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Attaque contre la presse : soutien à Nantes Révoltée

Attaque contre la presse : soutien à Nantes Révoltée

Interpellé par plusieurs élus locaux, Gérard Darmanin a demandé hier la dissolution du média Nantes Révoltée, expert des luttes sociales.

La semaine dernière, une commission d’enquête du Sénat a obligeamment reçu les milliardaires qui se répartissent la plupart des médias français : Vincent Bolloré et Bernard Arnault. Les sénateurs, visiblement pas si inquiets que ça sur l’hallucinante concentration des médias que nous connaissons, ont laissé nos chers (très chers) oligarques déployé leurs arguments, comme “nous sommes tout petits en comparaison des mastodontes américains”…

Les milliardaires…

Ils ont à peine sursauté aux mensonges éhontés de monsieur Bolloré, affirmant tranquillement que CNews est une chaîne d’information, alors qu’il s’agit d’un média d’opinion (et c’est clairement revendiqué par ses publicités). Un média d’opinion raciste et conspirationniste, capable d’inviter le théoricien du “grand remplacement” Renaud Camus, dont les “opinions” mènent tout droit à l’appel à mener un génocide. Ni plus ni moins.

Cette semaine, en revanche, le média indépendant d’information critique (et une information qui n’est pas critique, c’est de la communication), Nantes Révoltée, se voit menacé de dissolution par le ministre de l’Intérieur à cause d’une vitrine cassée lors d’une manifestation antifasciste. La page avait en effet relayé une information annonçant l’événement. Faisant mine de confondre organisation politique et média, Darmanin saisit l’opportunité.

…et le petit Poucet

Avec un rôle majeur sur :

  • l’information autour de la ZAD de Notre Dame des Landes,
  • la mort de Steve Caniço, tué au au cours d’une intervention de police,
  • la lutte des Gilets Jaunes,
  • les enjeux environnementaux,
  • un travail de documentation de chaque exaction institutionnelle,

Nantes Révoltée est un caillou dans la chaussure du préfet de Loire-Atlantique. Il avait déjà tenter de l’attaquer en justice l’an dernier.

Cette fois, c’est la présidente de la région, Christelle Morançais, qui réclame la tête du groupe au ministère de l’Intérieur. Cette proche de Sarkozy et Fillon, c’est dire si elle est experte en délinquance, est également porte-parole de Valérie Pécresse. Elle accuse Nantes Révoltée d’avoir fait de la ville « la capitale des violences d’ultra gauche ».

Dans un bel élan républicain, la maire socialiste et des élus de tout bord collaborent pour charger le site. Plaçant ainsi au même niveau fascisme et antifascisme, dégradation de matériel et violence physique, militantisme et journalisme.

Criminalisation de l’antiracisme

Nous en parlions récemment avec des attaques contre la liberté de recherche dans l’enseignement supérieur, qui visent les universitaires travaillant sur la théorie critique de la race, ou encore, les menaces contre la maison de l’Ecologie à Bagnolet et Fatima Ouassak : s’attaquer aux porteurs de luttes sociales et humanistes en les accusant des désordres qu’ils dénoncent, le renversement des responsabilités est tellement énorme qu’on se demande s’il pourrait exister en dehors de la crise sanitaire qui permet de mettre en sourdine dans la tête du grand public toute revendication sociale.

En terme de discrimination et cécité généralisée, on se rappelle la dissolution du CCIF et de Baraka City. Largement cautionnée par une presse indifférente. Qu’en sera-t-il aujourd’hui, lorsque c’est un média qui est attaqué par l’extrême-droite au pouvoir ? Qui choisira demain quel organe de presse sera autorisé à publier ?

Pour la liberté d’informer, pour une presse indépendante et critique. La rédaction de HIYA! soutient Nantes Révoltée et invite à signer la pétition lancée ici.

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