2mn04 c’est le temps qu’il a fallu à Jones pour s’emparer de la ceinture des poids lourds, samedi soir. Jon « Bones » Jones a signé un retour fracassant dans la cage de la T-mobile Arena de Las Vegas. Le propulsant davantage au rang de légende. Jon Jones, indétrônable a donc éteint tout espoir français. Cette performance a ainsi mis en lumière les limites de notre Cyril Gane national.
Les fans de la première heure de Bones le savaient… celui qui prépare depuis 3 ans son grand retour à l’UFC dans la catégorie reine des poids lourds n’a rien laissé au hasard. En effet, en véritable chef de guerre, il a étudié le Bon Gamin sous absolument tous les angles : sa vie, son parcours, ses combats, son camp d’entraînement… À ce niveau là, tout est information et Jones avait tout à perdre sur ce combat : son invincibilité, sa réputation, son héritage et son honneur. L’Américain a su s’entourer des meilleurs de chaque discipline qui constitue les arts martiaux mixtes ( Striking, lutte, jjb, préparation physique, préparation mentale ). En tant que technicien du sport, Jones a conscience de son statut professionnel et qu’il s’agit donc de son métier à part entière.
LA NONCHALANCE DE CYRIL POINTÉE DU DOIGT
Un autre discours du côté français qui a révélé les inquiétudes de certains avant l’échéance. Et oui, Cyril parlait de ça comme d’un sport, comme d’une compétition athlétique. L’annonce du combat face à la légende de l’UFC a été faite le 15 Janvier dernier laissant seulement six semaines de préparation au sociétaire du MMA Factory : « Quand on a su que c’était pour le 4 Mars, on s’est dit qu’on n’avait pas le choix. Je n’étais pas au courant de la volonté de Dana White sinon je me serais préparé bien avant. J’ai un réel détachement. Il y a pleins de choses importantes dans ma vie. Bien sûr il y a le MMA mais il y a aussi pleins d’autres choses. » En d’autres termes, Gane vient à la salle d’entraînement seulement pour préparer ses combats et se qualifie lui-même de paresseux.
JONES, UNE PRÉPARATION DE COMBAT CHIRURGICALE
Une erreur en soi face à tous types d’adversaires mais encore plus face à un opposant du calibre de Jon Jones. Ce dernier a, lui, snipé son adversaire bien avant l’annonce du combat et ce, jusqu’au soir du duel. Il a ainsi visionné des vidéos du Français où on le voit jouer à FIFA mais aussi danser sur du Aya Nakamura. Ou encore où on l’entend dire que sa vie ne se résume pas qu’au MMA.
Jones rentrait, alors, dans la cage mais aussi dans la tête de son adversaire avec une réelle intention de faire mal et de montrer que cette discipline n’est pas un jeu. « J’ai le sentiment que je combats pour une raison différente. Mes motivations sont énormes. Je ne sais pas si son énergie est à la même intensité que la mienne quant au sérieux avec lequel je prends ce combat et ce game en général. »
Samedi dernier, devant une Arena pleine à craquer, l’outsider Gane s’est élancé vers le lieu du crime sur le son du rappeur Kaaris « Zoo » aux antipodes d’Aya Nakamura. Jones, quand à lui, a opté pour deux musiques qui ont marqué les esprits et annoncé la couleur. « God gave me style » de Fifty Cent qui rappelle sa croyance qu’il a reçu un don du ciel : « Je crois que je suis né pour être l’un des soldats de Dieu dans la cage des arts martiaux. » Puis, les premières notes du son de Jadakiss ont retenti « The Champ is Here ». Histoire de rappeler qui est le virtuose du MMA.
Juste avant d’atteindre, l’octogone, Jonathan embrasse ses deux frères Arthur et Chandler Jones, tous deux d’anciens membres talentueux d’équipes de la NFL. Ainsi que son père, Arthur Jones Jr, ancien pasteur de New York. Sans oublier, sa compagne Jesse Moses, la mère de ses trois filles.
BONES, AFFAMÉ
Puis, un début un peu compliqué pour l’Américain. S’étant cassé le doigt de pied quand il avait affronté Chael Sonnen il y a des années il a désormais pour habitude de le bander. Pour s’assurer qu’il ne ressorte pas encore et ne lui envoie une douleur intense dans tout le corps. Il ne veut plus combattre sans son doigt de pied bandé. Stoppé dans un premier temps au « checkpoint », les officiels ont ensuite coupé le reste de son bandage. Mais ils ont laissé le doigt de pied bandé. « Laissons tomber, peu importe. Rien ne m’arrêtera. Je veux être ici. Je veux manger. » Voilà ce que s’est répété une nouvelle fois Jones face à ce couac.
