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Hip-Hop Cinéma : Episode #9 – Le film guérilla.

Hip-Hop Cinéma : Episode #9 – Le film guérilla.

D’après ma cosmogonie du cinéma hip hop, le système D (débrouillardisme) est au centre de la culture hip hop. Le système D est au centre du film guérilla. Le film guérilla est donc un pan du cinéma hip hop. Syllogisme !

Les prémices

Le berceau du cinéma guérilla serait l’Asie. Tout démarra, en 1952, avec Genbaku no ko (Les enfants d’Hiroshima) du réalisateur japonais Kaneto Shindō. Dans ce film, six ans après les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki d’août 1945, Kaneto raconte l’histoire de Takako, une jeune institutrice qui revient dans les décombres d’Hiroshima, sa ville natale, pour retrouver des survivants comme elle.

Puis, en 1955, le réalisateur indien Satyajit Ray commence sa trilogie d’Apu avec Pather Panchali (la Complainte du sentier) qui sera suivi Aparajito (L’Invaincu) et Apur Sansar (Le Monde d’Apu). Pather Panchali est un des films pionniers du Cinéma Parallèle. Un mouvement cinématographique du cinéma indien comme alternative au cinéma commercial indien grand public.

Les enfants d’Hiroshima de Kaneto Shindō

Pather Panchali (la Complainte du sentier) a reçu le prix du meilleur documentaire humain au Festival de Cannes 1956.

La production

Le film guérilla désigne des films produits sans ou avec très peu d’argent. L’équipe est souvent restreinte à son minimum et les moyens techniques sont légers. Les tournages, en général, se font vite, en moins de temps qu’un film dit produit. C’est une industrie du système D.

Les trois films de la trilogie d’Apu ont tous été produits avec des budgets très bas, avec des économies de leur réalisateur Satyajit Ray et tournés avec des acteurs amateurs de la localité.

la Complainte du sentier de Satyajit Ray

La volonté de casser avec les cadres, les codes

Le cinéma guérilla, dès les années 50, est né du désir de casser le codes, les cadres.

Des années plus tard dans les années 2010, dans le cinéma français, par exemple, deux films guérilla sont dans cette mouvance : Rengaine de Rachid Djaïdani et Donoma de Djinn Carrenard.

Rengaine est né du désir d’abolir les clichés communautaires, d’en finir avec la rengaine d’une société ankylosée et divisée.

« Dès l’instant où j’ai eu envie de faire un film, je n’ai jamais rien lâché. Car je suis en réaction par rapport aux clichés et aux a priori dans lesquels on voudrait m’enfermer : il faut dire que je n’avais pas toutes les cartes en main à la naissance ».

Rachid Djaïdani

Donoma est né du rêve de liberté de son réalisateur accro aux succès stories.

« Parce que je m’étais promis mon premier long métrage pour mes 30 ans, parce que je voulais tourner librement sans être obligé de faire un bon film, parce que je suis accro aux succès story genre « a dollar and a dream » des mecs qui transforment leurs rêves en réalité sans un rond… »

Djinn Carrenard

Le point commun de ces deux films, l’Amour.
Un sujet où notre société avec ses préjugées ne les attendait surement pas.

Making of de Rengaine de Rachid Djaïdani

Rengaine

Rengaine de Rachid Djaidani a été tourné sur 9 ans et est sorti en novembre 2012 sur les écrans français. Il a été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs au festival de Cannes 2012.

Rengaine est l’histoire d’amour très contrariée entre Dorcy, jeune Noir chrétien, et Sabrina, jeune Maghrébine. Leur projet de mariage se heurte au veto des quarante frères de Sabrina.

Un film écrit au fur et à mesure de sa réalisation avec l’aide de l’entourage, d’amis.

« Ce que je retiens de cette belle aventure, c’est l’aide que mes amis m’ont apportée : ils sont tous dans mon film. (…) Grâce à Rengaine, j’ai vu qui étaient les vrais amoureux de l’art, prêts à s’engager dans un acte gratuit, et qui avaient envie d’exister et de grandir avec moi. »

Rachid Djaïdani

Donoma

Donoma de Djinn Carrénard a été tourné en 2009 et est sorti en salle en novembre 2011. Il a reçu le Prix Louis-Delluc du meilleur premier film français de l’année en décembre 2011. Il fait également l’ouverture de l’ACID au festival de Cannes 2010.

Donoma est un film chorale de trois histoires d’amour. La relation trouble d’un professeur et son élève, la tentation sacrificielle d’une jeune fille pour sa soeur, la relation silence de la jeune photographe avec un inconnu.

Making of de Donoma de Djinn Carrenard

La particularité de Donoma est que son budget aurait été de 150 euros.

« Pour faire le film sans fric, j’ai mis sur pieds une stratégie qui pouvait se résumer ainsi: quand on a besoin de quelque chose pour le tournage, on se le fait prêter, sinon on s’en passe, simple. Du troc, donc, des partenariats, des prêts, pour que le film continue son chemin, pour que l’histoire continue de se raconter. »

Djinn Carrénard

Le film guérilla, un cinéma de vie

Loin des écoles institutionnelles et des chemins balisés, le cinéma guérilla promeut l’école de la vie, la culture autodidactique et la liberté irrévérencieuse. Autant de coups de pied dans la fourmilière qui font plaisir.

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