir acheter ce micro (le terme désignant les bus de la ville) les membres de la Ruta Feminista ont misé sur une réforme permettant de retirer une part de son épargne retraite (qui appartient ici à des assureurs privés). La loi “retrait des 10%” votée en 2020, en pleine période de pandémie.

“À l’époque, nous comprenions la nécessité et, surtout, la justice de pouvoir disposer de l’argent qui nous appartient. Mais nous nous sommes aussi interrogés sur l’immédiateté et le caractère privé de la mesure. Elle est apparue en l’absence d’aides gouvernementales pour atténuer la crise économique que traversaient les familles, souligne Ruta Feminista.

« À partir de ce questionnement, nous avons proposé en tant que collectif de constituer un fonds commun, avec une partie du retrait de notre épargne. Le but est de subvertir le caractère individuel de cette solution donnée et de l’amener vers une stratégie collective, afin de pouvoir la re-signifier.”

L’intérieur de La Micra © Raiza Vera Ugas

Outre la circulation des savoirs féministes, la Micra accueillera plusieurs activités dans le parc culturel jusqu’en juin.

“Un spectacle de marionnettes axé sur l’interculturalité, un atelier de reliure. Nous clôturerons notre séjour dans le parc par le lancement de la réédition du livre La república masculina de la philosophe Alejandra Castillo. »

« En attendant, nous espérons reprendre nos ateliers de lecture. Ils nous ont permis d’apporter des réflexions indispensables au mouvement féministe d’aujourd’hui.”

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