Dès son entrée dans la cage, son aura et son charisme l’ont rendu encore plus impressionnant. Avec de plus belle, cette sensation que l’octogone était trop petit pour lui.
« On arrive au combat. Je me fais kicker dans les burnes, je ne sais pas si je peux dire ça. Ça ne m’a en réalité pas fait trop mal mais je ne voulais pas que ce coup passe sous le radar. Donc je me suis arrêté et je l’ai pris en compte. Le combat a continué et j’ai eu le finish très tôt. » Signe du combattant vicieux et tactique qu’est Jones. Le moindre détail peut déstabiliser davantage l’adversaire…
3ÈME SOUMISSION LA PLUS RAPIDE CHEZ LES LOURDS
Encore une fois, en véritable stratège, le fait d’avoir étudié absolument toutes les faiblesses du Français a permis à l’Américain de réaliser la 3ème soumission ( par guillotine ) la plus rapide pour un titre poids lourds à l’UFC. 2mn04 c’est le temps qu’à passé dans la cage le guerrier sanguinaire pour obtenir une nouvelle ceinture dans une seconde catégorie de poids.
« Ça fait du bien. On était vraiment bien entraîné. Je suis un projet de mon équipe. Et une chose qu’on fait, c’est qu’on prend l’analyse très au sérieux. Je ne suis pas sûr que Cyril m’ait touché avec un coup propre. Mais on était prêts défensivement pour chacune de ses frappes. C’était tellement incroyable. » a déclaré Jon au micro d’ESPN juste après sa victoire sans avoir encore revu le combat.
Beaucoup de gens disaient que Cyril Gane était l’adversaire le plus difficile pour Bones pour faire ses débuts en poids lourds, plus difficile que Ngannou ou Miocic. « Je ne le voyais pas comme ça. Je savais que Cyril serait le combattant le plus incomplet de tous les combattants. Je pense qu’il est le plus rapide quand on parle de son striking, de son jeu de jambes. Mais c’était surprenant, il n’a pas utilisé son jeu de jambes. Il est resté en face de moi. »
UN REVERS RÉVÉLATEUR DES LIMITES DE GANE
Et si cette défaite était l’occasion pour l’élève de Fernand Lopez de se remettre en question malgré son fabuleux parcours jusqu’ici ? Une prestation qui révèle le manque d’acquis des bases en lutte par exemple. Jones est un lutteur depuis l’âge de 12 ans. Cyril est à des années lumière de son niveau tant il faut justement des années pour acquérir solidement les bases de cette discipline… Ce n’est pas faute d’avoir reçu l’invitation de l’immense lutteur Khabib Nurmagomedov de venir s’entraîner au Daghestan après son revers face à Francis Ngannou en Janvier 2022. En réalité, Bon Gamin n’a pas de coach entièrement dédié à la lutte et au sol mais seulement deux partenaires d’entraînement de haut niveau.
Il y a des défaites inévitables qui permettent de devenir meilleur. Un mal pour un bien comme on dit. On se souvient de la défaite surprise de GSP face à Matt Serra en 2007. Comptant seulement 2 défaites en carrière ( la seconde contre Matt Hughes ), le Canadien a ensuite remis les pendules à l’heure. Il battra plus tard les deux hommes faisant de lui l’un des plus grands champions des arts martiaux mixtes. C’est tout ce qu’on souhaite à Cyril mais il va falloir charbonner si ce dernier décide de continuer sa carrière en MMA. En conférence de presse post combat, le Français a déclaré » être déçu et en colère envers lui-même. »
Indéniablement, Jon « Bones » Jones est devenu le week-end dernier, le Greatest Of All Time littéralement le Meilleur de tous les temps. Certains ne croyaient pas à son retour : trop lourd, trop lent, trop torturé… Le plus jeune champion du monde de l’histoire de l’UFC était sûr de lui et est toujours persuadé que celui qui le battra n’est pas né. Une force mentale incroyable, une science des arts martiaux, un coeur tourmenté et un parcours de vie éprouvant font de Jon Jones le numéro 1 Pound for Pound passant ainsi à ce jour devant Alexander Volkanovski.
