Pseudo de Jérémy Rubenstein, historien, chroniqueur et écrivain (pas forcément…
L’union des partis de gauche s’est donc réalisée. Celle-ci constitue un véritable cauchemar pour la Macronie. Une sorte de fatal error system qui la mettra, peut-être, hors service en juin.
Contre toute attente, la presque totalité des partis de gauche (à l’exception notable de tous les trotskistes) ont finalement réalisé l’union non faite pour les élections présidentielles. La gauche se présente donc comme un pôle potentiellement majoritaire aux législatives. La nature profonde -programmatique- de cette union reste assez vague. Mais elle a au moins l’avantage de clarifier les positions de ses ennemis, qui constituent un grand arc de la droite du PS jusqu’à l’extrême-droite. Le grotesque des déclarations provenant de cet arc aura fait rire le pays toute la semaine.
Les « convictions » trahies du PS
Le plus drôle reste tout de même l’indignation sur le thème : « ils abandonnent leurs convictions ». Cette mascarade a été merveilleusement bien interprétée par l’éditorialiste ultra-droitarde Élisabeth Levy. Dont les convictions se seraient situées dans le lobe droit du cerveau de Mussolini si celui-ci eut été conservé dans du pinard. À défaut, elle est facho pas fâchée avec la gnôle.
🗣 Elisabeth Lévy sur @CNEWS : « J’en veux beaucoup aux électeurs de gauche. Les questions de principes ils s’en foutent. Ce qu'ils veulent, c'est l'union pour gagner. »
— Élections 2022 (@2022Elections) May 2, 2022
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C’est ainsi qu’on a appris cette semaine que le PS avait des « convictions ». Personne n’était au courant. Pour situer, la dernière fois qu’on avait entendu parler d’une ligne à peu près claire de ce parti c’était quand François Hollande avait décrété que la finance était l’ennemi (janvier 2012). La « conviction » du PS s’était ainsi traduite par une non-séparation des banques d’affaires des banques de dépôt (une idée pour éviter que les banquiers jouent à la roulette –russe- avec l’argent de tout le monde). Par la soumission à l’austérité allemande. Par le CICE, le alors plus énorme cadeau fiscal aux entreprises sans la moindre contrepartie. Et puisqu’il fallait tout même faire quelque chose pour la finance, Hollande a cassé le code du travail (il protégeait trop les travailleurs contre… la finance). Voilà pour les « convictions » trahies.
Taha Bouhafs, l’arbre qui cache la forêt (de bois blanc)
L’obsession droitière et extrême-droitière sur Taha Bouhafs a empêché de vrais débats sur la place de l’antiracisme politique à l’intérieur de la nouvelle union de gauche. Il faut dire, cette campagne contre le jeune journaliste a été d’une rare violence. Même le fils putatif de Hollande, le président Macron, réélu avec le vote antiraciste quelques jours auparavant s’y est mis. Il a ainsi fuité son opinion sur le journaliste à l’origine du premier scandale d’État de la Macronie (affaire Benalla).

Canard Enchaîné du 4 mai 2022, p.2
Cette focalisation à l’extrême sur la figure de Taha Bouhafs cache une liste électorale de l’Union Pop très monochrome. Certes, le symbole Taha est important, mais il serait dommage que l’Union Pop se contente de symboles sur l’antiracisme. Le précédent du PS avec son SOS Racisme qui a détruit une génération d’antiracisme politique est encore bien trop vivace pour être dupes. Et il faut bien avouer qu’en regardant la photo de la nouvelle famille de gauche, on y voit surtout des « white, des blancos ». Ce qui est problématique lorsqu’on ambitionne de représenter, entre autres, les quartiers populaires

Les bâtards de la Hollandie font d’excellents macronistes
À propos de « blancos », on a appris cette semaine que le second fils (putatif ou bâtard?) de Hollande, Manuel Valls, serait candidat pour le parti présidentiel. Valls va donc faire campagne dans une circonscription des Français de l’étranger incluant Barcelone où il a déjà été jeté.
Mais, aux dernières nouvelles, il aurait du mal à commencer cette campagne électorale, ne parvenant pas à décoller sa langue de l’anus du président. S’il y parvient, en Espagne, il pourra compter sur ses amis de l’ultra-droite, Vox.
Une gauche majoritaire à l’Assemblée: le cauchemar de McKinsey
Quoiqu’il en soit, contre tous les pronostics, la campagne des législatives s’annonce passionnante. Elle est porteuse de véritables enjeux français, européens et mondiaux. En effet, si la coalition de gauche venait à gouverner, elle aurait à prouver que la France, puissance de second ordre, est en mesure d’infléchir la trajectoire du désastre dans laquelle le monde est embarqué à grande vitesse par les profiteurs des catastrophes. Si elle perd ce pari, il ne restera rien à sauver.
A défaut d’une gauche prouvant au reste du monde la possibilité d’enrayer le fascisme et de mitiger les effets du désastre climatique, cette planète ne sera vivable que pour quelques uns. Les autres, il ne nous restera qu’à mater des films d’horreur bien gore, afin de se faire une idée de ce qui nous attend.