La Furieuse, artiste engagée, écrit, compose et détourne des expressions et des slogans pour en faire des pochoirs à résonnance politique, engagée et révoltée. Véritablement furieuse du monde qui l’entoure, elle joue avec l’humour et la politique, les supports et les couleurs pour faire de sa passion pour les pochoirs un véritable engagement sociétal.
« J’ai du mal à me définir comme artiste. Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je dis que je fais des pochoirs. » Originaire de Toulouse, depuis 2016, La Furieuse vit de ses créations. Déjà petite, les murs de sa chambre étaient couverts de pochoirs. « C’est le métier que je voulais faire quand j’avais 14 ans. En grandissant, j’ai pas mal évolué dans des groupes de rock et de punk, je suivais Les Béruriers Noirs. J’avais toujours ce côté révolté. » Né d’un collectif de 3 personnes, La Furieuse Company ne fait plus qu’un.
L’artiste résume à elle seule l’état d’esprit d’une partie de la population. Furieuse de l’actualité, du statut de la femme, de la politique, son surnom lui colle à la peau. « J’avais besoin de quelque chose, d’une échappatoire pour évacuer mon stress et ma colère. Les pochoirs m’ont permis d’écrire ce que je pensais et que ce soit vu par un grand nombre de personne. »


Des slogans pour éveiller les consciences
« J’ai commencé par faire des slogans politiques, souvent inspirés de mai 1968. Des slogans à la fois ironiques, efficaces, subversives, et virulent. Ses créations invitent le public à remettre en question toutes postures dogmatiques. « L’objectif c’est de faire réagir le public et de le faire réfléchir sur le sens de mes phrases. Ça m’amuse parce que parfois, le public interagit avec moi et écrit sous mes pochoirs son avis. Et là, il y a un dialogue qui se met en place ».



Comme une anonyme du jour et de la nuit, La Furieuse trouve son inspiration dans le monde qui l’entoure, dans les manifestations, les livres, les discussions… « En fait, ce ne sont pas tout le temps des slogans que j’invente. » Inspirés des tendances actuelles, à mi-chemin entre le jeu du langage et la poésie, ces slogans sont à la fois durables, et ancré dans leur temps. « J’essaye de faire écho à l’actualité, c’est pour moi une façon plus rapide d’attirer l’attention du public. Parfois, je ressors des anciens pochoirs qui sont en rapport avec les informations qu’on entend. Parfois je reprends des phases clés comme celle de George Floyd, We can’t breathe ».

Allier support et message
Quelques bombes de différentes couleurs à la main, et plus de 600 pochoirs à son compte, La Furieuse se réjouit d’une signature qui lui est propre. Des pochoirs aux slogans détonants avec toujours la même typographie, toujours cadrés à gauche et toujours en rapport avec le support. Et pour allier support et message, La Furieuse déniche dans les friperies des vêtements, des assiettes, des plateaux, des tableaux… « J’essaye toujours de relier le support sur lequel je fais mes pochoirs au sens de la phrase. »

Ainsi, l’artiste fait fleurir ses slogans en les associant à des objets sélectionnés pour « faire sens ». Elle se joue des stéréotypes : pour le slogan « Délivrez-nous du mâle », une assiette lui sert de support. « Pour les phrases féministes par exemple, je choisis très souvent des objets de la cuisine. »
Si les mots peuvent éveiller des maux, le terrain des pochoirs et slogans sur lequel joue La Furieuse vise la « rectitude » politique. Et si les mots informent et désinforment, l’art politique s’inscrit dans la culture pour offrir une voix au public. Ainsi, c’est par « Murs blancs, peuple muet. » que conclut La Furieuse.


Lisez le dernier portrait de la série Traits pour Traits, une production 100% sur mesure. À chaque portrait un artiste, à chaque artiste son histoire et son engagement.