Journaliste, ancienne Boxeuse de Haut Niveau Avant je cassais des…
Comme à son habitude, le dôme de Paris a quasi fait salle comble lors de l’Ares Fighting Championship 8, vendredi 2 Septembre à Paris. Organisée la veille du premier UFC dans l’Hexagone, la ligue numéro 1 française a mis en jeu pour la toute première fois, une ceinture féminine en main event. La Française Alexandra Tekenah était donc opposée à la Norvégienne Ivana Siric. Les deux rivales, invaincues en carrière avaient à coeur de marquer les esprits et proposer un duel féminin au sommet.
La soirée MMA a répondu aux attentes du public venu en masse. Ce dernier s’est régalé avec de très belles prestations : la domination du prodige Baysangur Chamsoudinov sur l’Anglais Bobby Pallett, mais aussi la victoire par décision majoritaire du jaguar Alioune Nahaye sur un adversaire dur au mal David Crol, sans oublier la belle ceinture remportée par le Tunisien invaincu Slim Trabelsi ( en passe de signer à l’UFC ) chez les poids lourds.
Tekenah, un nom prédestiné au combat
C’est au tour des deux lionnes Flyweight d’entrer dans la cage pour le dernier et combat principal de l’évènement. Invaincues en carrière, toutes deux sont déterminées à faire le show : « J’aimerais montrer que deux femmes peuvent offrir du beau MMA, un MMA complet, un spectacle rempli de brutalité. » a déclaré Alexandra Tekenah. Un nom qui la prédestinait presque au combat… on se souvient du célèbre jeu vidéo Tekken auquel s’est initié la sociétaire du NR Fight depuis son enfance. Autrement dit, la pop culture qui l’a véritablement ouvert à l’univers du combat.

Une préparation optimale
Née en Angleterre d’un père Nigérian et d’une mère Algérienne, Alexandra a grandi entre le 15ème arrondissement de Paris et Issy les Moulineaux. Initiée au judo à l’âge de 7ans, son premier amour dès 12 ans a été le Sanda, la version sportive du Kung Fu traditionnel basée sur des techniques de pieds, de poings et de projections. Une initiation précieuse utile aujourd’hui dans la cage pour les transitions striking/sol notamment. « Avant le combat, pendant ma préparation, je me suis sentie en forme et sans blessure. J’avais 100% confiance en mon coach et en ce qu’il me fait faire. On s’adapte à l’adversaire. »
La foudre dans les poings
Une adversaire norvégienne reconnue pour ses qualités de strikeuse mais aussi pour sa nette progression en sol et en transitions, ce qui fait d’elle une redoutable opposante complète. Le striking est aussi la qualité première d’Alexandra. Une véritable foudre émane de ses poings, une foudre qui a fait sensation lors de son premier combat professionnel lors de l’Ares 3 en février dernier.
En effet, la Parisienne est venue à bout de la Française Iris Marmouset dès le premier round. Une belle performance qui a fait connaître la combattante au niveau national.
Depuis, elle enchaîne les combats jusqu’à celui de la première ceinture féminine de l’organisation numéro 1 française. « Pour moi, combattre est un privilège, c’est ma passion et j’ai l’occasion de le faire contrairement à d’autres combattants. Je peux enchaîner les combats. » Titulaire d’un Master STAPS Psychologie, Neurosciences du Mouvement, Exercice Performance et Santé, Alexandra ne se met pas spécialement de pression. Elle a choisi de ne pas se laisser influencer par les attentes des autres.

Dès le début du premier round, le combat s’officie en striking avec un léger avantage pour la Norvégienne, bien engagée, marquant ses points et tournant autour de l’octogone. « Mon adversaire avait un bon game plan, il y a eu une évolution avec son dernier combat. Avec son staff, ils ont bien identifié la manière dont elle devait bouger. Elle a bien encaissé, elle était en confiance. » a déclaré Alexandra. Effectivement, Ivana Siric a encaissé tous les coups distribués par la Française surtout au 3ème round où cette dernière a montré une belle détermination pour rattraper son retard de points.
Première défaite en carrière professionnelle
Malheureusement, la beauté du MMA réside notamment dans la notion d’inconnu et de suspense jusqu’à la dernière seconde. Le schéma d’un combat peut se renverser à tout moment sur un seul coup ou soumission. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé ce soir là. Pour freiner la marche avant efficace de son adversaire, Ivana a pris le risque de l’amener au sol pour ensuite terminer le combat sur une soumission en étranglement arrière.
« C’est le jeu. Que ce soit mon coach, ses coachs, elle ou moi. Elle cherchait à prendre le contrôle et est passée dans mon dos. Elle a gagné cette bataille du contrôle. Au début, j’avais du mal à lire son jeu et a trouvé la distance. Je commençais à me sentir à l’aise et faire preuve de créativité. C’est le jeu du MMA. »
Un mental solide
Une première défaite en carrière professionnelle pour l’ancienne membre de l’équipe de France de Wushu Sanda mais pas la première de sa carrière.
« Je suis dans un état d’esprit où je sais perdre. Il faut être en mesure de gérer la situation. Il y a le côté record, le côté pro mais chaque défaite permet d’avancer et de faire des ajustements. J’ai déjà perdu en Sanda et en Kickboxing. Il faut l’accepter et continuer. Cette défaite m’a nourri car elle m’a conforté dans mon choix de me dédier corps et âme à ce sport. Mon amour pour le MMA a été renforcé. Il y a des choses que je ne laisserais pas passer dans et en dehors de la cage. »

Lors de ses premiers combats, Alexandra a confié avoir fait des « dingueries » dûes au stress grâce auxquelles elle a pu ensuite tout calibrer de meilleure manière. Cette défaite a allumé un feu de l’intérieur. Son retour dans l’octogone est déjà prévu pour le début de l’année 2023 sur la 1ère carte de l’Ares. L’ancienne sociétaire de la Snake Team est déjà retourné à l’entraînement souhaitant faire la différence lors de ses prochains duels. Dotée d’un mental solide, celle qui se bat déjà au quotidien contre son diabète et son asthme n’a pas dit son dernier mot.
Un caractère affirmé doté d’une sérénité à toute épreuve
Beaucoup voient en elle un des meilleurs potentiels féminins de l’Hexagone. Mais pas question pour elle de se laisser distraire par les dires d’autrui : « Certes, je suis considérée par des personnes extérieures mais même si je suis l’objet, cela ne me concerne pas. Ce n’est pas quelque chose qui doit m’affecter, je suis là pour faire mon bout de chemin et je laisse les autres spéculer à leur guise.» Un caractère affirmé doté d’une sérénité à toute épreuve, Tekenah a conscience que la route est longue. Nous le savons, le plus kiffant n’est pas le but fixé à proprement dit mais bel et bien le chemin emprunté pour l’atteindre… Good Luck Alexandra !
Journaliste, ancienne Boxeuse de Haut Niveau Avant je cassais des gueules maintenant je casse des codes...