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L’extradition de Julian Assange

L’extradition de Julian Assange

Le gouvernement britannique a confirmé, le 17 juin, avoir signé le décret d’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis. Un jour sombre pour la démocratie et la liberté de la presse. C’est un journaliste qui a porté à la connaissance du monde des crimes de guerre, des actions qui étaient illégales et que l’on condamne.

Circulez, y’a rien à voir, vous n’êtes pas en capacité, vos petits cerveaux mal programmés sont incapables de faire face à la haute technicité des questions économiques et politiques qui nous assaillent. Vaquez à vos occupations, on vous appellera pour voter. A part que le peuple désenchanté par la suffisance et l’impuissance des discours officiels, ne vote plus ou presque. Les décisions se prennent dans les antichambres. À l’abri des regards entre gens à « fort potentiel », en dehors des circuits démocratiques. Souvent dans des cabinets privés.

« La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple » se plait-on à répéter dans les écoles, les universités, dans les lieux officiels du savoir. A part que dans les faits nous sommes de l’autre côté du miroir. Le peuple n’a rien à dire dans les affaires du monde. L’entre-soi est total et complet. Le résultat est clair, net. C’est un échec démocratique dont l’un des exemples les plus affligeant récemment aura été la décision de la justice anglaise d’extrader Julien Assange à la demande des États-Unis pour assoiffer sans aucune base légale, leur soif de vengeance. L’extradition de Julian Assange est une tragédie pour la démocratie.

Julien Assange nous donnait des preuves tangibles de l’imposture des grandes démocraties

Julian Assange est réclamé par la justice américaine qui l’a inculpé en vertu des lois anti-espionnage. Il encourt 175 ans de prison pour avoir permis la publication de dizaines de milliers de documents confidentiels, notamment sur les opérations américaines en Afghanistan et en Irak. Un déni de démocratie que seul un petit état d’Amérique Latine, l’Équateur aura eu le courage de s’opposer.

Imaginez un homme qui a donné à la planète entière des informations que les dirigeants des nations déclarées les plus « démocratiques » ne voulaient pas voir diffusées. La preuve que des gouvernements hors-la-loi commettaient en toute impunité des crimes de guerre inavouables et que tout le monde pouvait consulter. Une vidéo démontrant le meurtre de civils par des soldats américains en Irak – Collateral Murder ; les milliers de cables diplomatiques montrant les coulisses de la diplomatie mondiale, les « warlogs » irakiens. Des courriers électroniques de « l’agence d’intelligence globale » Stratfor. Julien Assange nous donnait des preuves tangibles de l’imposture des grandes démocraties. La vraie nature des puissances publiques des pays censés être les défendeurs des droits de l’homme et de la liberté d’expression. 

Condamné pour espionnage alors qu’il a changé la face du monde

Que fait-on de cet homme ? On l’emprisonne alors qu’il est soutenu par quasi-totalité des citoyens du globe pour avoir dévoilé la vérité. Les États-Unis avec l’aide de l’Angleterre tentent de le faire condamner à la prison à vie pour espionnage alors qu’il a changé la face du monde en révélant les failles honteuses de nos démocraties. Comment justifier la volonté de détruire cet homme alors que ceux-là même qui aujourd’hui le condamnent sont à l’origine de l’entreprise de désinformation la plus meurtrière du XXIe siècle : l’invasion de l’Irak. Les deux raisons invoquées par le président des États-Unis pour justifier cette guerre, à savoir que le pays possédait des armes de destruction massives et que Saddam Hussein était lié aux attentats du 11 septembre, étaient des mensonges d’état.

Pourquoi ces crimes sont-ils restés impunis alors que l’on s’acharne contre un lanceur d’alerte qui tente de rétablir la vérité en révélant des crimes de guerre pour lesquels le Président des États-Unis aurait dû, dans une logique démocratique, être condamné ? Les Etats-Unis d’Amérique sont prêts à renier toutes les valeurs qu’il est censé défendre pour continuer d’exercer leur domination politique, économique et militaire.

Ouvrir le chemin d’un gouvernement du peuple par le peuple.

Aucune nation occidentale n’a eu le courage de défendre les principes élémentaires de la démocratie. Un constat qui résonne comme une inquiétante réalité et nous met en alerte. Nous ne pouvons plus accepter cet entre soi, cette domination par la suffisance et la peur. Les États-Unis sont en train d’exploser en révélant au grand jour les contradictions insurmontables de leur système, nous devons ouvrir une autre voie, désobéir et rouvrir le chemin d’un gouvernement du peuple par le peuple.

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