Remarquée pour ses tops à l’effigie de John Cena et ses corsets rose bonbon, Léa Waldberg a tapé dans le mille des nostalgiques du Y2K*. Dont un mouvement ressort plus que les autres : le barbiecore, comprenez l’ode à la bimbo. On a échangé quelques notes vocales avec la créatrice.
J’aimerais tout d’abord revenir sur tes études de stylisme à Londres, de quelle manière ça a influencé ton travail aujourd’hui ?
J’ai tellement aimé mes études là-bas (au London College of Fashion, ndlr). Rien qu’en regardant la manière dont les gens sont habillés, il y a une vraie liberté d’expression. On voit des personnes âgées avec des piercings, des tatouages, c’est juste génial. Marcher dans les rues c’est déjà hyper inspirant.
Dans mon école on est entourés de gens hyper créatifs et bienveillants. Les profs nous poussent vraiment toujours à aller au bout de nos idées. Pour te donner un exemple, pour la dernière année j’avais envie de faire un parallèle avec la pornographie. Pour m’exercer, les profs m’invitaient à aller dans des sex-shops, d’aller voir des films qu’ils me recommandaient. J’ai trouvé ça fou que des professeurs puissent me pousser à aller plus loin dans des sujets qui peuvent être tabous, eux ça n’était pas le cas. Au contraire, ils me disaient d’aller à fond dans mon truc.
Je vois une grosse différence avec la France où j’ai fait une prépa d’arts appliqués avant ça. J’avais l’impression d’être jugée en permanence sur mes projets, et l’impression qu’on nous formatait tous. Par exemple, si on faisait du dessin, le même format de papier, la même technique. Alors qu’à Londres on nous poussait à faire différemment. On nous disait : “n’allez pas seulement regarder les défilés chaque saison”, “n’allez pas que sur Pinterest”… Il faut aller plus loin que ça : visiter des musées, lire des livres… c’était plus que ça.

Et du coup, qu’est-ce qui t’inspire en ce moment ?
Ces derniers temps je suis vraiment dans un moment très nostalgique. Je me rappelle de tout ce qui m’a passionnée étant enfant, et qui étaient comme des obsessions. C’est pour ça que tout ce qui sort c’est tout ce qui se passait à la télé à cette époque : les dessins animés, les Totally Spies, j’étais vraiment fan de tout. Et j’étais aussi fan du catch, je regardais ça tous les soirs avec mon frère. C’est beaucoup ce qui ressort en ce moment, de me replonger dans tout ce qui m’a fait vibrer étant plus jeune. Et pour tout ce qui est forme des vêtements, c’est vrai que moi aussi j’étais une grande fan étant petite des clips des années 2000. Du coup Britney Spears, Christina Aguilera, j’ai une grosse inspi’ qui vient de là.
Quand j’étais petite, je savais que je voulais être styliste et je m’étais toujours dit que je voulais faire les costumes pour les chanteurs/chanteuses et je trouve que ça se retraduit un peu dans mon travail, les tenues de scène, les tenues pour sortir. Quand j’étais à l’école, j’ai appris que c’était du “clubwear”.

C’est aussi l’époque des it girls, comment tu te situes par rapport à la trend barbiecore qu’on voit beaucoup en ce moment ?
Ca me parle de ouf oui, ce qui représente cette tendance, c’est vraiment la couleur rose. C’est ma couleur préférée depuis toujours, depuis que je suis petite. Je me souviens que quand j’allais au restau je commandais des plats roses, j’ai vraiment une attirance pour cette couleur. Je pense aussi au fait que j’ai eu Paris Hilton comme îcone de la mode (rires) et qu’elle rend très bien aussi dans cette vibe très Barbie. En repensant à toutes les séries qu’on regardait quand on était plus jeunes, j’avais toujours une attirance pour les bimbos, les barbies, même si c’était des personnages méchants (rires). Je ne me suis jamais prise d’attachement pour les personnages un peu “naturels” que plus de gens pourraient aimer, moi j’ai toujours aimé celle qui était sursapée, en rose avec des talons et un brushing de dingue; Je pense que cette attirance se répand sur mes tenues.
Les bimbos étaient toujours représentées comme des meufs hyper fortes avec des gros caractères, une confiance en elles. Je pense qu’étant plus jeune j’en manquais, et je ne me retrouvais pas dans ces meufs-là. Je pense que je les idolatrais et j’espérais devenir comme ça un jour. J’ai été attirée par les personnages un peu badass, parfois méchants parce que c’est tellement à l’opposé de ce que j’ai l’impression d’être – et surtout quand j’étais plus jeune – que je pense que c’était mon goal à atteindre d’avoir cette confiance en soi au-delà juste du physique.

Tu suis la fashion week ?
Je la suis sans vraiment la suivre. Je ne regarde pas tant les défilés mais plutôt les gens qui vont aux défilés, comment ils s’habillent. C’est un moment où les gens donnent toute leur créativité et s’habillent comme des ouf, c’est vraiment ce qui m’intéresse le plus. Je ne regarde pas en me disant que c’est une source d’inspiration mais plutôt en me disant que je regarde un spectacle. Par exemple, je regardais le défilé Gucci (qui a fait défiler des jumeaux et jumelles pour présenter sa collection Printemps-été 2023, ndlr), je pleurais devant, je trouvais ça trop beau ce qu’ils avaient fait. Et j’essaie de ne pas tirer mon inspiration de ça.
As-tu des créateur•ices indépendant•e•s à recommander ?
J’adore OG BFF, très années 2000, ils font des T-shirts et des jupes avec des slogans pas possible. Ils font pas mal de collaborations avec des petits créateurs aussi. Une marque que je suis aussi depuis un moment s’appelle didu, une jeune créatrice dont les collections sont toujours incroyables. Et Yung Reaper : tout est brillant, il y a des strass partout.
Retrouvez le compte Instagram de Léa Waldberg et sa ligne de vêtements upcyclés, Léa Wald.
*acronyme qui désigne les années 2000.